Poursuivis pour “association de malfaiteurs, assassinat, vol commis en bande et à main armée, détention illégale d’armes à feu” : Mangho Tounkara, Aboubacarine A. Touré, Dramane Toloba, Aladji Bah condamnés à la peine de mort et au paiement de 80 millions Fcfa

    0

    Un non-lieu partiel prononcé pour Bara Touré

    La première session de la Cour d’assises de la Cour d’Appel a tranché dans l’affaire du ministère public contre Mangho Tounkara dit Vieux, Aboubacarine Alarba Touré, Dramane Toloba, Aladji Bah et Bara Touré, tous inculpés pour “Association de malfaiteurs, assassinat, vol commis en bande et à main armée et détention illégale d’armes à feu”. A l’issue des débats, les mis en cause ont été retenus dans les liens de l’accusation. La sentence de la Cour est sans appel car ils ont été condamnés à la peine capitale et au paiement de 80 millions de nos francs.

    Selon l’acte, le Juge d’Instruction du 3ème Cabinet au Tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako a délivré une ordonnance définitive de non-lieu partiel et transmis des pièces au Procureur général près la Cour d’appel de Bamako rendue le 08 Juillet 2019 pour l’inculpé Bara Touré car aucune information n’a été fournie sur ce dernier, de l’enquête préliminaire jusqu’au Cabinet du juge instructeur. Ainsi, la Chambre d’accusation a ordonné le renvoi des autres inculpés devant la Cour d’Assises pour y être jugés conformément à la loi.

    De l’arrêt de renvoi, il ressort que dans la nuit du 29 au 30 août 2017, Mangho Tounkara, Aboubacrine Alarba Touré, Dramane Toloba, Aladji Bah et Bara Touré (sans autre renseignement) ont formé le dessein de déposséder Karim Bagayoko, partenaire de travail de Dramane Toloba, de son argent.

    Pour réussir leur forfait, Dramane Toloba proche collaborateur et connaissant les habitudes de son partenaire a fourni tous les détails sur ses faits et gestes, allant jusqu’à le filer. Mieux, les susnommés s’étaient munis pour la circonstance d’un véritable arsenal de guerre, notamment un pistolet automatique (PA), des pistolets mitrailleurs (PM) et des cagoules.

    Ainsi, lorsque Karim Bagayoko est arrivé chez lui aux environs de 01H00 et ne soupçonnant rien de particulier, il a été subitement pris à partie par ses bourreaux. Ils lui ont intimé de leur remettre ses sacs contenant ses revenus journaliers. Devant son refus, l’un des susnommés a pointé son arme sur lui en tirant à bout portant deux coups de feu.

    Ainsi, ils se sont alors saisis de ses sacs pour ressortir de son domicile, tout en tirant des coups en l’air pour dissuader d’éventuelles ripostes et favoriser du coup leur évaporation dans la nature.

    C’est alors que les parents de la victime lui ont porté secours en l’acheminant au centre de santé le plus proche où il a reçu les premiers soins, avant de le référer à l’hôpital Gabriel Touré pour des soins plus approfondis. Malgré une intervention chirurgicale ayant permis de soustraire les balles reçues, Karim Bagayoko a succombé à ses blessures, le 30 août 2017 dans la journée.

    Dramane Toloba arrêté par le Commissariat spécial des Chemins de Fer

    Selon l’arrêt de renvoi, les parents du défunt ont alors pris leur mal en patience jusqu’au jour où ils ont été informés de l’arrestation de Dramane Toloba par les agents du Commissariat Spécial des Chemins de Fer pour un cas similaire perpétré par la même bande.  C’est ainsi que le frère du défunt et représentant de la famille Bagayoko, Mamadou Bagayoko, a décidé de porter plainte contre celui-ci, lequel a reconnu sans difficulté les faits tout en dénonçant ses complices.

    C’est alors qu’une enquête ouverte a permis aux agents du Commissariat Spécial des Chemins de Fer d’interpeller les nommés Mangho Tounkara, Aboubacrine Alarba Touré, Dramane Toloba et Aladji Bah qui ont été poursuivis et inculpés pour association de malfaiteurs, assassinat, vol commis en bande et à main armée et détention illégale d’armes à feu.

    Sur le non-lieu à suivre partiel, il ressort que Bara Touré cité par les inculpés n’a pu être retrouvé ni à l’enquête préliminaire ni à l’information et aucun élément du dossier n’a permis d’informer suffisamment.

    Sur le renvoi devant la Cour d’assises, il résulte qu’à l’enquête préliminaire tous les inculpés ont reconnu les faits à eux reprochés pour spectaculairement se verser dans une dénégation systématique devant le magistrat instructeur.

    S’agissant de l’inculpé Mangho Tounkara, un des cerveaux de la bande, il avait reconnu sa participation au forfait dans le procès-verbal d’enquête préliminaire du Commissariat Spécial des Chemins de Fer en ces termes : “Je reconnais avoir participé au braquage survenu quelques jours avant la fête de tabaski 2017 au domicile du défunt Karim Bagayoko sis à Dianéguéla.

    En effet, sans me souvenir de la date exacte, Dramane Toloba dit Dôgôno est allé me voir dans mon lieu de travail pour me dire qu’il aimerait qu’on attaque son patron et son collaborateur Karim Bagayoko. Il m’a dit que ce dernier lui doit la somme de plus d’un million de francs Cfa et il souhaiterait qu’on le dépouille parce qu’il a suffisamment d’argent …”.

    Cependant, il s’est rétracté à l’information pour dire que les propos suscités lui ont été extorqués par tortures. Le magistrat instructeur estime que cette dernière déclaration de l’inculpé est dénuée de tout fondement car ses co-inculpés, notamment Dramane Toloba, Aboubacrine Alarba Touré et Aladji Bah, sont formels dans leurs déclarations à l’enquête préliminaire que c’est bien lui qui leur a proposé le braquage ayant coûté la vie de Karim Bagayoko.

    A en croire l’acte d’accusation, pour se disculper, il a mentionné au procès-verbal : “Je peux être complice, mais pas auteur d’assassinat.  De toute façon, c’est à cause de Dramane Toloba qu’il a été tué car il a dit à Bara Touré d’agir sévèrement parce que son patron connaissait des grands marabouts qui pourraient remonter jusqu’à nous. Ensuite, il a souligné que tous ceux qui ont cherché de le dépouiller ont été interpellés par la police”.

    Tentative d’échapper à la machine judiciaire

    Quant aux autres inculpés, Aboubacrine Alarba Touré, Dramane Toloba et Aladji Bah, ils ont adopté le même stratagème consistant à réfuter les faits reconnus par eux à l’enquête préliminaire, en évoquant les arguments fallacieux de contrainte.

    Selon la Cour, les inculpés étaient tous détenus ensemble. Ils ont dû arrêter de commun accord cette attitude pour échapper à la machine judiciaire. Selon l’arrêt de renvoi, ce moyen ne saurait prospérer car les inculpés ne disent point le lien qui les unit en ce sens qu’ils viennent d’horizons divers et effectuent des professions différentes. Donc, leur rapprochement s’explique clairement par leur projet commun qui reste le braquage d’honnêtes citoyens en les dépouillant de leur bien précieux.

    Cela est étayé par la tentative de fuite d’Aboubacrine Alarba Touré lors de la descente de la police à son domicile et la découverte à son domicile d’un pistolet automatique (PM) qu’il gardait dans la caissette contenant ses outils de travail. Il dit avoir acheté l’arme avec son co-inculpé Dramane Toloba.  Aussi, cela dénote de la dangerosité sociale des inculpés susnommés qui n’hésitent point à ôter la vie aux paisibles citoyens à cause de leur bien matériel acquis au prix de durs labeurs.

    Il ressort également que les inculpés Aboubacrine Alarba Touré et Aladji Bah, tous deux domicilies à Markakoungo à 70 Km de Bamako, ont reconnu au cours de l’enquête préliminaire s’être associés pour acheter un pistolet mitrailleur auprès de leur co-auteur Bara Touré afin de commettre de concert des attaques.

    De l’enquête préliminaire, il résulte que cette arme aurait été découverte enfouie dans les buissons par les jeunes élèves qui avaient alerté la Brigade Territoriale de Gendarmerie de Fana. En plus, de l’analyse des pièces du dossier, il ressort que les inculpés ont mis en place une bande spécialisée dans le braquage tout en ciblant leur proie parmi une sphère de personnes aisées, dans le but de les spolier de leurs biens par tous les moyens y compris le sacrifice ultime.

    C’est pourquoi, après avoir réussi leur coup contre le défunt Karim Bagayoko, ils ont attaqué Kalilou Sacko, à la suite de laquelle opération ils ont été identifiés puis appréhendés à travers les images de la vidéosurveillance de la victime. Et ces faits, tels qu’exposés, constituent des charges suffisantes à leur maintien dans les liens des inculpations.

    Il convient de noter qu’au cours de son forfait, la bande a soustrait le sac de sa victime, Karim Bagayoko, contenant 80 millions Fcfa. A l’issue des débats, les inculpés ont été retenus dans les liens de l’accusation et condamnés à la peine capitale et au paiement de 80 millions de nos francs.

                 Boubacar PAÏTAO

     

    Commentaires via Facebook :