Oumou Diakité, ménagère, domiciliée à Kona, cercle de Bougouni, mariée sans enfant, était devant les juges de la Cour d’assises le mardi 25 octobre 2022 pour répondre du fait d’avoir versé de l’eau chaude sur Ramata Diakité qui en est morte par suite de ses blessures. Ayant reconnu et expliqué les faits qui lui sont reprochés, elle a bénéficié des circonstances atténuantes et a été condamnée à 5 ans de prison. Les faits !
Il ressort de l’Arrêt de renvoi que le 3 juin 2018, à Kona, cercle de Bougouni, Oumou Diakité a versé de l’eau chaude sur Ramata Diakité qui a été gravement blessée. Transportée d’urgence dans le centre de santé de Bougouni, Ramata Diakité a rendu l’âme, une semaine après son admission dans ce centre. Avant son décès, Ramata Diakité, enceinte, avait accouchée d’un enfant qui est aussi mort par la suite. Interrogée, tant à l’enquête préliminaire qu’à l’instruction, Oumou Diakité a déclaré avoir agi ainsi pour se défendre contre sa victime qui voulait la frapper avec un bâton qu’elle tenait à la main. Elle a ajouté que le mobile de leur bagarre réside dans le fait que son mari Madou Diakité, entretenait des rapports amoureux avec la défunte Ramata Diakité. Et les jours des faits, elle les a surpris dans la brousse, au champ en pleins rapports sexuels. Non contente, elle les a copieusement insultés. C’est en voulant se venger des insultes reçues que Ramata Diakité, aux dires de l’inculpée, est revenue à la maison avec un bâton pour tenter de la frapper. Et, c’est en voulant se défendre, qu’elle a versé sur Ramata de l’eau chaude qu’elle avait prise dans la cuisine où elle était assise pour la préparation du repas du jour.
Mais, il se trouve qu’avant son décès, Ramata Diakité avait démenti cette version des faits. A l’enquête préliminaire et devant le magistrat instructeur, Oumou Diakité a reconnu les faits qui lui sont reprochés, soutenant avoir versé de l’eau chaude sur Ramata Diakité qui en est morte de suite de ses blessures.
A la barre le mardi 25 octobre 2022, Oumou Diakité a reconnu les faits qui lui sont reprochés avant de les regrettés. Elle a maintenu ses déclarations de l’enquête préliminaire et de devant le magistrat instructeur.
A la question du président de la Cour si elle savait que son mari entretenait des relations intimes avec Ramata Diakité, Oumou Diakité a fait savoir qu’elle a, à plusieurs reprises, surpris son mari avec Ramata Diakité. Et elle avait même averti le grand frère de son mari du comportement de ce dernier.
Dans sa version des faits, Mamadou Diakité (mari d’Oumou Diakité), a démenti les informations fournies par son épouse. Et au juge de demander que si sa femme ment, pourquoi a-t-elle brûlé Ramata Diakité avec de l’eau chaude ? Il trouve qu’Oumou Diakité est bagarreuse, jalouse et qu’elle a l’habitude de l’agresser.
Dans son témoignage, Moussa Diakité (père de Ramata Diakité) s’est dit confus à propos de cette affaire. Il a fait savoir qu’avant son décès, sa fille lui avait dit qu’Oumou Diakité l’avait brûlée quand elle passait pour aller puiser de l’eau au puits. Mais pourquoi ? lui demanda le juge. Il ne sait les raisons.
Dans son réquisitoire, le Ministère public a déclaré que le mobile du crime d’Oumou Diakité est la jalousie qui est un cas de démence. Il a fait savoir que les faits qui lui sont reprochés sont établis. Il a dit de maintenir l’inculpée dans les liens, mais avec des circonstances atténuantes. Il a requis une peine de 3 ans.
L’avocat d’Oumou Diakité a plaidé que sa cliente n’a jamais nié les faits qui lui sont reprochés. Et son acte est intervenu à cause de la jalousie et elle a commis un acte grave. Il a demandé des circonstances atténuantes pour sa cliente car elle a passé 4 ans et 3 mois en prison.
Comme dernier mot, Oumou Diakité a demandé le pardon à la famille de Ramata Diakité, à la Cour et au peuple malien. Car, dit-elle, elle a commis un acte grave. Elle a sollicité la clémence de la Cour.
Après sa délibération, la Cour a reconnu Oumou Diakité coupable des faits qui lui sont reprochés mais avec des circonstances atténuantes.
Dans l’arrêt de condamnation, la Cour a condamné Oumou Diakité à 5 ans de prison avec un an de sursis. Elle est libérable à sa sortie des audiences.
Siaka DOUMBIA
La vie d’un Malien semble perdre en valeur d’année en année.
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