Pour empêcher l'exploitation de nouveaux taxis sur leur axe : Les taxis requins manifestent violemment en saccageant le parking du Point G

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    Hier matin, il y avait du rififi à la station de taxis appelée parking du Point G située en face du stade Modibo Kéita de Bamako. Les chauffeurs de vieux taxis appelés requins et leurs loubards ont tenu à manifester leur opposition  à l’exploitation de nouveaux taxis mis en circulation par un opérateur privé, en collaboration avec l’ANPE, pour desservir le même itinéraire que celui de leurs vieilles caisses. L’autorisation du maire du district et son rappel à l’ordre, objet de la lettre circulaire n°006/MDB du 10 décembre 2010, ont été ignorés par les requins dont la colère a fait des dégâts. Une personne a été blessée par couteau, des motos saccagés et des véhicules endommagés.

    La journée d’hier a été très mouvementée au  parking du Point G où le conflit entre les chauffeurs de vieux taxis appelés requins et Laurent, propriétaire de nouveaux taxis climatisés de 7 et 10 places mis en circulation dans l’axe Stade Modibo-Kéita-Hôpital du Point G, a connu des dérapages regrettables.

    En effet, le promoteur des nouveaux taxis a été vivement malmené par une horde de chauffeurs, coxeurs et autres gros bras du monde des taxis requins, qui l’ont traité de tous les maux, après avoir bloqué ses taxis, pour les empêcher de prendre des clients.

    Revenant de l’hôpital du Point G, nous avons eu le privilège de vivre la scène. Ce n’était pas une simple agitation car les "requins" n’y sont pas allés de main molle, pour empêcher les nouveaux taxis de travailler, au tarif de 200FCFA  par personne, comme fixé par le promoteur.

    Il faut noter que ce contentieux dure plusieurs mois et le maire du district a diffusé la lettre circulaire n°006/M-DB du 10 décembre 2010, qui rappelle à chacune des parties ses droits et obligations.

    En effet, le maire écrit : "Il m’a été donné de constater que des troubles persistent dans l’exploitation du parking Point G entre détenteurs d’anciens et nouveaux taxis…Il est apparu nécessaire de nos jours à la Mairie du District d’identifier dans ledit parking deux zones de stationnement distinctes pour les anciens et nouveaux taxis afin de permettre à chacun et à tous de travailler à la satisfaction des clients".

    Une mesure salutaire qui tarde à voir le jour, pendant que la tension continue de monter toujours d’un cran.

    Hier matin, les gros bras des requins n’étaient pas du tout contents et ils ont tenu à le faire savoir à leur manière, peu orthodoxe. Une charpente métallique servant de porte-bagages jetée par-ci, des gourdins brandis par-là, des injures fusant de toute part, tout y passait. Tout cela, dans un balai savamment orchestré par les requins qui ont encerclé les taxis neufs pour empêcher les clients d’y accéder.  

    L’application des mesures contenues dans la circulaire du maire du district devrait mettre un terme au malentendu, mais il faut reconnaître qu’il faut un peu plus d’autorité de la part du gouverneur et du maire pour arrêter définitivement des agissements pareils à ceux d’hier, parce qu’ils constituent non seulement des troubles à l’ordre public, mais une défiance vis-à-vis de l’autorité de l’Etat. Surtout que le maire a pris soin de rappeler que "le parking du Point G n’appartient à aucune corporation ou entreprise de transport. Par conséquent, les éventuels contrevenants s’exposeront aux sanctions prévues par la règlementation".

    Le fera-t-on pour que force reste à la loi ? Pour calmer les esprits, le propriétaire des nouveaux taxis climatisés a accepté de se soumettre au diktat des requins, c’est-à-dire que ses véhicules pourront prendre des clients, mais seulement au prix non négociable de 500 FCFA par personne, au lieu des 250 FCFA initialement affichés sur lesdits taxis. Alors que les requins n’en demandent que 200FCFA.

    Une question pourtant résolue par la circulaire du maire du District qui rappelle "la liberté des tarifs par rapport au régime économique en vigueur en République du Mali".

    Tout semblait entrer dans l’ordre quand, tout d’un coup, la tension reprend l’ascenseur et une furie dévastatrice s’est emparée des contestataires qui ont mis à sac tout ce qui était disponible : des motos saccagées, des pneus de véhicules troués avec une lame de couteau, des véhicules sérieusement endommagés.

    Au moment où le propriétaire des taxisa appelé les experts pour constater les dégâts, il a échappé de peu à une agression à l’arme blanche. L’un de ses chauffeurs, qui lui servait de garde du corps à ce moment précis, a dévié le couteau et s’est fait ainsi piquer à la main. Pendant ce temps, les autres contestataires secouaient et sabotaient tout ce qui pouvait l’être.

    Trente hommes du GMS, arrivés hélas après la vague dévastatrice, ont pris position pour calmer les ardeurs, en attendant la réunion qui doit se tenir aujourd’hui, entre le gouvernorat et la mairie du District, pour trouver une solution définitive à ce problème qui prend des proportions de plus en plus alarmantes.

    Visiblement, il y a de quoi se poser des questions sur la sécurisation des personnes et de leurs biens car les requins ont eu toute la latitude d’agir alors que cette escalade de la violence était prévisible, depuis leur Assemblée générale houleuse, il y a deux semaines, au cours de laquelle leurs collègues reçus par le maire du District leur rendaient compte de cette audience relative audit contentieux.

    L’aile dure s’était déjà démarquée des mesures de conciliation acceptées par leurs représentants et avait décidé de s’en prendre aux taxis neufs.

    L’aboutissement est connu : les incidents d’hier. Ce qui projette cependant les requins au cœur de l’actualité. Ont-ils encore le droit de faire du transport public sans répondre aux normes légales? Que fait le contrôle routier à cet effet? Quelle société accepte-t-elle d’assurer ces vieilles caisses ? Qui leur délivre la visite technique?

    C’est une affaire à suivre.                                 

    Amadou Bamba NIANG

     

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