Pour avoir tué son propre père à coups de daba : Ayouba Abdoulaye Maïga condamné à la peine de mort

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    Ayouba Abdoulaye Maïga qui entretenait des relations sexuelles avec la femme de son oncle a été puni sur ordre de son père. Mécontent de cette punition, il a tué son père par un coup de daba. Poursuivi pour parricide (le fait de tuer son père), Ayouba Abdoulaye Maïga (cultivateur, célibataire sans enfant, né vers 1998 à Fia) a reconnu les faits devant les juges de la Cour d’assises, le 1er juillet 2021.

    Il résulte du dossier que, courant 2017, Ayouba Abdoulaye est tombé amoureux de  la femme de son oncle Fousseiny Ibrahim pendant que celui-ci était à Bamako. Il entretenait des relations sexuelles avec celle-là dans sa chambre et dans la famille paternelle, à chaque fois que l’occasion se présentait. La famille, après s’en être rendu compte lui a infligé une correction corporelle qu’il a mal endurée.  Mécontent de cela, le 21 décembre 2017, il s’est servi d’une  “daba” pour aller s’en prendre à son oncle, qui a eu la vie sauve pour n’avoir pas cédé à sa provocation.

    Son grand-frère, pour l’en avoir dissuadé, a été pourchassé par Ayouba. N’ayant pu l’atteindre dans sa fuite, il est retourné à la maison, emporté qu’il est par la colère, pour retrouver son père assis devant la porte de sa chambre pour lui asséner des coups de daba sur la nuque. Le père va succomber. Le groupe d’auto-défense Ganda Lassale Izaye a immédiatement interpellé l’inculpé, avant de le remettre à la Brigade de Bourem avisée par le maire de la commune de Temera.

    Suivant PV n° 18 du 26 décembre 2017, le Juge de paix de Bourem a ouvert une information judiciaire. L’inculpé a reconnu les faits  tout au long de la procédure. Il a expliqué qu’il était cependant sous l’emprise d’un esprit maléfique au moment de tuer son propre père, Abdoulaye Moudechi  Maïga. Et c’est sous ce même esprit satanique qu’il est tombé amoureux de la femme de son oncle. Les faits sont constants. L’inculpé a tué son propre père à l’aide d’un coup violent de daba porté à la nuque de ce dernier. Il n’a pu donner aucune justification pouvant exonérer sa responsabilité pénale.

    En conséquence de tout ce qui précède, il résulte charges suffisantes contre Ayouba Abdoulaye Maïga, d’avoir à Fia, cercle de Bourem, le 21 décembre  2017, en tout cas depuis moins de 10 ans, volontairement donné la mort à son propre père à l’aide d’une daba. Ce  fait est prévu et puni par les dispositions des articles 199 et 200 du Code pénal et peut donner lieu à l’application de peines criminelles. L’expertise mentale en date du 26 juillet 2019 du Dr Youssouf Almoustapha Touré  a conclu qu’Ayouba Abdoulaye Maïga  jouissait de toutes ses facultés mentales au moment des faits. L’inculpé se dit n’avoir jamais été condamné. Cet état est confirmé par le bulletin n° 2 de son Casier judiciaire versé au dossier. Les renseignements généraux le concernant lui sont favorables.

    Par ces motifs, la Cour, vidant son délibéré conformément à la loi, statuant en chambre du conseil, en matière criminelle et en dernier ressort, déclare suffisamment établie à l’égard de l’inculpé, Ayouba Abdoulaye Maïga, la prévention du crime de parricide, prononce sa mise en accusation en raison des faits ci-dessus spécifiés et qualifiés, décerne contre lui ordonnance de prise de corps et le renvoi devant la Cour d’assises de Mopti pour y être jugé conformément à la loi.

    L’accusé reconnaît les faits devant les juges

    Devant les juges, Ayouba Abdoulaye Maïga n’a pas nié les faits. Il a reconnu avoir tué son propre père. Il a expliqué que le jour des faits, il s’et disputé avec son oncle (le petit frère de sa mère) et son père a ordonné de le ligoter. Supplié, son père l’a fait libérer. Très fâché contre le fait d’être ainsi traité, il s’est encore disputé avec son oncle. C’est ainsi qu’il s’est saisi d’une daba pour aller frapper ce dernier. N’ayant pu le trouver, il s’est tourné vers son père pour le frapper avec la daba. Et son père a succombé à ce coup de daba.

    A la question pourquoi il se disputait avec son oncle, l’inculpé répondra : “Pour rien”. Le juge lui a rappelé que la cause de leur dispute est qu’il entretenait des relations sexuelles avec la femme de ce dernier. Il a dit que cela n’était pas vrai. Et pourquoi son père a-t-il ordonné de le ligoter ? Il a répondu qu’il a été ligoté parce qu’il s’est disputé avec son oncle. Le juge a persisté en lui demandant pourquoi il se disputait avec son oncle ? Il a répondu : “Pour rien”. Il a ajouté qu’il a regretté son acte parce qu’il aimait beaucoup son père. Etant en prison, son oncle lui a-t-il rendu visite ? Il a répondu par l’affirmatif. Et qu’ils ont même causé ce jour.

    Dans son réquisitoire, le ministère public a dit que cette affaire ne doit pas être représentative dans la société malienne. «Et l’accusé ayant reconnu les faits, il doit être maintenu dans les liens de l’accusation en le déclarant coupable des faits qui lui sont reprochés».

    Son avocat a plaidé qu’il y a des actes qui heurtent la conscience humaine. Et c’est le cas de son client qui, à ses dires, doit être défendu même s’il a commis un crime ignoble abominable. D’après lui, l’inculpé n’est pas normal, il est un déséquilibré mental. “Mon client est un malade mental. S’il était normal, il n’allait pas entretenir des relations sexuelles avec sa tante et tuer son propre père. Il a besoin d’un psychiatre pour son expertise mentale. Je demande une contre expertise mentale pour mon client car un médecin de brousse n’est pas habilité pour une telle expertise mentale”, a-t-il dit.  La demande de contre expertise de l’avocat a été rejetée par la Cour. Et l’avocat de demander des circonstances atténuantes pour son client. Cette requête de l’avocat n’a pas été entendue par la Cour qui, dans sa délibération, a reconnu l’inculpé coupable des faits, sans circonstance atténuante. Et le ministère public de requérir la peine de mort.

    Dans son arrêt de condamnation, la Cour a prononcé la peine de mort contre Ayouba Abdoulaye Maïga.

     Siaka DOUMBIA -Envoyé spécial

     

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