Le patron d’un organisme de la place vient de procéder au licenciement pur et simple d’un de ses subordonnés. L’agent, profitant de la confiance placée en lui par son chef, avait pu procéder à des retraits d’argent jusqu’à plus de 800 000 FCFA sur le compte bancaire appartenant à son patron, après imitation de la signature de ce dernier.
L’organisme en question est un centre de recherche, de documentation et de réflexion situé en Commune III du District de Bamako. Dans ce centre, la complicité entre le DG et son secrétaire particulier marchait à merveille. Personne n’osait même se mettre sur leur chemin. Le secrétaire particulier était craint, tant il était l’œil, l’oreille et la bouche du DG. Chacun le voulait avec soi et non contre soi. Car il suffisait que le secrétaire particulier vient rapporter des quelque chose sur un autre agent pour que le patron prenne ses propos pour des vérités bibliques.
Ainsi, les relations entre les deux personnes étaient devenues si solides le DG décida de créer le poste d’assistant administratif pour le confier à son secrétaire particulier. C’était novembre dernier. Mais ce que le boss ne savait pas, c’est qu’il venait, à travers cette décision, fabriquer la corde de sa propre pendaison financière.
En effet, une semaine après sa nomination, l’assistant administratif prit le chéquier du DG (celui-ci gardait ce document bancaire dans son bureau), il arracha six chèques vierges avec leurs souches. Et chaque fois qu’il avait besoin d’argent, il remplit l’un des chèques, met le montant voulu, se rend à la banque et touche les sous. Mais pour les besoins de ses opérations, l’agent imitait la signature de son patron. Entre novembre et décembre 2006, l’assistant administratif a effectué des opérations sur le compte bancaire de son patron et a pu retirer plus de huit cent mille francs CFA. Comme le pot-aux roses fut découvert ?
Ce jour le Boss avait besoin d’argent pour régler un problème. N’ayant pas de liquidité sur lui, il émet un chèque qu’il remet à un de ses agents pour le retrait du montant libellé. Malheureusement, l’envoyé du DG sera éconduit par la banque, puisque la provision dans le compte du client ne suffisait pas pour effectuer le paiment du montant libellé sur le chèque. Informé, le DG s’étonne. Puisqu’il n’avait procédé aucune opération sur son compte ces derniers temps.
C’est ainsi qu’il demande à la banque de lui fournir les relevés de toutes les opérations effectuées sur son compte. L’établissement bancaire obéît. Il se rend compte que quelqu’un avait procédé à six retraits sur son compte. Et que les chèques émis avaient été arrachés avec leurs souches du chéquier. C’est pourquoi, les numéros des chèques utilisés ne se suivent pas. Vérification faite, il se trouve que c’est l’assistant administratif qui a procédé à l’émission de tous les chèques en cause. Puisque c’est lui-même qui a endossés certains chèques, en allant retirer l’argent à l’aide de sa propre pièce d’identité, d’autres l’ont été par des gens envoyés par lui, parce qu’il s’agissait de chèques au porteur.
Avec toutes ces preuves réunies, l’agent indélicat n’a pas pu nier les faits. Et le DG, déçu par l’attitude de cet agent à qui il faisait énormément confiance, a décidé, le 15 février 2007, de le renvoyer du centre. Donc du jeudi dernier à nos jours, la nouvelle est en train de faire le tour du centre, chacun y va de ses commentaires.”Il fallait ça”, murmurent certains, “ Dieu ne dort pas”, soutiennent d’autres, “bon débarras”, renchérissent d’autres encore. A croire que le départ de ce cadre vraisemblablement encombrant enlève une grosse épine dans le pied du personnel du centre.
Entre autres fautes lourdes reprochées à l’agent, comme l’indique la décision de licenciement, il y a imitation de signature, non-respect de la hiérarchie, faux et usage de faux, mensonge à un supérieur.
En plus de la perte de boulot, l’agent est-il à l’abri d’un remboursement de la somme détournée et des ennuis judiciaires ? Le DG, pour diverses raisons, renoncerait-il à toutes actions contre son désormais ancien homme de confiance ? Ne dit-on pas que quand des amis se querellent, ce sont les secrets qui en souffrent ?
Oumar SIDIBE
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