Les magistrats de la Cour d’assises de Bamako étaient appelés à juger, vendredi dernier, une affaire qui portait sur un crime odieux. C’était l’affaire Ministère public contre Mariam Sidibé et Amadou Barry, accusés d’avoir assassiné Mariam Traoré, coépouse de la première.
La Cour a condamné Mariam Sidibé à la peine de mort et acquitté Amadou Barry.
Il ressort de l’arrêt de renvoi que, le 6 mai 2008, Mariam Sidibé surprit sa coépouse Mariam Traoré dite Mawa dans son sommeil et l’assassinat à l’aide d’un petit pilon en aluminium, avant de la piquer avec un couteau sur plusieurs parties du corps, principalement à la tête. La victime n’a même pas pu se débattre, le premier coup lui ayant été fatal. Lorsqu’elle fut transportée à l’hôpital, l’on a pu que constater sa mort. Après son forfait Mariam Sidibé vaqua normalement à ses occupations comme si de rien n’était.
De retour de l’école, les enfants de la victime constatant l’état de leur maman, alertèrent sa coépouse. Celle‑ci, après avoir avisé une voisine téléphona à Amadou Ouattara (leur mari commun) et demanda à ce dernier de venir avec un taxi. A son arrivée, Amadou Ouattara demanda à leur berger Amadou Barry d’aider le chauffeur de taxi à embarquer la victime.
Lorsque tout le monde fut parti pour l’hôpital, Mariam Sidibé ordonna au berger Amadou Barry de laver le drap tâché de sang sur lequel était couché la victime, ce pour faire disparaître toutes traces de preuve. Au même moment, elle‑même nettoyait soigneusement l’arme du crime (le pilon) pour la débarrasser de toute trace de sang.
Ayant reconnu les faits, tant à l’enquête préliminaire que devant le Juge d’instruction, Mariam Sidibé a expliqué qu’elle avait agi par pure jalousie et que, pour éviter que les cris de la victime ne fussent entendus, elle avait ouvert à fond le volume de sa radio. Egalement à la barre, vendredi dernier, Mariam a reconnu tout, en expliquant tous les détails. Le tout étant soutenu par sa volonté inébranlable d’éviter que la victime, enceinte à l’époque de deux mois, ne mît au monde un enfant de leur mari, qui lui avait toujours fait croire qu’il n’y avait plus aucune relation intime entre lui et la défunte.
En ce qui concerne le berger Amadou Barry, il a, tout au long de la procédure, tenté de nier, sinon de minimiser, son rôle dans cette affaire, étant entendu qu’il ne pouvait ignorer le caractère criminel attaché à son agissement, chose qu’il a également répété à la barre. Le Ministère public, dans ses réquisitoires, face à un aveu de crime, a tout simplement sollicité qu’il plaise à la Cour de maintenir dans les liens de l’accusation Mariam Sidibé et d’acquitter le berger Amadou Barry. Il a par conséquent sollicité qu’elle soit condamnée à la peine de mort.
La Cour, dans sa sagacité, a suivi le Ministère public, a maintenu Mariam Sidibé dans les liens de l’accusation et l’a condamnée à la peine de mort et a déclaré Amadou Barry non coupable de complicité d’assassinat. Fait notable dans cette affaire, c’est la première fois depuis l’ouverture du centre de détention pour femmes à Bollé qu’une femme détenue est condamnée à la peine de mort.
Youssouf Diallo