Depuis quatre ans dure cette affaire rocambolesque qui oppose les opérateurs gaziers du mali à leurs homologues du Burkina Faso suite à des vols répétés de bonbonnes de gaz vendues au pays des hommes intègres. Estimées à des milliers, le Président de ces opérateurs, M. Oudiary Diawara, PDG de la société de Distribution de Gaz (SODIGAZ) Mali accuse les Burkinabés de « recèle » au moment où les limiers du troisième Arrondissement dirigé par le Commissaire Moussoudou Arby, viennent de mettre hors d’état de nuire la bande de voleurs. Mais pas les receleurs. De nos jours, des milliers de bonbonnes gaz maliens sont toujours détenues au Burkina Faso sans qu’elles ne soient restituées à nos opérateurs gaziers. Mali Demain a cherché à savoir plus.
En débarquant le premier novembre dernier dans le bureau du Commissaire Moussoudou Arby sis à Quinzambougou, notre équipe de reportage a été surpris par les éléments d’informations fournies. En fait, c’est depuis 2010 que le Commissariat du troisième Arrondissement a été contacté par des plaignants et aussi a eu l’ordre de sa hiérarchie de mettre hors d’état de nuire cette bande de voleurs qui écumaient la capitale. « Dans la nuit du 23 au 24 octobre dernier aux environs de quatre heures du matin (4h ), explique le Compol Arby, qu’une équipe de patrouille a été alerté par les cris d’un homme qui appelait au secours à partir d’une station. Mes hommes ont a aussitôt rebroussé chemin pour avoir el cœur net. A leur arrivée, une voiture démarre en trombe à bord du quel deux hommes. S’en est suivi une course poursuite au cours de la laquelle le véhicule suspect se heurtera un poteau électrique. Entre temps, ses occupants réussiront à s’éclipser dans la nature. Mais ils oublieront leurs téléphones. A partir des données de ces appareils, nous avons interpelé leurs copines. Ce qui a permis d’appréhender deux bandits. Il se trouvait que le 6ème Arrondissement venait d’arrêter le troisième larron qui nous a été remis ». DWans leur déposition, les bandits reconnaîtront les faits qui leurs sont reprochés. A savoir : association de malfaiteurs, vol qualifié en groupe, crime. Il faut dire que l’un des receleurs qui fait partie du groupe des hommes interpelés, avait acheté un taxi afin de pouvoir opérer sans l’aide d’un taximan qui n’avait pas le temps. Dans le cadre de l’enquête, les hommes d’Arby appréhenderont trois camions entrain de charger des bonbonnes gaz(1034) en partance pour le Burkina Faso. Selon le Compol Arby, ces voleurs ont réussi à voler 1220 bonbonnes de gaz qui ont été vendu vers le Burkina Faso pour la plupart, la Côte d’ivoire ou la Guinée Conakry.
Pour el président des opérateurs gaziers, M. Oudiary Diawara, il s’agit de « recèle » de la, part des Burkinabés alors qu’au mali, ils ne se comporteront jamais de la sorte. « A SODIGAZ FASO, il y a 3 000 bonbonnes de gaz qui sont stockées à Bobo Dioulasso sans que nous ne parvenons à mettre la main dessus. Au total il y a 5 000 bonbonnes de gaz au Burkina Faso. Il y a un non respect de la confraternité de la part de nos collègues Burkinabés. Au mali, le vol de bonbonnes de gaz n’est jamais encouragé. Nous assistons depuis 2007, des receleurs qui encouragent les voleurs à nous voler». Il faut dire que rien que SODIGAZ Mali, elle a au bas mot plus de 5 000 bouteilles qui sont détenues au Burkina Faso lorsque l’on sait qu’au pays des hommes intègres, la consigne de la bouteille vide est de 15 000 FCFA par bonbonne contre 11 000 FCFA au Mali où nous le gaz est subventionné par l’Etat. D’ailleurs, précise Oudiary : « l’Etat a interdit l’exportation de nos bouteilles. Malgré cette mesure, certains s’adonnent à ce commerce juteux vers les pays limitrophes tels que l Burkina Faso et la Côte d’ivoire pour ne citer que ceux-ci ». e
Le Dibidani « QG » du trafic
Selon le président des opérateurs gaziers, le marché du « Dibidani » demeure le « QG » du trafic de bonbonnes de gaz. C’est ici que els voleurs maliens chargent en envoient à leurs receleurs Burkinabés sans craindre quoi que ce soit. D’où cette question que vont els Douanes Maliennes et els autres service en charge d’appliquer l’arrêté interministériel interdisant l’exportation des bonbonnes de gaz malien ?
Des pertes énormes pour les opérateurs et l’Etat
Les conséquences à en croire M. Oudiary, non moins Président des opérateurs gaziers, sont énormes. Et pour cause, les vols constituent un manque à gagner pour l’Etat, les pertes des investissements ; sabordage du gouvernement dans sa politique d’appui au secteur gazier ; baisse de la consommation du gaz. Soucieux d’appuyer le secteur, les pouvoirs publics l’ont subventionné à coups de milliards. D’ailleurs, récemment l’Etat vient de verser aux opérateurs gaziers 1,5 milliards sur 3 milliards de FCFA. Une subvention qui a permis la vente de la bonbonne de gaz remplie à 1920 FCFA (2000 FCFA chez le revendeur) au lieu de 5878 FCFA sans subvention alors qu’en Guinée Conakry, elle coûte 15 000 FCFA, au Burkina Faso, a Sénégal, en Côte d’ivoire 3 000 FCFA sans subvention de l’Etat. La différence du prix est payée par l’Etat aux opérateurs gaziers, soit 3850 FCFA. Pour la petite histoire, la bonbonne de gaz demeure la pièce maîtresse du commerce du gaz. D’où sa convoitise actuelle par les prédateurs du secteur gazier.
Le hic dans cette affaire c’est que depuis le 19 juillet 2001, le prix du gaz au mali n’a as évolué. Il est de 2000 FCFA chez le revendeur alors que els autres produits de consommation (hydrocarbures : super carburant, essence ordinaire, pétrole lampant, gas-oil, DDO, fuel-oil 180), les denrées alimentaires (sucre, lait, huile, riz, farine) évoluent sauf le gaz butane.
Plainte contre les voleurs et les receleurs
Dans cette affaire qui devient très sérieuse puisqu’il s‘agit de milliards en jeu, voleurs maliens et receleurs Burkinabés devront répondre devant la justice. En tout cas, c’est le vœu des opérateurs gaziers du mali qui n’en peuvent plus de cette situation qui les embarrasse et ralentie leurs activités. « Il s’agit de montrer à certains opérateurs du Burkina Faso que trop c’st trop car de 2000 à 2010, ce sont des milliers de bouteilles maliennes qui sont vendues là-bas. Cela est inacceptable et est contraire aux principes de bons voisinages qui unissent nos deux pays. Nos collègues Burkinabés ne sont pas fair-play», a martelé Oudiary Diawara. « J’ai porté plainte mais n’a jamais été auditionné dans une affaire où les Burkinabés ne jouent pas franc-jeu. Ils contribuent du moins à tuer les sociétés gazières du Mali. J’en appelle au secours d’Interpol pour arrêter les complices Burkinabés », a laissé entendre le président des gaziers du Mali.
Pourtant la SODIGAZ Burkina Faso basée à Ouagadougou à travers une correspondance end ate du 21 février dernier, a fait savoir au Directeur Général de SODIGAZ Mali, M. Oudiary Diawara de deux mille (2 000) bouteilles gaz de 6 kg dans leur parc. Cette présence de bouteilles gaz SODIGAZ Mali due aux trafiquants, a crée une confusion au Faso. « Des dispositions ont été prises pour circonscrire le problème. Interdiction par la Douane de toute entrée et sortie de bouteille aux frontières », précise la correspondance même si l’intéresse reste sceptique quant aux rapatriements des bouteilles de gaz qui demeurent minimes.
Les Burkinabés et les receleurs…
Fort de cette lettre, les Burkinabés envieront un émissaire à la Direction générale de SODIGAZ Mali sis à Banankabougou. Là l’occasion était belle pour Oudiary de signifier à l’envoyé Burkinabé qu’il en saurait comprendre leur passivité face à la vente de bouteilles de gaz malien sans que leurs auteurs receleurs en soient appréhendés et jugés.
Aussi avec toutes les difficultés rencontrées dans l’importation du gaz à Téma, Dakar ou Cotonou, de nos jours, nos opérateurs sont en pourparlers très avancés avec les Algériens de NAFTAL. L’autre lueur d’espoir malgré le goulot d’étranglement qu’ont occasionné les vols de milliers de bonbonnes de gaz volées et vendues à majorité, au Burkina Faso, le pays des hommes intègres. Les jours à venir nous édifieront sur les vrais receleurs, complices de ces vols crapuleux de bouteilles de gaz qui sapent l’intégration entre nos deux pays.
En tout cas, nos opérateurs sont déterminés à être mis dans leur droit. La balle est dans le camp des pouvoirs publics maliens et …Burkinabés.
A moins que l’intégration ne soit un vain mot. Il faut éviter que cette affaire ne crée un incident diplomatique entre Maliens et Burkinabés compte tenue de son importance et au moment où on nous rabâche les oreilles d’intégration sous régionale. Le Mali est-il en passe devenir le dindon de la farce par la faute de nos gouvernants?
Affaire à suivre donc !
Bokari Dicko