C’est l’histoire d’un policier pas comme les autres. Si ses homologues passent la journée dans la circulation de Bamako, le jour pour la réguler et la nuit pour patrouiller, Mahamane Sogodogo avait son petit secret à lui pour gagner sa vie. Faisant des «heures supplémentaires” consistant à déposséder les populations de leurs biens une fois la nuit tombée.
C’est ainsi qu’en avril 2004, des transporteurs de cigarettes ont eu le malheur de croiser le chemin du sergent Mahamane Sogodogo dit Dex sur la route de Guinée. En compagnie d’autres assaillants, Dex a pris la somme de 400 000 FCFA sur les transporteurs avant de les délester des marchandises qu’ils transportaient.
Cependant, l’une des victimes a eu le réflexe de prendre le numéro d’immatriculation du véhicule à bord duquel Dex et sa bande s’étaient enfuis. Investigations faites, le nommé Dougouyé Coulibaly, lui aussi sergent de police, a été interpellé. Ce dernier a prétendu avoir prêté la voiture à Dex.
Le même genre de scénario se reproduisit en mars 2013 alors qu’ une insécurité inquiétante sévissait dans tout le pays. A cette date, une bande a attaqué un chargement de 605 tonnes de cigarettes en partance pour Ségou et Koutiala. Juste après le poste de contrôle de Niamana, une Mercedes barra la route aux transporteurs de la cargaison.
A bord de la Mercedes, trois hommes habillés en tenue policière dont les sergents Mahamane Sogodogo dit Dex et Daouda Dembélé dit DMG. Ils conduisirent, ensuite, la cargaison dans une maison à Kobalacoura après qu’ils eurent attaché les transporteurs au pied d’un arbre. Là-bas, ils déchagèrent la marchandise. Mais, les choses se sont compliquées pour les policiers assaillants quand une personne ayant su l’origine douteuse des cigarettes alerta la SONATAM.
A la barre, les tentatives d’explication de Dex n’ont pas convaincu la Cour qui a estimé que le rôle du policier est d’assurer la sécurité de ses semblables.Et, Malgré le pléthore d’avocats qui assurait sa défense, Dex n’a pas pu échapper aux griefs de la justice qui l’a condamné pour chacune de ces deux affaires à sept ans d’emprisonnement ferme.
Aboubacar DICKO
Affaire ministère public contre le Lieutenant-Colonel Alkalifa Ag Almaki
La Cour déclare son incompétence à juger le dossier
Accusé de désertion avec complot, abandon de poste en présence de bandes armées et de pillage de denrées avec bris de porte, le Lieutenant-colonel Alkalifa Ag Almaki n’a pas pu être jugé par la Cour d’assises. Celle-ci s’est déclarée incompétente. Selon le ministère public, c’est le tribunal militaire qui doit juger le dossier vu qu’il s’agit d’infractions exclusivement militaires. ” L’infraction de désertion n’existe pas dans le Code pénal “, nous explique un juge au tribunal militaire.
Non respect de la loi
Toujours pour le ministère public, l’arrêt même qui a renvoyé l’accusé devant la Cour d’assises doit être frappé d’inexistence puisque ce n’est pas un arrêt de la chambre d’accusation du tribunal militaire.
Par ailleurs, cette même chambre d’accusation n’a pas respecté sa composition spéciale, qui veut qu’elle soit composée d’un magistrat d’ordre judiciaire (conseiller à la Cour) et de deux magistrats militaires ne relevant pas du parquet, au moment de la mise en accusation de l’accusé. La loi n’a donc pas été respectée.
En somme, la Cour d’assises ne peut pas juger un militaire pour des infractions purement militaires.
A DICKO