La « Poudrière » de Bamako, un nom qui faisait peur autrefois est réduit de nos jours en une cellule de fabrique de pièces d’identité ou simple cadre de villégiature pour la pègre bamakoise. L’on peut faire des années sans voir à la télé un quelconque voleur arrêté par ce commissariat. Son laxisme a fait que la petite criminalité des quartiers périphériques s’est transportée aux quartiers du centre ville.
En dépit des moyens de plus en plus importants mis en place pour venir à bout de la criminalité urbaine, la multiplication des cas de braquage et autres formes de banditisme dévoilent une hausse inquiétante de ce phénomène à Bamako. Si des corps comme la gendarmerie et la garde ferment sciemment les yeux sur cette situation, la police est logiquement sous les feux de la rampe. En la matière, il est bien difficile de jeter la pierre dans le jardin de toutes les entités de ce corps. Force est de reconnaître que certains commissariats et brigades spécialisés du district de Bamako mouillent bien le maillot et ne font jamais une affaire de second couteau la lutte contre l’insécurité sur toutes ses formes. Cependant, certains commissariats sont toujours à la traine, à l’instar du commissariat du 2ème arrondissement, communément appelé « Poudrière » (un nom qui date de la période coloniale).
Cet endroit même qui a fait la renommée des grands noms de la police malienne, notamment l’intrépide Tiècoro Bagayoko, les commissaires Yacouba, Zapata et autres.
D’aucuns affirment que ce commissariat était un véritable camp de concentration pour les officiers du CMLN, c’est pourquoi toute la pègre Bamakoise affichait une peur bleue de ne y faire un tour. Ce ne sont pas les compagnons de lutte du leader estudiantin Abdoul Karim Camara dit « Cabral » qui diront le contraire.
Mais de nos jours, ce commissariat tire sa réputation dans la fabrique de cartes d’identités (dont la plupart sont couramment rejetées par la sous direction des frontières et de l’immigration) et et autres domaines de la police, comme les constats d’accidents, mais jamais dans la répression contre le banditisme. « Lorsque tu arrêtes un voleur aujourd’hui, c’est lui-même qui te propose de l’amener à la Poudrière » témoigne un habitant de Bolibana. Comme une maison sainte les délinquants entrent et ressortent toujours requinquer à bloc.
L’on peut faire des mois dans la zone couverte par ce commissariat sans rencontrer une moindre patrouille de nuit, au point de donner l’impression que leurs véhicules de service servent seulement à embellir leurs locaux.
« Ce commissariat ne répond jamais favorablement aux appels de détresse, si ces agents ne disent pas que le véhicule est en manque de carburant, ils vous affirment que les éléments sont en déplacement » martèle un autre habitant de la CIII, qui poursuit que les policiers de ce commissariat préfèrent se mettre aux alentours dudit local pour traquer les usagers qui brûlent les sens interdits que de rester en poste.
Une poltronnerie patente qui a obligé les délinquants à gagner du terrain dans cet agglomérat. Des berges du fleuve Niger et des alentours de la colline du quartier Samè ils sont maintenant descendus dans les quartiers populeux du centre pour commettre leurs forfaits au nez et à la barbe de tous. Et à des heures non tardives de la nuit. Leurs proies enchantées sont les motocyclistes. Ils leur menacent avec arme, les braquent et s’accaparent de leur engin. Les habitants de ces quartiers sont de nos jours effarouchés par des scènes de banditismes qui relèvent du « jamais vu ».Pour preuve, espace d’un mois, ils ont assisté à plus de quatre cas d’attaques avec arme, pour montrer leur règne sur la zone, les bandits font souvent des tirs de sommation ou de joie après leurs actes.
Quant à la raison de cette recrudescence du banditisme en CIII, les avis divergent, mais tous s’accordent sur le manque de rigueur du commissariat du 2ème arrondissement qui doit épauler celui du 1er arrondissement, qui sont d’ailleurs tous deux en plus du 8ème arrondissement subventionnés par la Mairie de la CIII.
Il revient donc aux hommes du contrôleur général Mady Fofana, de sortir enfin leur tête de l’eau pour redorer leur blason, mais surtout amener la quiétude chez les habitants de cette zone névralgique de Bamako.
M’Piè Coulibaly