Polémique autour d’une décharge d’ordures :Vent de folie sur Doumanzana en Commune I

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    Dans une République qui se veut démocratique comme la nôtre, nul n’a le droit d’inciter des jeunes, des écoliers de surcroît, à la violence. Dans un pays où l’on peut se parler, rien ne justifie le recours à la violence. Même dans une société où les jeunes sont en proie à une grave crise de chômage, ce qui s’est passé à Doumanzana en commune I du district de Bamako peut difficilement s’expliquer. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un vent de folie. Voilà, en pointillé, les mille et un aspects d’un précédent fâcheux qui interpelle l’Etat. Et, pour l’exemple, la plainte déposée au niveau du tribunal de première instance de la commune I devrait être traitée avec la plus grande diligence.

    Les jeunes du quartier s’attaquent au maire
    Pour exprimer leur désarroi, leur colère et leur détermination à faire respecter leur pétition visant à interdire un dépôt d’ordures sur la décharge de Doumanzana, les jeunes s’en sont pris à la Maire de la Commune I, Mme Konté en brûlant son véhicule Mitsubishi – double cabine et le siège des GIE.

    Hier matin, à Doumanzana, le constat était amer. La Maire de la commune I, Mme Konté Fatoumata Doumbia a échappé de belle à un lynchage des jeunes du quartier. Plus grave, ses bourreaux se sont mis à défaire, pièce par pièce, le reste de la carcasse calcinée de son véhicule, une Mitsubishi – double cabine. Chacun enlevait ce qu’il pouvait prendre. Pour aller les vendre aux ferrailleurs du coin ?
    En tout cas pour en tirer profit sinon, comment expliquer que certains aient emporté le moteur en le faisant transporter par un minicar. Encore que ce n’est pas tout. Les vandales ont également mis à sac les deux chambres qui servaient de siège pour les GIE et de logement pour le gardien. Et leurs portes et les fenêtres enlevées !!!! En effet, hier matin, Mme Konté Fatoumata Doumbia était partie pour une réunion avec les chefs de quartiers par rapport à la tension qui prévalait entre eux et les populations par rapport à l’utilisation de la décharge qui leur servait de dépôt de transit et cela, conformément aux conclusions d’une réunion tenue auparavant à la mairie.

    Mais les jeunes soutenus par le fameux Mamadou Hawa Gassama sont venus réaffirmer leur volonté de maintenir et défendre leur pétition d’interdire l’utilisation de la décharge ainsi que leur quartier comme dépôt de transit. ‘’Ce n’est pas une affaire politique, nous défendons une cause humanitaire. Les populations sont impuissantes devant l’odeur et les fumées insupportables de la décharge. L’Honorable Gassama nous soutient car il est aussi victime autant que nous’’ a-t-il indiqué Mohamed Touré, coordinateur des jeunes.

    Pour Bamadou Sidibé, président du Collectif des groupements, intervenant dans l’assainissement au Mali, c’est un problème qui ne date pas d’aujourd’hui et il n’est pas propre à la seule commune I, mais c’est tout le district de Bamako qui est concerné.

    Depuis 2009, des efforts sont entrepris par leur collectif pour trouver une solution. Ces efforts sont restés vains. Il a exprimé leur détermination à suspendre le ramassage des ordures ménagères avant qu’ils ne trouvent des dépôts de transit.

    Qui a donc volé le sac de Mme la maire
    Selon une version rendue publique, le sac de Mme le maire a été brûlé dans le véhicule. Ce qui est loin d’être la réalité. En effet, le sac en question a été purement et simplement volé par un manifestant en jupon. Plusieurs témoins l’ont aperçue avec le sac. Interpellée, elle aurait refusé de rendre le sac. Le commissaire du 6ème arrondissement a été saisi. Les enquêtes sont en cours pour mettre la main sur la voleuse.

    Le renfort qui a tardé à venir
    Selon des sources concordantes, si le renfort n’avait pas tardé à venir du côté du Groupement mobile de sécurité (Gms) sollicité dès le début des manifestations, les dégâts auraient pu être limités. ‘’On a demandé en vain le renfort’’, nous a confié une source proche de la mairie qui se réjouit en revanche de la promptitude des éléments du commissariat du 6ème arrondissement, notamment de son commissaire ?

    Le gouverneur du district sur le terrain
    Juste après les événements malheureux, le gouverneur du district de Bamako, Souleymane Diabaté, a tenu une réunion au gouvernorat. Dans l’après-midi, il s’est rendu sur le terrain pour se rendre compte des dégâts.

    Mme Konté : « on voulait me tuer »
    La maire de la commune I a bel et bien échappée à une tentative d’assassinat. La chambre du gardien où Mme la maire avait été mise à l’abri en compagnie d’une dizaine de personnes, dont le coordinateur des chefs de quartier et le chef de quartier de Djélibougou, a été brûlée. Les occupants n’ont eu leur salut qu’en sautant par la fenêtre. «On voulait me tuer», nous a confié Mme le maire.

    Tous derrière Mme Konté !
    C’est la mobilisation générale derrière Mme Konté. Tout le peuple Adema était mobilisé autour d’elle pour lui apporter son soutien. Au niveau de la mairie, le syndicat des travailleurs a adressé une lettre au gouverneur pour protester contre l’atteinte à l’intégrité physique de la maire. Ils envisagent d’organiser une assemblée générale.
    O. Ballo & O. Coulibaly

    ATT interpellé face à «l’hyper puissance» de Diaby Gassama, député de Yélimané
    Le maire de la commune I, Mme Konté Fatoumata Doumbia, échappe de peu à une odieuse tentative d’agression physique. Le député Gassama n’y serait pas étranger.

    «Transformer la commune I en une nouvelle Tunisie.» Cette formule assassine débitée, il y’a quelques jours seulement par le «député étrangleur» de Yélimané, Mamadou Awa Gassama Diaby, vaut bien ce qu’elle vaut, mais elle est cependant à prendre au sérieux par les plus hautes autorités politiques et administratives de notre pays.

    Pour la bonne raison que, hier matin, n’eût été la grande baraka dont a bénéficié Mme Konté Fatoumata Doumbia, le pire allait sans doute arriver. Lors du passage de notre équipe hier après – midi, l’émotion et la douleur étaient encore visibles sur les regards de tous que nous avons rencontrés dans les locaux d’une mairie transformée pour la circonstance en un véritable commissariat.

    Objet d’une fronde grossièrement injustifiée contre la personne, la seule femme maire du District de Bamako vient-elle d’échapper à un lynchage populaire dont l’instigateur serait le député Diaby, en complicité avec les riverains de la décharge publique d’ordures ? Pire la chambre du gardien où elle s’était réfugiée avec une dizaine de personnes pour se soustraire de la furie meurtrière de plusieurs manifestants lancés à leur poursuite à travers de violents jets de pierre a failli à son tour être transformée en crématorium pour elle. De nombreux témoignages recueillis sur place attestent que ces « incendiaires » ont été longtemps intoxiqués et manipulés par « l’inclassable » député également présent hier matin sur le site.

    Des personnes, qui ne sont pourtant pas du même bord politique que Mme Konté, affirment sans complaisance que cette dernière a surpris tout le monde par ses qualités morales et intellectuelles en ne cédant pas aux provocations délibérées d’un élu qui « croit que lorsqu’on est député, tout vous est permis ». Un élu dont la seule fierté est de dire partout « que c’est grâce à lui que la ministre de la Justice, Me Fanta Sylla, a perdu son portefeuille. Qui n’arrête plus de fanfaronner partout où il passe qu’il est un proche protégé du président ATT » nous dit un autre citoyen de la commune, profondément indigné par les agissements d’un homme qui n’a plus aucun sens de la mesure et de la décence.

    Au moment même où le président ATT nomme une femme premier ministre (la première dans l’histoire de notre pays), la seule femme maire du district de Bamako doit désormais faire face à une violente guérilla urbaine organisée dans sa commune, par des adversaires politiques prêts à tout pour démolir une « rivale » politique. Nous allons revenir largement sur les dessous de cette rocambolesque affaire dans nos prochaines parutions.
    Bacary Camara

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