Plainte pour violences, voies de fait, séquestration, vol qualifié : Une Marocaine assigne le Colonel Kolo Diarra en justice

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    Sommes-nous dans quelle République ? La question mérite bien d’être posée au regard du comportement peu républicain du Colonel Kolo Diarra, un officier supérieur du Génie militaire, qui se comporte comme si l’on est dans la jungle (la raison du plus fort est toujours la meilleure). Il s’est rendu justice dans une affaire qui l’oppose à une Marocaine du nom de Rachida Sabihi.

     

    En effet, depuis le 18 juillet 2009, une Marocaine, Rachida Sabihi, est liée au Colonel Kolo Diarra par un contrat de bail verbal portant  sur une villa à usage d’habitation sise à Baco Djicoroni ACI. Elle paye à l’officier supérieur 1,5 millions de FCFA pour qu’il aménage la maison et la rendre plus habitable et un demi million de nos francs à titre de caution. Le Colonel Diarra n’a pas respecté cet engagement. La Marocaine, qui ne cessait de lui demander l’exécution des travaux, s’est vu, contre toute attente, assignée en justice par le frère du Colonel, Fassoko Kolo Diarra, un prête-nom de celui-là. C’est ainsi que le 19 avril 2010, le Juge de la commune V de Bamako ordonne l’expulsion de la bonne dame et le paiement de 2.550.000 FCFA à titre de principal et 500 000 FCFA de dommages et intérêts.

    Cette décision "scandaleuse et inique", selon l’avocat de Rachida Sabihi, Me Harouna Toureh, a fait l’objet d’appel. La procédure est donc pendante devant la justice. Malgré tout, commandement de vider les lieux lui a été servi par Me Allaye Tembely, huissier de justice, le 12 mai dernier. La Marocaine, qui ne veut, apparemment, pas de problème, a donc pris peur et a vidé les lieux, conformément à cette décision, du reste, peu justifiée.

    Seulement voilà : embarquant ses biens et effets personnels à bord d’un camion Mercedes, immatriculé Z 3966-MD pour déménager, elle est interceptée par le Colonel Kolo Diarra et conduit, manu militari, au Commissariat du 15ème arrondissement. Sans ordre de justice, s’il vous plait. Elle a subi, selon son conseil des violences et voies de fait, des injures et menaces de mort "en la présence constante des agents de police" de la part du Colonel Kolo Diarra et son frère. Après audition des deux parties, le commissaire du 15ème a jugé utile de libérer le camion.

    Non content de cette décision, le Colonel a fait appel à des soldats pour conduire le camion dans la cour du génie militaire. Là, le chauffeur, Souleymane Koné, s’est vu séquestré. La clé du véhicule, son téléphone et les pièces du véhicule ont été confisqués. C’était le vendredi 28 mai. Choqué par cette attitude, Me Toureh a directement saisi le lendemain la Sécurité d’Etat, où il a été reçu par le DGA, Ildebert Traoré. Suite à cette dénonciation, le camion a été simplement conduit dans l’enceinte du tribunal de la CV, sans autorisation judiciaire préalable. Ensuite, il sera réembarqué le lundi 31 mai 2010, à Baco Djicoroni, chez le Colonel, c’est-à-dire la maison que la dame avait quitté quatre jours auparavant. Le Colonel fait décharger le camion, en l’absence, bien sûr,  de la Marocaine, ferme toutes les portes et emportent les clés avec lui. Entre-temps, Rachida Sabihi manque de tout, surtout de ses habits.

    Au regard de ce qui précède, elle porte plainte avec "constitution de partie civile contre le Colonel Diarra et tous complices que l’enquête permettra de découvrir pour qu’il leurs soit fait application de la loi pénale avec la dernière rigueur, notamment les articles 207, 237,254 et 272 du Code pénal devant la Cour d’assises".

    Rappelons que tous les actes décrits sont sous-tendus par un procès verbal d’huissier que nous détenons. C’est dommage qu’un officier supérieur de l’armée se comporte de la sorte, qu’il se fasse lui-même justice, sans le rappel à l’ordre de la Sécurité d’Etat, déjà saisie.

    Précisons enfin que la citoyenne du Royaume Chérifien se trouve à Bamako parce qu’escroquée dans une affaire d’achat d’or. Elle a porté plainte et attend le jugement depuis plusieurs mois. Dans cette attente, voilà qu’un officier supérieur de l’armée effarouche Rachida Sabihi.

    Affaire à suivre.

    Chahana Takiou

     

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