Utilisé pour embaumer les bureaux, chasser certains insectes, bref créer une atmosphère conviviale, l’encens serait utilisé aujourd’hui à des fins superstitieuses au niveau de notre administration.
Le Mali est un pays profondément croyant.A ce titre il ne badine pas avec tout ce qui touche à Dieu le père, créateur du ciel et de la terre.Les maliens, dans leur grande majorité croient fermement que tout ce qui leur arrive en bien ou en mal relève de la volonté divine.Toute autre considération relèverait d’un manque de foi. Cependant un nouveau comportement est entrain de gagner le cœur de plusieurs de nos concitoyens, la croyance ferme en Dieu laissant progressivement la place à la superstition. Parmi ces pratiques superstitieuses, figure le parfumage des bureaux, au niveau de l’administration. Ainsi, il suffit de faire un tour, de préférence le matin très tôt dans les endroits sus- cités pour constater l’étrange phénomène. Les informations que nous avons glanées ça et là à propos de ce nouveau sport national font état d’un penchant dangereux pour la superstition au détriment de la foi en Dieu.Les adeptes de cette pratique diabolique soutiennent mordicus que l’encens a un pouvoir magique, celui de chasser les mauvais esprits.En plus, il protégerait les employés contre les visiteurs mal intentionnés.Certaines secrétaires vont jusqu’ à penser que grâce à l’encens souvent utilisé à forte dose, elles arrivent à charmer leurs patrons de telle sorte que ces derniers ne peuvent plus rien leur refuser . Ce faisant, le matin, avant de commencer le travail, les bureaux sont remplis de fumée d’encens, histoire de s’attirer ses pouvoirs bénéfiques. Cette pratique superstitieuse est exercée non seulement par les secrétaires, mais aussi par leurs patrons, chacun cherchant à se protéger contre les esprits maléfiques, à asseoir sa domination sur les autres ou à préserver son poste en toute impunité. Le mal, est que certains ne disent jamais bonjour ou ne serrent pas la main des autres qu’après avoir pris son bain de l’encens ou après avoir parfumé leur bureau.
En outre ce parfumage des bureaux retarde aussi le travail, car il peut durer de 30 minutes à une heure d’horloge, et tant que la fumée ne s’est t pas dissipée il n’y a pas question de recevoir les usagers venus pour leurs affaires.
Aujourd’hui, aucune sphère de l’administration n’échapperait à cette pratique, des services publics aux services privés ; du directeur jusqu’au planton, chacun s’adonne à cœur joie à cette étrange gymnastique.
Cette pratique profite plutôt aux féticheurs, aux charlatans, devins, marabouts et autres qui se remplissent les poches, au détriment des cadres naïfs et mauvais qui ne pensent qu’à eux seuls et non au développement du pays.
STT