Palais de Koulouba

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    Jugés pour des faits " d’escroquerie et association de malfaiteurs ", et condamnés à vingt (20) ans de réclusion et cinq (5) ans d’interdiction, Aly Cissé et Oumar Abdou Touré dit Kolo, alias Ladji, se baladent librement dans les rues de Bamako. Pire, le nommé Ladji a pu se procurer en troisième noce l’une des nièces d’un des hauts locataires du palais. Dès lors, ce parapluie lui permet de fructifier ses " affaires " en toute impunité. Hum !

    Des escrocs cherchent protection

    C’est le 07 septembre 2007 que la Cour d’Assises de Bamako a rendu son " Arrêt de condamnation par contumace " des sieurs Aly Cissé, Oumar Abdou Touré dit Kolo, et leurs comparses, dans le procès pour " escroquerie et association de malfaiteurs ". Au regard des débats et de la suffisance des preuves contre les accusés, la Cour a fini par condamner les escrocs et les malfrats à une peine respective de vingt (20) ans de réclusion et de cinq (5) ans d’interdiction de séjour à Bamako.

    C’était l’affaire Ministère Public et un citoyen de la place contre les nommés Aly Cissé, Oumar Abdou Touré dit Kolo, alias Ladji, et autres. Les termes de leur condamnation étaient clairs et nets. Du tribunal, en pareilles circonstances, les condamnés sont directement conduits à la prison centrale. Mais, puisque Aly Cissé et Ladji ont des " bras longs ", ils n’avaient pas comparu à la barre. Grâce à la vigilance du plaignant, citoyen de son état, et à la ténacité de son Conseil, Me Tiécoura Samaké, et le courage de certains éléments des services de sécurité, ils furent rattrapés et déférés. En moins d’un mois, ils ont réussi à prendre la tangente. Il est vrai, notons-le, que les caïds ne séjournent jamais longtemps derrière les barreaux. Les raisons sont multiples. Ce qui amène d’ailleurs les citoyens à douter souvent de la justice de leur pays.

    Cette fois-ci, il apparaît clairement que la justice a pleinement joué son rôle. Les excellents magistrats de la Cour n’ont nullement démérité dans l’exécution de leurs missions. Bien au contraire !

    L’impunité dont jouiraient les deux escrocs, s’expliquerait par le fait que l’un d’eux étaitparvenu à se mettre sous un précieux abri. Il s’agit de Oumar Abou Touré, dit Kolo, alias Ladji. Selon nos sources, Ladji aurait pris en troisième noce une charmante demoiselle, apparentée à l’un des locataires du palais de Koulouba. Les mauvaises langues racontent que cette troisième " propriété " de Ladji serait une nièce de l’actuelle Première Dame. Plusieurs victimes de l’escroquerie du sieur Ladji estiment ainsi que le duo infernal chercherait uneprotection auprès du palais. Vrai ou faux ? Difficile d’en savoir plus. Une chose est sûre, c’est que Ladji n’a peur de rien et de personne à Bamako.

    Il nargue ses victimes. Il se pavane. Et toutes les décisions de justice à son encontre restent dans la souffrance.

    Il en est ainsi du jugement N°839, du 29 octobre 2008, rendu par le Tribunal de Première Instance de la Commune V du District de Bamako. Le jugement était relatif à une affaire de " vente pour expropriation forcée " d’un titre foncier. La partie poursuivante, le même citoyen, faisait face à son débiteur saisi, encore et toujours Oumar Abdou Touré dit Kolo, alias Ladji. Il avait, en effet, donné en hypothèque un immeuble, objet du titre foncier cité pour pouvoir éponger une petite partie de ses créances qui s’élèvent à plus de 294 millions de FCFA ;

    Naturellement, le créancier procéda à la saisie immobilière et avait saisi le tribunal aux fins d’ordonner la vente dudit immeuble. Bien que régulièrement cité, Ladji n’a daigné comparaître. Il a même eu l’outrecuidance de sortir au cours des débats avec ses avocats. Conformément, donc, aux dispositions du Code de Procédure Civile, Commerciale et Sociale (CPCCS), le Ministère Public a requis une juste et sereine application de la loi. Après le contrôle de la régularité des actes formalisés, le Tribunal a validé les poursuites et autorisé la vente de l’immeuble. L’huissier instrumentaire a ainsi été invité à allumer la première bougie.

    Deux autres bougies furent allumées puis éteintes sous le signal d’un acquéreur. Conséquence, l’avocat du poursuivant réclama et obtient l’adjuration de l’immeuble à son client. Car, le Ministère Public déclara se rapporter à la justice. Recours fut fait aux dispositions de l’article 285 de l’Acte Uniforme de l’OHADA qui permettent de prononcer l’adjudication au profit du poursuivant pour le montant de la mise à prix, fixée on le sait, à trente cinq (35) millions de FCFA. La Cour fit droit à la demande de Me Tiécoura Samaké en adjugeant l’immeuble à son client.

    Alors que l’on pensait que l’affaire était close avec le droit ainsi dit, fort de ses soutiens occultes, Ladji va se fondre dans la nature. On retrouvera, plus tard, ses traces quelque part à Magnambougou dans une villa. Il ne fit rien pour respecter la décision de justice. C’est ainsi que suivant la requête de Me Samaké et de son client, l’étude de Me Amoutou Sissoko, Huissier de justice, adressa à l’escroc une " Signification. Commandement de vider les lieux ". C’était le 27 novembre 2008.

    L’Huissier de justice agissait en vertu de la grosse du jugement N°839 du Tribunal de Première Instance de la Commune V du District de Bamako, et de l’Acte Administratif du Chef de Bureau des Domaines et du Cadastre du District de Bamako, daté du 24 novembre 2008, consacrant la mutation de propriété du titre foncier N°26176, sis à Baco-Djicoroni. Au nommé Ladji, il a été clairement signifié de " vider, immédiatement et sans délai en tout cas dans les huit (8) jours qui suivent la signification, les lieux qu’il occupe sans titre ni droit, tant de sa personne que de ses biens ainsi que tous autres occupants de son chef ".

    En outre, il était déclaré qu’à défaut de satisfaire au présent commandement dans le délai ci-dessus spécifié (08 jours), il serait contraint par toutes les voies de droit notamment par l’expulsion. Notre Ladji a refusé de signer et de prendre l’Acte de justice. Il sait certainement que dans ce pays lorsqu’on est bien adossé, l’on peut se foutre des décisions de justice. Sinon comment comprendre qu’un escroc hors pair, un repris de justice, jugé et condamné à une peine de réclusion de vingt (20) ans, puisse se balader librement ?

    A fortiori avoir du mépris devant un tel acte ? Sait-il qu’au palais de Koulouba, l’on ferait tout pour le couvrir ? Autant de questions qui méritent des réponses. Car, le 10 décembre dernier, Oumar Abdou Touré, dit Kolo, alais Ladji, était cité à omparaître et se trouver par devant le Tribunal de Première Instance de la Commune V du District de Bamako. L’audience des référés était fixée au 16 décembre 2008 à douze (12) heures du matin et jours suivants s’il y avait lieu. Me Amoutou Sissoko, Huissier de justice, s’est chargé de lui remettre la " Notification. Citation Procès-verbal ".

    L’escroc s’est abstenu de signer le document mais accepta de le prendre tout de même. A cette date, il ne s’est pas présenté. Le dossier qui devrait être vidé a, parait-il, curieusement disparu des rôles de l’audience. D’aucuns y ont vu une main invisible qui roulerait pour le palais. A ce dernier de prouver le contraire en prenant ses distances avec un escroc de gros calibre.

    B. KONE

     

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