On a coutume d’entendre que le vécu pour l’être humain reste la meilleure source d’enseignement pour ses actions de l’avenir. Une théorie corroborée par la pensée d’un sage qui affirme que « seule l’expérience permet de comprendre que l’homme peut mieux employer l’esprit des mots pour réaliser ses rêves s’il parle au passé ».
La dame que l‘on nomme Tako a su utiliser le souvenir de son enfance pour assurer une enfance meilleure à un enfant dont la mère a succombé à la suite de l’accouchement.
Elle a aujourd’hui la trentaine, originaire d’un village situé dans la région de Kayes ; elle est la dernière fille d’une famille de quatre enfants dont trois garçons, elle n’a pas connu son père car celui-ci est parti alors qu’elle n’a que quelques mois.
D’après son histoire, quelques temps après le décès de son père, leur mère qui à l’époque avait une santé fragile et sans moyens pour subvenir aux besoins de ses enfants, décide alors d’envoyer la petite Tako à ses oncles à Kayes ville afin de lui procurer une enfance normale. Aussitôt ses tontons déclinent la proposition et la renvoient à sa mère.
Tako ne se rappelle plus à quoi ressemblait sa mère, qui, comme un cauchemar, est également descendue du train de la vie laissant sa petite fille avec ses frères qui rapidement affrontent les réalités de la vie.
Tako était une enfante solitaire sans référence, dont l’éducation était assurée par ses frères aussi jeunes et les voisins du village. A l’âge de la scolarisation, elle fut inscrite par un instructeur du village qui a veillé sur elle tout le cycle primaire.
Après l’obtention du Certificat d’Etudes Primaires (CEP), ses frères avec le soutien de l’instructeur l’amènent à Bamako chez un parent de leur père où elle poursuit les études jusqu’au niveau secondaire.
Tako est devenue une fille brillante et différente. Malgré son jeune âge, elle était mure d’esprit, elle se distinguait par sa sensibilité et son altruisme. Voilà pourquoi pour la bonne cause, elle n’hésite pas à prendre une décision qui va donner une nouvelle orientation à sa vie.
2013, alors qu’elle devait passer son examen de Brevet de Technicien (BT), elle y renonce afin de venir en aide à un voisin du quartier qui a perdu sa femme à la suite d’un accouchement prématuré.
La nouvelle de ce décès a été rependue dans tout le quartier car le voisin n’avait personne pour s’occuper de son enfant. La délicatesse de la situation lui a même valu des annonces dans les différentes mosquées afin de trouver une mère pour cet enfant.
D’après le témoignage de l’intéressée, suite à la publication de la nouvelle, elle a eu le sentiment d’être concernée par l’histoire comme si c’était le film de sa propre vie. Pour elle, il s’agissait d’un examen de conscience.
Ainsi, au grand étonnement de tous, elle se porte volontaire pour être la mère dont cet enfant a besoin. Une décision commentée de différente manière dans son entourage, et qui a mis fin à ses études, lui confère désormais le rôle de la mère d’un petit garçon d’à peine une semaine.
Des mois plus tard, et compte tenu des conditions du papa, Tako s’adonne à des petites activités commerciales afin d’aider le père à assurer les besoins de leur enfant qui demandait plus de soin à cause de son état d’enfant prématuré. Les sacrifices de Tako n’ont pas été vains, après tout le bébé a bénéficié d’un environnement stable et est devenu un jeune garçon qui a fait son entrée cette année à l’école maternelle.
Après cette étape de sa vie, Tako a enfin accepté la demande en mariage d’un opérateur économique qu’elle refuse depuis deux ans à cause de son rôle de mère qui occupait tout son temps et son attention. Son mariage est prévu pour le mois de décembre prochain et Tako doit s’installer après à Ségou avec son mari.
Le père de l’enfant s’est également remarié et est même père d’une fille. Malgré tout, Tako est perplexe à l’idée que le père n’accepterait pas qu’elle amène l’enfant dans son mariage étant donné qu’il reste pour le moment le seul garçon à lui aussi.
K. Diabaté (maliweb.net)
Si le père de l’enfant ne la laisse pas partir à Ségou avec elle je peut dire qu’il ne connais pas le bon dieux.
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