Très tôt le matin du samedi 25 janvier, les revendeurs de carburant installés sur la Route Nationale N°6, en face de la gendarmerie de Faladié, au lieu de trouver des véhicules pour leur vendre du carburant, ont dû plutôt faire face aux forces de sécurité, armées de gaz lacrymogènes, les sommant de déguerpir.
En effet, contre toute attente et sans préavis, ces revendeurs de carburant se sont résolus à défaire leurs hangars et à déterrer leurs cuves, sur ordre du Gouvernorat du District et de la Mairie de la Commune VI du District de Bamako. Curieusement, aucun responsable, ni du Gouvernorat ni de la mairie, n’était présent au démarrage de l’opération.
Pourtant, nous a expliqué un responsable des forces de sécurité, au cours d’une réunion tripartite entre la Mairie, le Gouvernorat et les forces de l’ordre, il avait été décidé que les autorités de ces collectivités devaient amener des bulldozers et des camions-bennes. Ils s’étaient donc donné rendez-vous à 6 heures du matin pour le début de l’opération de déguerpissement. Ce qui a laissé stupéfaits policiers et gendarmes, venus avec un dispositif impressionnant pour faire partir ces revendeurs.
L’opération faisait suite à l’incendie de deux camions citernes sur le site. Après ces drames, le Gouvernorat avait décidé de prendre le taureau par les cornes, en demandant aux autorités de remettre de l’ordre.
«Après ces incendies, la Mairie nous a rencontrés pour nous demander de sécuriser le site. Ce que nous avons fait. Nous avons fait déplacer les citernes vers un autre espace. Nous avons même interdit aux véhicules de se garer en face, entre la route et nos pompes. Après cela, nous avons tenu une réunion avec le 1er adjoint au Maire de la Commune VI, Ténémankan Koné. Au cours de cette réunion, il nous a assuré que nous ne serions pas déguerpis maintenant et que, si cela devait être le cas, nous en serions informés auparavant», a précisé le Président de l’Association des revendeurs de carburants de la Commune VI, le premier à s’y être installé en 1993.
Il a aussi souligné qu’avant de les installer, la mairie a fait une étude de faisabilité. Avant de s’étonner «c’est par une rumeur que nous avons appris que nous allions être déguerpis aujourd’hui». Dans la foulée, il se murmurait que les autorités ne pouvaient pas se présenter devant eux. Car, explique ce revendeur, «nous avons payé un million de francs CFA à la mairie pour qu’ils nous laissent continuer». Mieux, a-t-il souligné, «chaque année, nous payons des taxes de 36 750 CFA à la mairie et une autorisation de 50 000 F CFA pour chaque pompe».
Ceci pourrait-il expliquer l’absence des autorités lors de cette opération? En tout cas, les revendeurs se disent prêts à partir. Ils demandent seulement que l’Etat leur trouve un autre espace afin qu’ils puissent continuer à exercer leur travail.
Youssouf Diallo