Liqueurs et bière coulent à flot. Jeux de lumières blafardes et spots irisés laissent apparaître des silhouettes emblématiques. La danseuse arrive. Tenue légère, très légère à ne pas laisser même un taliban indifférent. Ca y est. La soirée commence ! Et quelle soirée ! A Dakar, on l’appelle " Sabar bou Graw ", à Abidjan, c’est la "soirée Calienté ". Bamako n’a pas encore trouvé d’appellation spécifique : " Dancefloor ", " soirée sénégalaise ou ivoirienne "… Bref, c’est, en tout cas, la nouvelle tendance dans les discothèques de la capitale malienne. Et çà marche fort.
La scène est très sensuelle et sexuellement suggestive. Les danseuses sont justement habillées pour les besoins de la cause : jupe ultra courte, pantalon moulant laissant apparaître les traces intimes de leur anatomie, des dessous, si elles en portent, sont exposés de manière â faire saliver les spectateurs. Des gourmands ces observateurs. Les filles le savent et jouent par conséquent et très admirablement sur leur appétit glouton. Musique !
Et sabar par préférence, cette danse très sexy venant tout droit du Sénégal voisin. Elles se lancent sur la scène. Le crépitement des tambours submerge la salle. Elles se trémoussent. La cadence est endiablée. Les spots lumineux dessinent les contours de leur nudité. Le public exalte mais en veut plus. Très exigeants ces mecs.
Pas de panique ! Les filles savent parfaitement ce qu’ils attendent d’elles. Hé quoi ? Pourquoi croyez-vous ils ont payé le prix fort ? Certainement pas pour les beaux yeux du tenancier encore moins pour admirer le décor. Mais pour elles ! Leur exigence se justifie. Les danseuses ne sont pas dupes. Mais bien entendu, il faut faire durer le plaisir, tenir les gourmands en haleine en soumettant leur libido à rude épreuve. Ils adorent çà… Elles aussi.
La soirée continue. Il est temps de passer à la seconde étape. Les esprits sont désormais conditionnés et les corps opérationnels.
Certaines danseuses ont troqué leurs jupes et pantalons contre des pagnes légers et transparents adaptés à la circonstance. Le pagne, un véritable instrument d’envoutement ! Elles sont bien inspirées les demoiselles ! La nature tremblante et transparente du tissu n’est pas le fait du hasard. Il est conçu pour accompagner et amplifier le moindre frissonnement des muscles fessiers. A ce jeu, elles sont admirables. On imagine aisément toutes ces contorsions sensuelles qu’elles font en ce moment de leur charmant corps de femme.
Le M’balax résonne de nouveau. Elle danse et joue avec le pagne. Ce précieux outil n’est pas un vêtement, mais une partie intégrante de la danseuse. Elle le remonte légèrement et, souvent un peu plus haut de manière à ne couvrir que l’essentiel et à laisser paraître le maximum. Et jamais, sans perdre un pas de la cadence musicale.
Le public masculin n’en peut plus. Il est au bord de la rupture. Quelque chose au plus profond de lui est en passe de casser. Vite, quelque chose de fort ! Il commande à boire et s’énerve quelque peu de la lenteur du malheureux serviteur !
Alors on fait une pause, le temps que tout le monde se calme, et pour les autres, de procéder à de petits arrangements personnels et intimes dans les toilettes loin des regards indiscrets. Pour peu, la digue allait céder sous la forte poussée des torrents ! Ouf !
Bien entendu, l’intermède est également mis à profit pour renouveler le service au niveau des tables. C’est l’aspect commercial de la chose. Il faut bien, pour sa part, que le tenancier trouve son compte, les clients étant en passe d’obtenir le leur ! En clair, il s’agit d’une véritable industrie bâtie à la fois autour du sexe et sur l’avidité des hommes. Les danseuses sont des employées rémunérées pour leur prestation à la fois par l’employeur et par ces voyeurs de clients. C’est selon qu’elles s’exhibent plus et au gré des spectateurs. Les plus voraces passent même la commande.
Arrive le moment torride, celui que tout le monde attend et régulièrement annoncé par le D.J (Disc Jockey) comme le clou de la soirée, certainement dans le but de décourager les rentres-tôt, pensent les sceptiques. C’est aussi le quart d’heure de gloire des danseuses. Elles ont décidé de faire craquer le plus solide des mecs. Elles y parviendront. Le DJ avait donc raison. Cette fois-ci, la digue céda pour de bon chez nombre de spectateurs.
B.S. Diarra
FAUT-IL INTERDIRE LA PRATIQUE?
A Dakar et Abidjan, les âmes sensibles et les puristes se sont offusqués face à la situation. Dans le cas sénagalais, une vidéo de la sequence a été réalisée et mise sur internet. Toute chose ayant suscité une vive indignation des gardiens du temple. Ce n’était pourtant pas une première nonobstant les mesures draconiennes prises par les autorités.
Au Mali, la plupart des discothèques accueillant de telles soirées prennent soin d’interdire l’accès aux mineures. Pas suffisant, peut-être, mais l’interdiction formelle ne risque t-elle pas d’inspirer des soirées et clubs privés spécialisés? C’est d’ailleurs déjà le cas à Bamako, à l’heure actuelle. Et ce ne sont pas de petites gens qui l’organisent. Suivez mon regard ! En tout état de cause, à ce stade, la loi reste impuissante.