Bamako, la capitale malienne, est devenue de plus en plus un gros parc de mendiants de tous les âges et de toutes espèces. En plus des enfants « talibés » et vieux aveugles qui pullulent entre les carrefours, ces derniers temps, de nouvelles formes de mendicité ont vu le jour. Il s’agit de celle pratiquée par des mendiants de nuit qui passent de porte en porte et n’hésitent point de laisser des traces après leur passage.
Il suffit de prendre les grandes voies de la ville de Bamako, la capitale malienne, pour se rendre compte du développement exponentiel du phénomène de la mendicité, au regard du nombre de mendiants. Ils sont visibles au niveau de tous les ronds-points, parkings et places publiques. A telle enseigne, que l’on ne se prive pas de se poser la question de savoir, d’où nous viennent tous ces quémandeurs de la charité ? Sont-ils tous des vrais mendiants ?
Par manque de statistiques fiables au niveau des services sociaux, il est difficile de répondre à ces questions. Mais ce qui reste évident est que le centre ville est inondé quotidiennement par des milliers de compatriotes, sans emploi fixe. Si, au niveau du grand marché, ils sont plus nombreux que les vrais commerçants ou tenants d’étales, sur les parcs de transports en commun, ils dépassent de loin en nombre les vrais conducteurs ou apprentis-chauffeurs. Idem au niveau des stations services et espaces de ventes et réparation des téléphones portables. Ce sont donc les mêmes individus, une fois la nuit tombée qui font le tour des quartiers, surtout les plus lointains, généralement aisés de la capitale, pour pénétrer les concessions en guise de mendier la charité. Dans le lot de ces nouveaux mendiants nocturnes, on dénombre aux cotés des vrais mendiants, des bandits et des indicateurs au service des bandits. Selon plusieurs témoignages, dès qu’ils franchissent le seuil de la porte, ils scrutent les moindres coins et recoins de la maison. Et il n’est pas rare après le passage de ces ‘’mendiants nocturnes’’ de recevoir durant la même soirée ou les nuits qui suivent la visite des voleurs chez soi, témoignent certaines victimes de vol à domicile.
Ces mendiants nocturnes, selon toujours les mêmes témoins, ont un discours qui ne varie pas. « Ils affirment avoir passé la journée en ville sans trouver de quoi ramener à la maison… » confie A.Touré, un enseignant vivant à Kalaban Coro, avant d’ajouter qu’il y a aussi des adolescents qui évoluent dans le même créneau. « Une fois dans la cour, ils se mettent à fredonner des chansons religieuses tout en scrutant religieusement la nature des serrures de la porte d’entrée du salon » ajoute-t-il.
Si ces ‘’mendiants nocturnes’’ ne sont pas démantelés tôt, il n’est pas exagéré d’affirmer que les voleurs ont de beaux jours devant eux dans la Cité des Trois Caïmans.
Par Jean Joseph Konaté