Elle assure être sortie de l’ascenseur au mauvais étage et être entrée sans se rendre compte de son erreur dans l’appartement de son voisin, dont la porte n’était pas fermée à clé. Dans la pénombre, pensant avoir à faire à un intrus, elle avait ouvert le feu sur le jeune homme, avant d’appeler les secours. Ce dernier avait été admis à l’hôpital où il avait succombé à ses blessures.Initialement poursuivie pour “homicide involontaire”, Amber Guyger est désormais accusée de “meurtre” et encourt la réclusion à perpétuité. Elle a été licenciée de la police de Dallas, où elle travaillait depuis quatre ans.
Le procès de la jeune femme -qui a débuté début septembre- se poursuit et à la barre, lundi, le procureur Jason Hermus a souligné les nombreuses occasions manquées par la policière pour réaliser qu’elle s’était trompée d’étage. “Elle passe devant 16 appartements et ne voit aucun numéro 4”, a-t-il lancé. Pour son avocat Robert Rogers, la policière a fait une “tragique erreur” de jugement. Sa cliente pensait “fermement et de manière raisonnable” qu’elle était dans son appartement, a dit M. Rogers aux 12 jurés, et elle “n’avait pas d’autre choix, pas d’autre option que d’utiliser son arme pour ne pas mourir” quand elle a vu un homme plus grand qu’elle s’approcher.
Des réponses attendues
Il a souligné l’état de fatigue et de stress de sa cliente qui sortait d’une longue vacation le soir du drame ainsi que l’absence de marquage dans les couloirs du complexe résidentiel qui, a mené selon lui, à plusieurs méprises d’autres locataires. Au début de l’audience, la juge Tammy Kemp a refusé la demande de dépaysement du procès déposée par les avocats d’Amber Guyger, qui arguaient de la couverture médiatique de l’homicide qui avait selon eux dressé la population locale contre leur cliente.
La juge a en revanche accepté que le jury ait accès à la conversation téléphonique entre la policière et les services d’urgence après le drame, et au contenu de messages sexuellement explicites envoyés par l’accusée à son compagnon d’alors, également policier, quelques minutes avant les coups de feu. La soeur aînée de Botham Jean, Allisa Findley, a affirmé à la barre ne pas avoir “encore accepté” la mort de son frère. Elle a dit vouloir avoir “des réponses” lors de ce procès. “Le fait de franchir cet obstacle mènera probablement à la guérison”, a-t-elle expliqué. La famille avait notamment dénoncé un “traitement de faveur” réservé à la policière au début de l’enquête, alors que des informations avaient rapidement fuité dans la presse sur la découverte de marijuana au domicile de la victime. Les statistiques judiciaires montrent qu’il est rare aux Etats-Unis qu’un policier blanc ayant tué un Noir soit condamné pour meurtre.