La naissance d’un enfant est toujours un événement particulier. et le contexte peut la rendre encore plus singulière. L’annonce de la venue de la «petite Fanta» dans le ciel entre Dakar et Bruxelles a été accueillie par les internautes avec humour et beaucoup d’interrogations.
On ne choisit pas son pays de naissance mais on peut choisir celui d’autrui, sa progéniture, par exemple. Ce propos cadre parfaitement avec la publication sur la page Facebook Gossip Room, qui annonce que : «La petite Fanta est née en plein vol entre Dakar et Bruxelles le 14 février 2025, peu après le décollage». L’information précise le professionnalisme du personnel de cabine de Brussels Airlines, à l’image de Jennifer, diplômée de médecine, qui a permis à la maman d’accoucher dans de bonnes conditions.
Si les internautes ont bien accueilli la nouvelle et souhaité plein succès au nouveau-né, beaucoup se sont amusés en s’interrogeant sur la nationalité de cet innocent voyageur, les raisons de l’embarquement de la passagère enceinte à terme, à bord d’un avion.
En effet, la nationalité d’une personne est établie à partir de son territoire de naissance ou de l’origine de ses parents : la ville, la région, le pays, etc. Donc, il sera difficile de le déterminer quand cela se réalise dans les airs comme c’est le cas de la petite Fanta. C’est pourquoi Jeanna Zeh veut savoir : «Comme elle est née en plein vol, quelle sera sa nationalité ? », interroge-t-il. Sheilla Dorcelus réplique : «Est-ce importante sa nationalité ? Pourquoi on classe les gens par pays ?», s’interroge cette commentatrice qui estime « Nous sommes tout simplement des habitants de la terre car elle appartient à nous tous. On doit vivre sans frontière », promeut-elle.
Cet accouchement dans des conditions moins commodes n’est pas du goût de Mandy Ngabua, qui questionne l’équipage sur les raisons et la légalité de l’embarquement de la future maman à terme : «Comment vous avez embarqué à bord une femme à terme ? Avait-elle l’autorisation de son médecin ?», écrit-il non sans oublier de remercier l’équipe médicale qui a fait preuve de professionnalisme.
Etre européen ou rien !
A défaut de la double nationalité, devenir citoyen européen est l’autre devise de la bourgeoisie africaine. Autant l’Occident fascine autant l’Afrique inquiète. De nombreux défis liés à la condition de vie humaine demeurent irrésolus. L’instabilité politique, la mauvaise gouvernance avec son cortège de corruption, un système sanitaire fragile, l’éducation et la formation inadaptée, le chômage, la pauvreté sont des maux qui frappent l’Afrique, laissant très peu d’espoir de lueur pour l’avenir radieux.
Dans cette incertitude, être Européen ou avoir le parfum occidental, devient un rêve africain. Si certains y parviennent après l’âge d’adulte en émigrant, d’autres le deviennent de naissance, par la volonté de leurs parents. Quand on décide de choisir un destin pour sa progéniture, c’est ce que ça donne souvent, selon Kellygrace Bashala qui pense que «La maman voulait à tout prix accoucher à Bruxelles voilà elle accouche en plein vol». Il reconnaît aussi les efforts consentis «Heureusement qu’il y avait des personnes disposées pour ce genre de situation» se réjouit-elle.
Une pratique courante en Afrique
Si cette pratique, très courante en Afrique noire, notamment au sein de sa bourgeoisie, vise à doter des progénitures de la double nationalité, c’est-à-dire des citoyens jouissant du droit de citoyenneté de deux nations, elle soulève aussi le questionnement sur l’amour de la terre africaine chez son peuple et les opportunités qu’elle peut offrir à ses fils. A titre illustratif, on compte des biens immobiliers à l’étranger, c’est-à-dire en Occident, appartenant à des dirigeants africains en fonction ou anciens, à des hommes d’affaires qui, en cas d’ennuis, y trouvent refuge. Mais avec l’évolution du contexte géopolitique, les binationaux courent aussi des risques. Les révisions constitutionnelles, dans certains pays, leur interdisent l’accès à la magistrature suprême.
Qui sont les parents de la petite Fanta ? De quelle (s) nationalité (s) peut – elle se prévaloir?
Par Broulaye Koné