L’affaire, qui oppose Mariam Niangado à l’escroc Moussa Niangadou, a été mise en délibéré pour lundi prochain. En attendant, celui qui a voulu abuser la comptable, pour la somme de plus de 21 millions de FCFA, bénéficie de toutes les largesses possibles.
Un fois dans la salle, l’audience qui le concernait n’a duré qu’une quinzaine de minutes. Il s’agissait pour son avocat, Me Daman Coulibaly, de réitérer sa demande de mise en liberté provisoire. Dans son court plaidoyer, l’avocat a expliqué: "Moussa Niangadou est père de famille, il entretient son vieux père et doit vaquer à ses occupations pour pouvoir payer la dette pour laquelle il est actuellement incarcéré. Il est domicilié à Missira et peut amener des garanties".
Mais, voilà, a répliqué Me Malick Djibrilla, conseil de Mme Niangado: "j’aurais voulu entendre de la part de mon confrère une demande de mise en liberté provisoire assortie d’une proposition de paiement d’une somme supérieure ou égale à la moitié de la dette, ou de garanties vérifiables. Mais rien de tout cela. Je constate que nous faisons du surplace et que le prévenu n’est pas prêt à payer la somme qui nous est due. C’est pourquoi nous refusons cette demande de liberté provisoire".
Me Malick de continuer. "Moussa a été arrêté à Ségou, alors qu’on estimait qu’il avait une garantie de domiciliation à Bamako. Nous lui avons proposé un protocole d’accord qu’il n’a jamais respecté. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui devant les tribunaux". Le Ministère Public, lui, a estimé que "vu l’enjeu du montant, la liberté provisoire doit être soumise au paiement d’une caution".
Mme Niangado, avec qui nous nous sommes entretenus un peu plus tard, a déclaré "ne pas vouloir s’acharner contre le jeune Moussa". "Je demande tout simplement qu’il me paie la moitié de la dette et qu’il me donne des garanties sûres. Cela ne m’arrange pas qu’il soit détenu. Mais, puisqu’il ne fait pas montre de bonne foi, nous devons faire recours à la justice".
Rappelons que les faits remontent à 2009. Le prévenu Moussa Niangadou, gérant de société de son état, avait l’habitude de prendre des marchandises à la dame Mariam Niangado afin de les vendre et de lui remettre ensuite les montants convenus. Suite à un marché, Moussa Niangadou lui avait remis un chèque de 1 550 000 FCFA, qui s’est avéré sans provision. Sur ce montant, Moussa Niangadou lui avait remboursé la somme de 1 000 000 FCFA, une année après les faits. Tentant de rentrer en possession du reste de son argent, soit la somme de 550 000 FCFA, Mariam Niangado prit contact avec le père du prévenu, Amadou Ali Niangadou, afin que ce dernier intervienne auprès de son fils pour qu’il lui paye son dû.
C’est ainsi que ce dernier l’informa du fait qu’il venait d’être attributaire d’un marché de fourniture de cent ordinateurs au profit de l’Assemblée Régionale de Ségou. Il lui demanda donc de fournir lesdits ordinateurs, afin non seulement de récupérer les 550 000 Francs CFA que son fils lui devait mais également de réaliser des bénéfices sur ce marché.
Ayant confiance en le père Niagandou, Mariam Niangado acceptera cette proposition. Avant d’exécuter, comme convenu, le marché. Elle remettra cinquante ordinateurs et cinquante onduleurs, d’une valeur de 22 050 000 FCFA, à Moussa Niangadou le 30 mai 2009. Lui, à son tour, les livrera à l’Assemblée Régionale de Ségou.
Pendant plusieurs mois, le jeune Niagandou lui fera croire que le montant du marché ne lui avait pas été payé par l’Assemblée Régionale de Ségou. N’ayant pu entrer en possession de son dû, et lasse d’attendre, Mariam Niangado se rendit à Ségou pour vérifier les dires de son collaborateur. Sur place, on lui notifia que le montant du marché avait été payé depuis plusieurs mois. Munie de l’avis de crédit, elle se transporta au Trésor Public, où on lui donna la certitude que le montant a été payé. C’est ainsi qu’elle porta plainte contre Moussa Niangadou pour abus de confiance.7
Paul Mben