MOUSOBOUGOU : une foire du sexe

    0

    Prostitution, trafic de stupéfiants, abus d’alcool, propagation des IST et VIH Sida… Les maux qui sévissent  à « Musobougou » ou cité de la femme, sont loin d’être exhaustifs. Située au pied de la colline de Médine, cette « cité » est un véritable village, créé par les boniches, qui ont découvert la Face cachée de la grande ville : le commerce du sexe.

    Si Musobougou I est une ONG caritative, dont la  mission est d’assister et d’aider les boniches en situation difficile, la vocation de  Musobougou II est, par contre, de servir de théâtre au plus vieux métier du monde exercé, ici, par les aides ménagères. Et les clients ne manquent pas à l’appel d’offres. Conçue avec des hangars et des maisonnettes en tôle usées, Musobugu II ouvre ses portes à toutes les heures de la journée. Mais elle, est particulièrement, animée à partir de 19 heures. Après le dur  labeur de la journée, les boniches montent à l’assaut du  village, pour vendre leurs charmes. A celles-ci s’ajoutent les pétasses, qui ont abandonné leurs familles d’accueil, au profit de « leurs clients ». Ces clients sont, aussi, particuliers que ces lieux : conducteurs de pousse-pousse, gardiens ou boys de maison, blanchisseurs traditionnels, communément appelés tapeurs de bazins…

    Un drôle de maquis.

    Il est 20 heures, et  déjà Musobugu est pleine à craquer. Tout comme dans un maquis normal, la musique y est présente. Nanas et mecs se mettent à danser, sous les applaudissements de ceux qui préfèrent s’asseoir, pour siroter une boisson.  Dans ce maquis, tout passe par le verre : bière raffinée ou dolo à base de mil, du vin de bonne qualité ou frelaté : «  ça dépend des prix ! », selon S.D, un ancien conducteur de pousse-pousse, converti en barman à Musobougou… Soudain, des couples disparaissent et réapparaissent. Selon S.D, ces couples font un tour dans les gourbis en tôle, qui tiennent lieu de chambres de passe. A Musobugu, tout se paie, même l’information. Pour nous permettre de fourrer notre nez dans une de ces chambres, il nous a fallu délier le cordon de la bourse (1000CFA). Dotées de vieux matelas, ou de vieux draps étalés à même le sol, les chambres sont à moitié éclairées, à l’aide d’une veilleuse. Le sol est constamment humide, car il n’est ni cimenté, ni carrelé. D’après un habitué de ces lieux, un couple a failli être victime d’une morsure de serpent, il y a quelques jours.

    Ces filles, victimes  de leur rêve

    Agées de  14 à 22 ans, ces boniches ont découvert Musobugu, à travers le bouche – à oreille de leurs camarades. Attirées, elles sont très vite prises au piège. Mais, dans la plupart des cas, ces filles s’en sortent avec des MST et autres maladies qu’elles n’ont pas les moyens de soigner. Une « 52 » de 17 ans, nous confie sa mésaventure : « Je suis vendeuse d’eau fraîche à Missira. Après le marché, je viens ici. C’est ma copine Sira, qui m’a indiqué cet endroit. Je peux y gagner 2000 CFA, par jour. Ces gains nous permettent d’arrondir nos fins de mois. Après, je rentre tranquillement dans ma famille d’accueil. ». Connaît-elle les IST et le VIH/SIDA ? Elle répond : « Oui ! J’ai entendu parler du sida et de la perte blanche, c’est pourquoi j’exige des préservatifs aux clients ». Voilà, au moins, une bonne nouvelle ! Mais, certaines ignorent ces maladies, ou pensent que leurs clients sont sains. Matou, une boniche de 16 ans, qui souffre d’une bilharziose, témoigne : « Cela fait plus d’une semaine que j’ai de la peine à faire pipi. Ma première ordonnance s’est élevée à plus de 15.000 CFA ! Si ma patronne n’était pas généreuse, elle m’aurait jetée à la porte. Mais elle s’est engagée à me soigner, gratuitement. Je ne mettrai plus jamais les pieds dans  cet endroit satanique ! », Promet-elle, les larmes aux yeux.

    Selon S.D, les poulets n’y sont jamais intervenus. L’accès est certes difficile, mais ce coin ne doit pas être méconnu de la Brigade des Mœurs. L’inspecteur Sanogo a un bon flair. Mais, est-il vraiment au courant de l’existence de cet endroit ? Ou, c’est parce que ces boniches sont incapables de lui verser 10.000 CFA de contravention ???

    Chrystelle

    Commentaires via Facebook :