S’il y a aujourd’hui le commerce d’une durée précieuse qui inquiète les populations de Bamako surtout et les autorités du pays, c’est bien celui des eaux prétendues potables, mises en sachet et vendues dans les kôrô bôrô boutikini (c’est-à-dire les boutiques des sonrhaï) dans les coins de rue. De véritable “broubrou dji “ (entendez par là de l’eau impropre à la consommation et contenant des particules solides) que nous buvons involontairement le plus souvent.
En effet, sachant bien qu’à l’intérieur de la capitale l’attention des consommateurs est de plus en plus attirée sur eux, les producteurs de ces ‘’eaux sales’’, se tournent désormais vers les localités périphériques de la capitale, où tout peut consommer sans un réel contrôle des services de l’Etat. C’était à Moribabougou la semaine dernière.
Cependant n’importe qui peut se lever n’importe quand pour acheter du plastique, et commencer à mettre dans un sachet de 50 centilitres de l’eau, et écrire également n’importe quoi, pour le vendre. Une activité de micro entreprise individuelle très florissante de nos jours qui échappe à la vigilance des agents de l’Etat. D’où exactement le caractère dangereux et le flou qui entourent la mise sous sachet plastique de la supposée eau potable.
Dans leur quête de gain sale et facile, ces vendeurs de maladie mettent en œuvre des actions de marketing pour attirer les consommateurs. Ainsi, des noms religieux respectables comme ‘’ Makan dji ‘’ (du nom Mecque en bambara, lieu de pèlerinage des musulmans) ou zam-zam dji se trouvent coller sur les sachets. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une arnaque destinée à jouer avec le sentiment religieux des fanatiques ou de musulmans circonstanciels.
En effet, il s’est avéré que ‘’ l’eau potable ‘’ Makan dji est impropre à la consommation, et le sachet ne comporte aucune mention de date de péremption. Des particules facilement visibles ont été découvertes dans trois sachets de 50 centilitres, que nous nous sommes procurées dans la localité de Moribabougou. La saveur était autre que celle d’une eau potable véritable. Ou bien s’agit-il d’une présentation naturelle de l’eau potable makan d’ji ‘’ made in Bamako Coura Rue 359 ‘’ ?
En tout cas le nom Makan dji ne mérite nullement qu’on vende de l’eau trouble, sale et désagréable à la vue à nos pauvres populations, dont la santé laisse à désirer.
ABZ