MŒURS : Le mauvais usage des téléphones portables

    0

    Des séquences érotiques et mêmes pornographiques, des insultes graves enregistrés dans les appareils téléphoniques et ventilés. C’est le phénomène aujourd’hui à la mode dans certains milieux. Le jeu n’est pas sans risque pour ses initiateurs.

    rn

    Les filles dont l’image a désormais fait le tour de la capitale aiment certainement s’exhiber devant des voyeurs fort intéressés. Les premières ne savaient peut-être pas que le phénomène aurait une si grande ampleur. Si elles cherchaient la célébrité, elles l’ont enfin obtenue.

    rn

    L’autre tendance à la mode consiste à enregistrer des réactions plutôt violentes ponctuées d’injures grossières sur certaines questions de sociétés. Les personnes qui se livrent à de telles activités ont tort de se croire dans la sécurité de l’anonymat. Loin s’en faut. Approchés par nos soins, les techniciens des sociétés de téléphonie préviennent : « il est tout a f ait possible de remonter les traces des messages supposés anonymes. Toutes les communications électroniques laissent des traces, précisent-ils. Il est facile de s’en rendre compte en se  connectant à un ordinateur avec le logiciel approprié ». 

    rn

    Peut-on dès lors identifier quelqu’un à travers sa voix ? Réponse sans ambages du criminologue et non moins Inspecteur Principal Papa Mamby Keïta du  Commissariat de police du 3ème Arrondissement:

    rn

    «Tout à fait ! Le timbre vocal est comme une empreinte digitale. La voix est unique chez les individus. Même enrhumée, une voix humaine garde son timbre propre qu’il est possible d’identifier parmi des millions. S’agissant des poursuites, l’opportunité  ne nous revient pas. Encore, faudrait-il qu’il y ait une plainte adressée au juge ou au procureur qui ordonne l’ouverture d’une investigation et ordonne aux sociétés de téléphonie de mettre leur répertoire et donnés  à disposition pour les besoins de l’enquête».

    rn

    Puisqu’il est possible de remonter la piste, d’appréhender les auteurs, que prévoit la loi malienne en la matière. Le Magistrat Modibo Tiéoulé Diarra, Juge au Siège au Tribunal de Première Instance de la commune III de Bamako répond:

    rn

    « C’est l’article 325 qui sanctionne les injures, c’est-à-dire, ceux qui, sans avoir été provoqués, auraient proféré contre quelqu’un des injures non publics. Mais ce n’est pas tout. 

    rn

    Il s’agit aussi, comme vous le dites,  de l’atteinte à l’intimité de la personne sanctionnée par les articles 125, 126, 127, 128 et 129.

    rn

    Peuvent être considérées comme des atteintes à l’intimité de la personne, les faits suivants :

    rn

    – Le fait d’exécuter, d’enregistrer ou de transmettre volontairement les paroles prononcées dans un lieu privé par une personne sans son consentement et en dehors de l’autorisation de la loi ou du juge (quelque soit le moyen utilisé) ;

    rn

    – Le fait de fixer, transmettre, à l’aide d’un appareil quelconque, l’image d’une personne se trouvant dans un lieu privé sans son consentement ;

    rn

    – Le fait de conserver sciemment, de porter volontairement ou laisser porter à la connaissance du public ou d’un tiers l’un des faits ci-dessus ;

    rn

    – lorsqu’il y a eu publication, des poursuites peuvent être engagées contre les personnes énumérées  par la loi portant régime de presse et délit de presse dans les conditions fixées par cet article.

    rn

    Il faut retenir que l’infraction est constituée dès lors que la publication est faite, reçue et perçue au Mali.

    rn

    Le fait de publier  sciemment par quelque voie que ce soit, le montage réalisé avec des paroles ou images d’une personne sans son consentement sauf s’il apparaît l’évidence qu’il s’agit d’un montage ou s’il n’en est pas  expressément pas fait mention « 

    rn

    Les peines de ces infractions sont les suivantes : un emprisonnement de 6 mois à 3 ans de prison et une amende de 25.000 à 300.000 F CFA ou de l’une de ces deux peines seulement.

    rn

    Mais pour le Magistrat Diarra, le législateur peut faire mieux :

    rn

    « A mon sens, l’application  de ces dispositions est un pis-aller  dans la mesure où ces faits constituent de nouvelles infractions non encore pris en compte par le législateur. Celui-ci doit donc légiférer  dans ce domaine, à savoir les infractions liées à l’usage des outils nés des nouvelles technologies de la Communication ».

    rn

      Au-delà de ces dispositions légales et réglementaires, certains comportements relèvent de la morale de notre société et interpellent tout le monde y compris, les adeptes de cette nouvelle activité.

    rn

    B.S. Diarra et Fatoumata Dicko

    rn

    Commentaires via Facebook :