Le mardi 13 juillet restera longtemps gravé dans la mémoire collective des cultivateurs de la zone déguerpie de Niamakoro. En effet, pour une banale dispute, Alassane N’Diaye, né vers 1933 à Matam au Sénégal, exerçant le métier d’éleveur, a dégainé et tiré à bout portant sur le cultivateur Ousmane Diamoutènè qui décéda des suites de ses blessures.
En cette période hivernale, les conflits entre éleveurs et agriculteurs sont désormais traditionnels. Les premiers voulant offrir des prairies à leur troupeau sont toujours confrontés aux seconds déterminés à protéger leurs champs. Si généralement le différend est résolu chez le chef du village ou chez le "commandant", il arrive malheureusement que cela se termine souvent par un bain de sang. Et c’est ce qui est arrivé dans la matinée du mardi 13 juillet dans la zone déguerpie de Niamakoro. D’après le commissaire Issiaka Tounkara, chef de la police judiciaire du commissariat du 10ème arrondissement, vers 10 heures, ils ont été informés par le réseau de communication de la police qu’un individu vient de tirer sur un autre qui est mort des suites de ses blessures à Niamakoro.
Aussitôt, une équipe dirigée par le chef PJ, Issiaka Tounkara, s’est immédiatement rendue sur les lieux et a procédé à l’interpellation de l’assassin qui était encore en possession de l’arme du crime : un fusil de chasse traditionnel. N’eût été la promptitude avec laquelle le commissaire Tounkara et ses hommes sont intervenus, le vieux criminel serait, à son tour, mis à mort par des curieux qui l’avaient encerclé. "Nous avons procédé à son arrestation et l’avons conduit à notre commissariat" a indiqué le chef PJ.
D’après les premières enquêtes policières, il apparaît que l’assassin, Alassane N’Diaye, détient un troupeau qu’il fait paître dans les petits champs d’autrui. Les ravages des moutons ont, naturellement, occasionné des mécontentements chez les paysans. Après plusieurs rappels à l’ordre et mises en garde à l’endroit de l’éleveur, celui-ci n’a pas daigné prêter une oreille attentive aux injonctions des cultivateurs. Avec son fusil qu’il brandit à tout bout de champ, le vieillard n’avait peur de personne ni de rien et avait toujours réussi à tenir en respect ses "détracteurs" sous la menace de son arme.
Selon des témoins du crime, il aurait eu, il y a trois jours environ, des altercations entre l’éleveur N’Diaye et le cultivateur Diamoutènè. Ceux qui ont assisté à ce crime odieux confirment que dans la matinée du mardi 13 juillet, une dispute a éclaté entre N’Diaye et Diamoutènè. Ce dernier aurait intimé à N’Diaye l’ordre de quitter les lieux avec ses animaux. Moins âgé, Diamoutènè serait même venu prendre le fusil et le jeter à terre avant de bien serrer le col au vieux indélicat pour lui faire entendre raison. Apparemment, N’Diaye s’est senti humilié, lui qui menace tout le monde de mort pour des banalités. Envahi visiblement par Satan, il décida de laver ce qu’il considère, dans sa déposition à la police, comme un affront. Là, il se saisit de son fusil de chasse et envoya une balle qui alla se loger dans la tête du pauvre Diamoutènè qui rendit l’âme devant une foule de curieux.
Le commissaire Issiaka Tounkara qui gère le dossier ne comprend toujours pas le vieil assassin quand il tient des propos du genre "Je ne regrette absolument rien, s’il fallait refaire je le referais et j’ai bien préparé mon coup. Car, je savais que Diamoutènè reviendrait s’attaquer à moi". "Avec le concours des services de la protection civile, le corps du défunt a été déposé à la morgue de l’hôpital Gabriel Touré. Mais, malheureusement, au moment où a lieu cet entretien (ndlr : vers 16 heures le mardi 13 juillet), les parents de la victime ne s’étaient pas manifestés, certainement, parce qu’ils n’avaient pas eu l’information. Car, le défunt quittait le village de Sénou pour venir cultiver dans la zone déguerpie de Niamakoro" a conclu le commissaire Issiaka Tounkara, chef PJ du 10ème arrondissement de police.
Dans tous les cas, ce crime qui a été commis avec préméditation, pose la problématique du port d’armes dans notre pays. Des individus se promènent avec leur arme au nez et à la barbe des forces de l’ordre sans avoir à rendre le moindre compte à qui que ce soit. Si rien n’est fait, nous courons le risque d’une situation chaotique où chacun serait tenté de se défendre.
Diakaridia YOSSI