Meurtre à Titibougou : Il assassine le berger et lui vole son veau

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    Qu’importe le flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse. Tel était le credo de WEINA FOMBA dit EFRAKATA, meurtrier et voleur ayant désormais à son actif 68 têtes de ruminants, de la charogne et aujourd’hui, le meurtre d’un berger Peulh.  Pour les gardiens du temple, à savoir les détenteurs de la tradition, l’assassinat d’un Peulh par un forgeron ne pouvait rester impuni.  Telle serait la règle.

    Lundi 18 Octobre, 03H du matin dans la zone de TITIBOUGOU, Issa Diallo, berger, somnole pendant que son  troupeau paisse tranquillement non loin de là. Rien d’anormal. Il en est ainsi depuis maintenant plusieurs années. Pour un peulh, berger de père en fils, c’est plutôt une tradition. Mais son sommeil fut brusquement interrompu par un coup fatal reçu à la nuque. Il venait d’être victime d’une agression.

    Son assaillant répondant au nom de WEINA FOMBA dit FRAKATA est, ce qu’il convient d’appeler, un marginal. Il était à la recherche de proie depuis maintenant plusieurs heures. Mais quelle proie ? Au moins une bête à abattre et dont la viande sera livrée sur le marché de la consommation. Il en est ainsi depuis plusieurs années. Faisant office de boucher à l’abattoir frigorifique de Bamako, FRAKATA comme l’appellent les intimes, n’a aucun tabou. Il est prêt à tout pour se procurer une tête de bétail en vue de vendre la viande à un client habituel avec lequel il partage bien de choses. Ensemble, ils sont même arrivés à abattre des ânes dont la viande a été livrée sur le marché. Peut être, aviez-vous, sans le savoir consommé, de la charogne ? Dieu vous pardonnera !

    Ce jour, en manque de gibier, FRAKATA tournoyait dans la zone de TITIBOUGOU quand il aperçut le berger ISSA Diallo dormant du sommeil du juste. Il s’était auparavant procuré  d’une clef à roue trouvée dans un garage non loin de là. Il s’approcha avec précaution de sa victime et lui assena un violent coup sur la nuque. Le sang froid avec lequel il exécuta son coup n’est assurément pas à la portée du premier venu. L’alcool aidant (il avait ingurgité une grande quantité d’un breuvage enivrant) et certainement, sa profession de boucher de nature à le prédisposer à la violence, ont été déterminants dans ses faits et gestes.

    Une fois sa victime mise hors d’état de nuire, il choisit un veau étant entendu qu’il n’avait aucune chance avec un bœuf à lui seul. Pendant qu’il abattait l’animal, sa victime qui n’était visiblement qu’assommer, commença à bouger. Toujours avec le même sang froid, il abandonna le veau afin de s’occuper  du berger. Il noua un foulard autour de son coup il l’étrangla. Une fois la sale besogne terminée, il revint sur son veau qu’il dépeça sans plus se soucier du berger, ou du moins si ! Il le dépouilla de tous ses objets : argents, téléphone et autres. 

    Quelques heures lui suffirent pour en finir également avec l’animal. Il transporta ensuite la viande chez lui et fit appel à son fidèle client : Moussa Kanté. Plusieurs années déjà qu’ils travaillent ensemble et toujours la  même méthode. A son tour, Moussa Kanté céda la marchandise à ISSA GANAME qui le livra sur la marché de la consommation. La boucle était bouclée. Et   FRAKATA s’en alla dormir du sommeil du juste comme sa victime au moment du meurtre.

    Son sommeil ne sera, malheureusement pour lui, de tout repos dans la mesure où le redoutable Inspecteur principal de Police Papa Mambi Keïta surnommé l’Epervier du Mandé venait d’être mis sur le coup après la découverte du crime. Il fallut 72 heures au  limier de la brigade d’Investigation judiciaire (BIJ) pour élucider l’affaire. Le meurtrier avait laissé beaucoup trop d’indices mais pas visibles pour tous.

    Quatre personnes dont le principal auteur et trois complices   sont aujourd’hui arrêtées. Elles ont reconnu les faits et attendent d’être  présentées au juge. 

    Au sein de la communauté Peuhle et Forgeron, l’on ne s’étonne guère de la tournure favorable que les événements ont prise. Selon une croyance bien ancrée dans nos mœurs en effet, il existerait,  une véritable sacralité entre Peulh et Forgeron. Et puisque la nature a horreur de la simplicité, il se trouve que les principaux personnages de l’affaire sont issus des communautés, peulh (la victime Issa Diallo) et Forgeron (WEINA FOMBA, auteur, fils de DAKOUNA MISSIBO et Moussa Kanté complice).  Troublant ! 

    B.S. Diarra

    Source : Les Echos

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