Menaces sur l’approvisionnement en eau de Bamako : Le chantier de Kabala a pris feu hier !

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    Le chantier de Kabala a pris feu hier

    Hier dimanche, 28 octobre 2018, le chantier du réseau de ravitaillement de Bamako en eau potable à partir de Kabala, confié à l’entreprise SOGEA SATOM Mali, a pris accidentellement feu. Une bonne partie des installations s’est envolée en fumée.

     

    Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous donnons cette nouvelle qui constitue un coup dur pour les investissements publics en vue de satisfaire la demande de Bamako en eau potable.

    En effet, le projet de Kabala doit permettre de produire un volume d’eau supplémentaire de 144 000 m3 par jour, pour assurer l’alimentation en eau potable de la ville de Bamako. Ce volume représente 68% de la production actuelle et soulagera de manière significative les populations confrontées à la corvée d’eau, notamment les femmes.

    Que d’espoir alors porté sur ce projet dont la réalisation bénéficiera à une population d’environ 1,6 million personnes, soit 64 % de la population de la ville de Bamako, dont 50,4 % de femmes, outre la réalisation d’une station de traitement capable de produire la totalité du volume journalier projeté, et doté d’une station d’alerte pour veiller à la qualité de l’eau produite.

    Ce projet structurant bénéficie de l’accompagnement d’une dizaine de bailleurs de fonds avec une allocation financière, sous forme de dons et de prêts, pour plus de 172 milliards de FCFA.  Lesdits travaux sont répartis en 3 lots : le lot 1 concerne la réalisation des ouvrages de prise, de pompage et de refoulement d’eau brute à partir du fleuve. Le lot 2 porte sur la construction de l’usine de potabilisation de l’eau brute. Le 3e lot concerne la fourniture et la pose de la canalisation de refoulement d’eau traitée de diamètre 1 600 mm entre la station de traitement et les réservoirs de Baco-Djicoroni.

    C’est justement au niveau du lot 2 que le feu s’est déclaré hier dimanche, 28 octobre 2018. Aux dires des sources rencontrées sur place, l’incident est survenu suite à un problème électrique, à la base du lot 2 du chantier dont les travaux sont confiés par SOGEA-SATOM au groupe d’entreprise SUEZ-OTV-SOGEA-SATOM-AI PROJECT. L’essentiel de tout ce qui a été jusque-là réalisé est consumé par les flammes. On ne déplore pas de perte en vie humaine car, heureusement, pendant que le feu se déclarait hier dimanche, personne ne travaillait sur ce chantier. Seuls les gardiens y étaient présents pour monter la garde.

    Notons que les sapeurs-pompiers ont accusé un énorme retard à porter secours à ce grand chantier en feu. Reste maintenant à savoir s’ils ont été alertés à temps pour pouvoir circonscrire les flammes qui ont finalement causé d’énormes dégâts.

    Déclinée en 2 phases, la durée totale du projet Kabala est de 6 ans, dont 4 ans pour la phase I (2014-2018) et 2 ans pour la phase II (2018-2020).

    Rappelons que, justement, cette phase 1 accusait déjà un retard énorme dans son délai de réalisation et avec l’incendie d’hier, les populations de Bamako devront encore patienter davantage, avant d’espérer en finir avec les corvées d’eau.

    Il nous revient que l’une des causes de ce retard dans la réalisation du chantier trouve explication dans des contraintes rencontrées lors des travaux, comme la qualité dure de la terre rendant difficile la réalisation de la canalisation par les travailleurs. Notons en outre que, selon nos sources, des querelles internes au sein de ce chantier handicaperaient également le bon fonctionnement des travaux. En effet, aux dires de certaines sources contactées sur place, des travailleurs auraient été limogés pendant que l’entreprise leur devait de l’argent. Ce qui aurait aggravé davantage le retard qu’accuse ce chantier dans sa réalisation.

    Rappelons aussi que ce projet date du temps du président Alpha Oumar Konaré. Son successeur, ATT, a voulu le réaliser, mais s’était heurté à un problème de financement, les bailleurs de fonds ayant exprimé une réticence suite à sa politique de refus d’augmentation des prix de l’eau et de l’électricité, assorti de subventions accordées aux entreprises nationales chargées de leur exploitation. Ce qui n’entrait pas dans leur logique.

    Le président IBK, qui a confisqué la paternité de ce projet, en passant tout son temps à claironner sa réalisation, était pressé de procéder à son inauguration pour grossir son bilan d’activités et en même temps se faire une provision de sympathie de la part de la population qui souffre terriblement du déficit d’approvisionnement en eau potable à Bamako.

    Ce serait dommage, si cet incendie qui a ravagé l’essentiel des travaux, devrait encore renvoyer tout ce programme aux calendes grecques.

    Fousseni TOGOLA

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