Marché de Banankabougou : Causeries sur le Nord et la hausse des prix

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    Au marché de Banankabougou, les discussions entre commerçantes portent sur la situation sociopolitique. Lasses de l’instabilité à Bamako et de l’occupation du Nord, elles ont oublié que la vie est devenue chère pour les consommateurs ou plutôt la préfèrent à une guerre fratricide.

    Mercredi matin, autour des étals, le débat au marché de Banankabougou ne se focalisait pas que sur la priorité donnée au triptyque marchandage-gain-bénéfice. A l’ordre du jour, il y avait aussi et surtout les rudes conditions de vie de nos frères du Nord ajoutées à la situation à Bamako. Toutefois, l’on est vite rattrapé par le train-train quotidien et les plaintes des ménagères à propos des prix qui prennent l’ascenseur sans crier gare.
    Pour Aïcha, négociante d’une trentaine d’années, le commerce des céréales marche plutôt bien malgré une hausse fulgurante de leurs prix. Le riz, base de l’alimentation par excellence des citadins, est monté en flèche après les événements du 22 mars 2012. Son coût varie de nos jours entre 400 et 500 F CFA le kilo contre 300, voire 350 F CFA, il n’y a pas longtemps.
    Une telle cherté peut être expliquée par la menace d’embargo de la Cédéao. Apeurée, la population a cherché à emmagasiner quelques sacs de cette céréale prisée au cas où… Mais, il y a lieu de craindre que cela ne soit définitif parce qu’au Mali, une fois que le prix s’envole, il n’est pas question qu’il redescende, admet Aïcha.
    Au marché de Banankabougou, le kilo du petit mil est fixé à 350 F CFA le. Du jamais vu… en tout cas pas dans les décennies antérieures où cette céréale était vendue à 150, voire 200 F CFA maximum le kilo. Le plus étonnant est que le plat préféré des Coulibaly, le haricot, est devenu intouchable par son coût exorbitant : 600 F CFA le kilo ! Dommage pour ceux qui ne peuvent pas s’en passer.

    La paix avant tout
    Pour Aïcha, l’heure n’est pas à la quête de grands bénéfices. Mais plutôt à l’entraide et à la solidarité. Son seul vœu reste la normalisation de la situation au Mali. Elle craint que les stocks nationaux finissent avant la fin de la crise, ce qui plongerait le pays dans un chaos. Elle prie pour la paix au nord et la stabilité à Bamako.
    Massitan est une mère spécialisée dans la vente d’épices en tous genres ou plutôt de toutes les saveurs. Sous un sourire radieux, elle assure qu’en plus de ces épices odorants, les bouillons, l’huile, les boites de conserve et bien d’autres condiments sans lesquelles nos sauces manqueraient de piment, n’ont pas subi de hausse.
    Elle ne redoute pas la montée des prix, mais la division du pays et les coups de force militaire à répétition. “Entre deux maux, il faut choisir le moindre”. Elle dit dans ce cas préférer la hausse des prix à la destruction du pays. Son souhait, c’est la cessation des tueries entre militaires dans la capitale et dans le Nord, fief des rebelles.
    Entre deux services à la clientèle, Bintou confirme que son business marche bien. Elle revendeuse de légumes. Elle indique que ses marchandises sont généralement des produits saisonniers, autrement dit que leurs prix varient en fonction de la saison. Ces temps-ci sont favorables à la culture de la tomate qui est donc moins chère, mais malgré tout il faut de l’argent. Et le plus dérangeant pour Bintou, c’est qu’après quelques jours “sans”, ses légumes se gâtent. De nos jours, les gens préfèrent économiser et rester sur le qui-vive parce qu’on ne sait jamais… de quoi demain sera fait.
    Toutes femmes sont unanimes sur un point, celui de l’insécurité. Elles ont peur, peur pour leurs familles, pour leurs concitoyens du Nord, peur pour l’avenir de ce pays. Elles espèrent néanmoins que le Mali retrouvera sa quiétude.
    Kadidiatou Djiré
    (stagiaire)

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