Riche ou pauvre, c’est toutes les couches de la population qui se tournent vers ces vêtements « importés » d’Europe. Pour certains en raison de leur qualité et pour d’autres leurs coûts moins chers.
Sans faille, le nouveau marché de Médina Coura, en quelques années est devenu le point de chute des balles de la friperie, importée de tous les continents. En longueur de journée, ils sont des centaines, ces citadins qui ne s’empêchent jamais de faire un tour au niveau de ce marché. Là-bas, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses.
Les friperies sont de nos jours des vêtements très prisés par la population et cela sans distinction sociale. Autrement dénommée « Yougou-yougou » , la friperie répond au choix de tous les âges ; du nouveau-né au vieillard : chemises, tee-shirts, pantalons, couvertures, draps, rideaux, sacs, chaussures et même des dessous. On en voit étalés partout dans les marchés et existent de nos jours des boutiques spécialisées en la matière.
En effet, les fans de friperie ne tarissent pas d’éloges pour vanter la qualité de leur choix. La majorité d’entre eux estime qu’on y trouve des vêtements de bonne qualité pour peu de sou.
« Je préfère la friperie parce que ces vêtements n’ont aucune différence avec ceux des boutiques de luxe. En plus, il ya toujours la mode ici. Ce qui est chiant est que si tu achètes un body aujourd’hui au grand marché, demain tu le verras enfilé par toutes les filles» nous confie Tènè, une adepte de la friperie.
De plus, c’est dans la friperie que les femmes à fortes poitrines trouvent ce qui fait leur affaire en matière de soutient-gorges et estiment que les autres types de soutient-gorges sont moins résistants.
Si les friperies faisaient l’objet de honte auparavant, ce n’est plus le cas de nos jours et les gens ne s’en cachent plus. Dans les marchés, les commerçants ont tous les mots pour attirer la clientèle. On peut entendre des phrases comme : « Yougou yougou promo ! » ou encore « venez trier ! » traduit du bambara « A ya woloma ! »
La commercialisation de ces vêtements se fait à plusieurs niveaux. En plus des grands importateurs, des groupes de vendeurs, souvent en GIE se chargent de l’acheminement des balles vers les pays de destination.
Un commerce florissant et ambivalent !
Une fois à destination, la marchandise est livrée aux grossistes auprès desquels viendront s’approvisionner les commerçants détaillants. Il n’y a pas de prix fixe de la balle de friperie compte tenu du fait que les contenus desdites balles ne sont pas les mêmes. En ces temps, le prix s’élève jusqu’à 65 000 FCFA voire 75 000 FCFA, ce dont se plaignent certains détaillants qui se voient obligés de trier les vêtements comme les clients avant de les revendre. Parmi eux, Rokia ; elle explique : « Je vends les chemises pour jeunes filles mais actuellement, je n’arrive plus à acheter la balle à cause du prix. Alors je viens les trier ici à Médina Coura à 200FCFA ou 300FCFA pour les revendre avec un peu de bénéfices ». Moussa aussi s’en tient au triage mais ses vêtements se vendent à 1500FCFA pour un pantalon et 1000FCFA pour une chemise car pour lui, ses « yougou yougou » sont dits de classe. Ce commerce lui rapporte énormément et il y gagne sa vie : « Avant c’est à vélo que je roulais dans les quartiers mais maintenant j’ai une moto … » ajoute-il. Pour Mamadou Diallo, grossiste à Médina Coura et qui est dans le commerce depuis des années, c’est un commerce qui est un peu rentable puisque son produit ne périt point. Sauf qu’il est lié souvent à une question de tendance. A l’en croire, en saison froide, ceux sont les couvertures, les pulls et les draps qui se vendent le mieux contrairement à la saison des grandes chaleurs, où les clients privilégient les chemises et tenues légères.
Par ailleurs, le port de ces vêtements usagés ne présente aucun danger pour la peau selon Madame Coulibaly A.D. dermatologue à la CENAM. Elle conseille juste à la clientèle de privilégier les vêtements en coton au profit de ceux en nylon ou en polyester surtout pour les personnes qui ont la peau sensible ou qui sont allergiques à certains parfums. Il faut aussi prendre soin de bien les laver.
Concernant les sous-vêtements, notamment les slips et culottes, les risques d’infection sont plus grands, alors il faut plus de prudence car ce sont des vêtements qui ont été déjà portés par d’autres qui peuvent souffrir de certaines maladies de peau.
Ainsi donc, en friperie c’est être beau et élégant à moindre coût !
Saly KANE