À Bamako, les faits se passent et ont tendance à se ressembler. Les lecteurs les plus assidus se souviendront sûrement que, pas plus tard que mardi dernier, nous faisions écho dans les mêmes colonnes de cette rubrique d’un cas de tentative de vol de taxi à Djicoroni-para. Ce vol raté n’a manqué son effet qu’à la perspicacité du propriétaire qui ne voulait pas laisser son bien lui filer e entre les doigts aussi banalement. Par hasard, il a pu récupérer son taxi des mains de son voleur après des heures de sueur, tout de même.
C’est une histoire similaire qui s’est produite, il y a quelques jours à Adeken, dans la Commune de Kalaban-Coro. Si la première victime avait laissé son bien sans surveillance au risque de se faire voler son bien le cas présent fait suite à une tentative de vol à main armée. Le jour des faits, nous étions un vendredi en début d’après-midi lorsqu’une jeune fille que nous désignons par « Gafou » a été attaquée par deux malfrats qui en voulaient à son engin flambant neuf.
Un constat est indéniable. S’acheter une nouvelle moto souvent à Bamako revient à attirer vers soi les bandits de tout acabit. Une chose est claire dans la Cité des Trois caïmans, il est extrêmement risqué de posséder une nouvelle moto et de circuler dans les rues ou ruelles des quartiers à certaines heures. À Bamako, les moteurs à deux roues s’achètent et se vendent comme de petits pains. Ce phénomène oblige les propriétaires d’engins à deux roues à redoubler de vigilance. Gafou ne dira pas le contraire.
Elle qui vient d’échapper à un vol certain de sa mobylette. Elle ne doit son salut qu’à la malchance qui habitait ses assaillants du jour. La tentative de vol a lieu au moment où les fidèles, sous la direction de l’imam, étaient déjà entrés dans la prière. Un fait est connu de tous : les vendredis sont loin d’être des jours ordinaires dans notre pays où la population est majoritairement musulmane pour qui le vendredi est un jour saint.
Ce jour-là, la jeune dame victime revenait des cours et rentrait à la maison, selon nos sources.
C’était aux environs de midi, une heure à laquelle, les rues sont quasi vides pour cause de prière du vendredi. En cours de route pour rentrer à son domicile, elle pouvait s’attendre à tout sauf que c’est un malheur qui l’a guettait au coin d’une rue vide. Et c’est sous la forme d’un duo de malfrats sortis de nulle part que ce malheur s’est présenté à elle. Le moment de prière aidant, ils étaient peu nombreux les personnes qui se trouvaient dans la rue à cette heure là.
Deux inconnus avaient planifié de l’attaquant pour la déposséder de l’engin nouvellement acquis. Ces inconnus en moto avaient certainement tout leur plan en tête. Ils avaient sûrement pisté la jeune femme jusqu’à cet endroit et n’attendaient que les passants se fassent rares pour passer à l’acte. Et c’est ce qui s’est finalement passé lorsqu’ils se sont assurés d’être seuls avec elle. C’est ainsi qu’ils ont apostrophé la victime en lui intimant de leur remettre son moteur. Apérée face à deux hommes qui en voulaient à sa mobylette, Gafou s’exécute pour ne courir aucun risque.
Ainsi sous la menace, elle se laisse faire. Les deux inconnus ont alors rapidement fait le travail. La moto entre leurs mains, l’un d’eux l’enfourcha avant de disparaître en trombe suivi de son complice laissant la victime en pleurs. S’il faut croire nos sources, l’action a tellement été rapide que celle-ci n’a pas eu le temps de lancer la moindre alerte dans un premier temps. Elle est interdite pendant quelques secondes sans pouvoir parler. Elle a assisté impuissante au vol de sa toute nouvelle moto. Lorsqu’elle a repris ses esprits, elle n’avait que ses yeux pour pleurer. Mais l’histoire ne s’arrête là.
Et ce n’est que lorsqu’ils se sont éloignés qu’elle s’est mise à tenter de les suivre en criant « au voleur ». Rien n’y fait, les deux gens s’étaient fondus dans la nature avec sa moto à toute allure. Ces derniers à leur tour ne se doutaient pas que la chance n’était de leur côté. Ainsi dans leur course effrénée pour s’éloigner de leur victime ou d’un possible poursuivant, l’un des bandits, celui qui conduisait la moto est allé percuter un véhicule qui passait par-là. Le choc fut tel que le vagabond perd l’équilibre avant de se retrouver à terre.
Et dès qu’il se relève, c’était pour se chercher comme on le dit. Sitôt relevé, il abandonna le butin avant de prendre la poudre d’escampette sur leur propre engin qui conduisait son second. Ils ne donnèrent pas le temps à l’automobiliste de voir ce qui se passait. Ce dernier par la force des choses était resté agité au volant croyant être impliqué dans un grave accident. Entre temps, la victime qui continuait à guetter dans les ruelles a coïncidé avec l’accident qui venait de lui permettre de retrouver son engin volé. Et c’était avec des remerciements qu’elle s’adressa à son sauveur de conducteur.
À la suite, elle raconta au détail près le vol dont elle a failli être victime de la part des deux fuyards que le conducteur venait de renverser. C’est comme ça que la jeune femme est rentrée en possession de sa moto.
Après son récit, Gafou et le conducteur ont fait chemin ensemble pour regagner chacun leur domicile. Surtout que les deux allaient dans la même direction. La suite de l’histoire ne dit pas si la victime a portée plainte ou pas mais il est clair qu’elle restera désormais sur ses gardes lorsqu’elle sortira. De plus, elle mettra certainement du temps à oublier ce jour où, par malchance, son chemin a croisé celui de ces malfrats.
Mahawa DEMBÉLÉ