Litiges fonciers : Le courant ne passe plus entre Koulouba et Sokonanfing

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Situés côte à côte, non loin de Kati, le quartier présidentiel de Koulouba et celui de Sokonanfing ne soufflent plus dans la même trompette. L’utilisation faite des réserves foncières communes en serait la principale cause de cette mésentente.
Depuis quelques années, le courant passe difficilement entre Koulouba et Sokonanfing. Cette mésentente est passée à un niveau supérieur ces derniers temps. Et pour cause : les deux voisins ont du mal à se comprendre sur l’utilisation faite des réserves foncières communes.
Selon nos sources, les chefferies des deux quartiers se disputent la paternité des réserves foncières en question.
Selon nos sources, au nom des droits coutumiers, des jeunes de Sokonanfing effectuent des opérations foncières jusqu’aux abords du quartier de Koulouba. Considérant cela comme une provocation, les habitants de Koulouba auraient vite saisi la mairie de la Commune III pour arbitrage.
Abdel Kader Sidibé et son conseiller chargé des questions domaniales, Tidiane Kéita, se seraient déclarés incompétents avant d’envoyer les deux parties à des pourparlers sans en définir la forme. Cette indifférence de la mairie ne pouvait que profiter à un camp, celui de Sokonanfing pour le compte duquel une agence immobilière serait en opération de morcellement. L’AGIM, puisque c’est d’elle qu’il s’agit aurait poussé l’outrecuidance jusqu’à entamer une opération de recensement des habitants de Koulouba à des fins non élucidées. Cette opération a été considérée comme une énième provocation car, l’agence en question n’avait aucun pouvoir, ni aucun droit de s’approprier des patrimoines fonciers d’un quartier dont les besoins fonciers pour recaser ses enfants sont évidents.
Selon nos sources, les spéculateurs de Sokonanfing avancent l’ordre d’arriver de leurs ancêtres sur le site pour se prévaloir de la paternité des terres de Koulouba.
Pour eux, Koulouba serait installé sur les champs de leurs ancêtres. Ce que balaient d’un revers de mains les habitants de Koulouba. Selon le leader des jeunes, Ibrahim Diakité dit Backo, Koulouba est un quartier à part entière qui existe depuis le temps colonial. Compte tenu de la nature du sol (rugueux et voire rocheux), il n’était pas possible de cultiver sur les terres en question. Donc, cette thèse ne serait qu’un alibi pour piocher dans les réserves foncières de Koulouba.
Il faut rappeler qu’une main invisible tirerait les ficèles des jeunes spéculateurs de Sokonanfing. Un certain Kanté, promoteur de l’Agence AGIM est au crible. Il bénéficierait de la complicité des jeunes comme Karamoko Magnan Traoré et un certain Balla dans ses manœuvres.
La bande serait en train de faire entorse aux tentatives de conciliation entre les deux quartiers. La tension entre les deux voisins aurait atteint les niveaux des leaders religieux dont certains ne prêchent plus l’entente et l’accalmie.
Pourtant les habitants de Koulouba veulent rester légalistes et demandent à l’Etat, qui les aurait toujours abandonnés, de s’impliquer pour  restaurer et délimiter leur quartier.
Agé de 92 ans, le chef de quartier Kariba Bagayogo ne veut pas épiloguer, mais reste déterminé pour la restauration de son quartier. « Cela ne sera que justice », dit-il.
Quant aux femmes et aux jeunes, il faut restaurer Koulouba pour l’avenir de leurs enfants qui n’ont même plus un espace de loisir, à plus forte raison un site de recasement.
Selon la présidente des femmes, Fatoumata Walla Traoré, la non-délimitation fait de leur quartier un nid de maladies.
De nos jours, le problème d’écoulement des eaux usées et de ruissellement est un véritable casse-tête pour les habitants de Koulouba qui déplorent la promiscuité, due au non lotissement du quartier.
Depuis les événements de mars 1991, Koulouba subit les effets collatéraux des insurrections armées et des coups d’Etat. En mars et mai 2012, les habitants de ce quartier ont souffert le martyre lors des affrontements entre putschistes et forces loyalistes.
Il appartient aux autorités traditionnelles des deux quartiers de préserver les relations de bon voisinage qui existaient entre eux. Pour ce faire, ils ont intérêt à des concessions de part et d’autre.
Youssouf Coulibaly    

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