Contre la volonté populaire des habitants, de la chefferie, des conseillers municipaux et du gouverneur du district de Bamako, Mamadou Coulibaly, un habitant de Sikoro engage un bras de fer avec tout le quartier pour construire une maison dans le cimetière. Sa stratégie est de passer par la justice pour tenter de réduire au silence les opposants à sa volonté.
Faisant frontière avec la ville de Kati, Sikoro (ni), ce vieux quartier excentré de la Commune I, fait parler de lui à travers un litige foncier qui oppose la population à un riche commerçant de céréales à Bagadadji, déterminé à construire une maison dans un cimetière délimité et clôturé.
Précédemment considérée à tort comme le baroud d’honneur d’une victime de spéculation foncière, ce fait divers prend des tournures d’une quasi-insurrection.
Les faits
Lors d’une assemblée générale, le samedi 25 mai, la population de Sikoroni a massivement manifesté son indignation face à ce que certains appellent l’imposture d’un certain Mamadou Coulibaly. Celui-ci, dit-on, est l’un des propriétaires de parcelles dans l’espace réservée à l’extension du cimetière du quartier. C’était dans les années 1987. Ils auraient pratiquement tous été recasés. Des décennies plus tard, le gouverneur du district, Ibrahim Féfé Koné, a ordonné le maire de la Commune I, Mme Conté Fatoumata Doumbia, de prendre des dispositions pour recaser les cas d’omission.
Mais Mamadou Coulibaly qui n’avait jusqu’en 2007 aucun titre de propriété reconnu sur sa parcelle au cimetière s’en est fait attribuer une par une décision de la mairie. Comme pour narguer les populations, il a marqué sa parcelle par un soubassement.
En 2012, après une journée de désherbage du cimetière que les habitants venaient de clôturer contre les profanations à répétition, M. Coulibaly a trouvé la petite bête. Il porte plainte contre Mamoutou Niaré, Moussa Zerbo et Makan Traoré pour avoir prétendument ordonné la démolition de son soubassement (ce qui reste à vérifier).
Curieusement ces personnes accusées ont été condamnées par le Tribunal de première instance de la Commune I à des peines d’emprisonnement avec sursis et de paiement d’une amande importante.
Sur son entêtement à construire sa parcelle dans le cimetière, le verdict de la justice a suscité l’indignation de la population. En assemblée générale, le samedi dernier, ils ont unanimement décidé d’excommunier le sieur Coulibaly. Il est déclaré persona non grata dans les mosquées et les événements sociaux…
Les populations se demandent comment un musulman peut affronter tout un quartier pour construire une maison dans la cour du cimetière ?
Selon le conseiller municipal Siriki Coulibaly, Mamadou Coulibaly refuse toute compensation ailleurs. Un refus qui donne des suspicions quand on sait que Mamadou. Coulibaly a une première maison à 200 m du cimetière et espère en construire dans la cour même du cimetière.
Vieux de plus de 100 ans, le cimetière de Sikoro avait été supprimé du plan de lotissement du quartier avant d’être réinstauré par nécessité. Outre ceux de Sikoro, il reçoit des morts de l’Hippodrome I et II, Sikoro-Extension, N’Gomi, Médina Coura, Missira, Banconi Sourakabougouni… C’est pourquoi, les chefs traditionnels sont déterminés à l’étendre et à la préserver. Aujourd’hui, une voie (route) de 10 m, jugée inopportune a été engloutie par le cimetière au grand bonheur de la population.
Il a été clôturé en dur au trois quart par les habitants. Il comporte un abri pour gardien et un magasin pour les briques. Curieusement, M Coulibaly est le seul à vouloir bloquer ce projet. Mais, selon le chef de la confrérie des chasseurs du quartier, Sananké Traoré, “les habitants ne céderont pas face à sa puissance financière”.
Le chef de village, Mamary Niaré, le communicateur traditionnel, Samba Koumaré, les représentants des jeunes Alassane Djittèye et Dr. Yacouba Ballo ont sollicité les bonnes volontés à aider Sikoroni à reconquérir son territoire perdu.
Mamadou Coulibaly et sa famille ne sont ouverts à aucun dialogue sur la question. On nous a fait poiroter de la manière la plus discourtoise par sa famille lorsque nous nous y sommes rendus pour sa version des faits. Samedi au moment de l’AG, le commerçant Coulibaly s’était attaché le service de la police contre les participants à l’assemblée générale du quartier.
Markatié Daou
Je pense que le monsieur exagère un peu, au Mali, le social prend une part très importante car il est culturel. Je pense qu’il faut en tenir compte.
Il est temps que les maliens arrêtent de mélanger le droit avec le social.Soit nous faisons confiance à la justice ou nous procédons à la mise en place d’un autre système car par hypocrisie dans un litige on avance des arguments inopportuns.
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