Au Mali, de plus en plus on se demande si l’on n’est pas dans une République de riches, allergiques à toute présence de pauvres. Maintenant dans notre pays, il se passe des choses qui dépassent tout entendement humain.
Après une première tentative avortée en 2011, le richissime propriétaire de SOYAT, une entreprise spécialisée dans le transport et la commercialisation des produits d’hydrocarbures, Djibi Yattassaye et ses complices, notamment son fils Mama Djibi Yassaye et Modibo Yara, se sont à nouveau fait parler d’eux, le vendredi 15 novembre dernier.
Ils ont repris leur entreprise d’accaparement de la portion sud-ouest du parking réservé aux gros porteurs depuis 1963. Ce jour-là, les actuels occupants du lieu ont été surpris par un bulldozeur qui avait pris position sur le lieu depuis 4 heures du matin avec pour ordre de démolir avant le lever du soleil tous les stands et kiosques appartenant à des ouvriers, des restauratrices et commerçants détaillants de pièces détachées et une station de lavage, qui s’y trouvent. Malheureusement ou heureusement la machine est tombée en panne. C’est finalement aux environs de 11 heures, que le bulldozeur a réussi à tout balayer. Le lendemain, les bennes ont déversé du sable et des graviers sous les regards protecteurs des éléments de la Garde nationale, déployés pour sécuriser les maçons et leurs manœuvres et les investissements en cours de réalisation. D’ailleurs comme une course contre la montre, le travail avance à un rythme infernal. N’est ce pas une façon d’occuper illégalement un espace relevant du domaine public ? Surtout sans se référer à l’autorité municipale (la Mairie de la Commune VI). Normalement un projet de cette envergure ne peut jamais se réaliser sans l’aval du Maire. Ne serait ce que pour la demande d’autorisation de construire.
Flash back !
Il faut signaler que l’espace litigieux, situé à un pas de la Mairie secondaire de Banankabougou, était jusque-là squatté par des ouvriers mécaniciens (autos et motos), des vendeuses de produits alimentaires, des commerçants détaillants des pièces détachées et promoteur de station de lavage. Cette cohorte de démunis a été chassé comme des malpropres par la bande des trois. Le maire délégué de Banankabougou, Moustaph Fomba, ainsi que le 1er adjoint au maire de la Commune VI, Ténèmakan Koné, assurant l’intérim de l’édile Souleymane Danion, absent du pays pour raison de maladie, tous avouent être surpris par l’événement. Celui-ci a envoyé deux inspecteurs de police pour voir clair et lui rendre compte. Malgré l’injonction du Procureur demandant l’arrêt des travaux, le chantier continue de pousser.
Comme annoncé dessus, Djibi Yattassaye, son fils et Modibo Yara ne sont pas à leur première tentative. Leur convoitise remonte au début des années 2000. A l’époque, la population de Banankabougou était à la recherche du financement pour la construction d’une seconde mosquée non loin du parking en question. C’est alors qu’intervient le sieur Yattassaye père (Djibi), qui venait d’installer sa station service. Dès qu’il a eu vent de cette nouvelle, il a saisi l’occasion pour apporter un financement conséquent, qui a permis de boucler le chantier. La population de Banankabougou, ne s’attendant à aucune récompense du généreux donateur, fît surprise par des travaux de clôture d’une immense cour par l’intéressé sur la partie ouest du parking. Mais, lui qui avait un esprit mercantile derrière la tête s’est injustement approprié de l’espace à la surprise générale. Tandis qu’au début des années 90, sur instruction du gouvernorat du District, le maire de la Commune VI d’alors, Baba Sanou, avait procédé au dédommagement et à la démolition de tous les immeubles (bâtis ou non), les boutiques et autres exploitants illégaux, installés sur le site. Selon nos sources, Djibi Yattassaye, qui y possédait un terrain vierge a également bénéficié des compensations. Certainement que ce n’était pas suffisant. Aussi, aurait-il encouragé son fils, Mama Yattassaye à s’approprier de cette portion, contigüe à la sienne ? Probablement oui. Mais, pour parer à d’éventuelle protestation de la population, Mama Yattassaye céda l’espace à Modibo Yara, qui n’est qu’un autre élément du système. Celui-ci traîne d’ailleurs une très mauvaise réputation dans ces genres d’affaires. Sa spécialité est l’acquisition des espaces litigieux pour se faire pleine la poche dans des procédures d’indemnisation en complicité avec certains fonctionnaires véreux des services des Domaines. Car, pour dégager les occupants des domaines publics, l’Etat se fait souvent trimbaler devant les tribunaux, qui le condamnent à payer de lourdes compensations. Dans ce cas, « la victime » bénéficie de nouvelle terre dans le lieu que lui-même aurait choisi. C’est pour des situations du genre certainement que Modibo Yara a envoyé le bulldozeur à écraser les étales de ces pauvres ouvriers. Pour éviter de troubler l’ordre public, l’Etat serait probablement obligé soit de leur laisser l’espace litigieux ou leur donner un autre espace ailleurs sous forme de compensation.
Car, ils sont conscients que ces genres d’opérations ne peuvent se faire sans faire des émules. Les victimes vont saisir la Mairie et la justice pour trancher. Ce qui a été fait, rapportent notre interlocuteur. De leur côté, nous avons tenté sans succès de rentrer en contact avec Djibi Yattassaye pour des besoins de recoupement. Dans tous les cas, le site en question relève du parking réservé aux gros porteurs. Dans le plan de masse qui nous a été présenté, nulle part il n’est prévu un titre de propriété appartenant au tiers. D’ailleurs en 1984, le site a fait l’objet d’un premier plan de déguerpissement. Le marché de Banankabougou et le vieux quartier qui l’arborait ont été cassés. Le marché a été transféré sur son site actuel. Il faut rappeler que lors des opérations de lotissement de Faladiè au début des années 70, tous les chefs de ménage enregistrés avaient bénéficié d’un terrain à usage d’habitation dans le cadre du recasement.
Au lendemain de la chute du régime de l’UDPM en 1991, le parking a fait l’objet de nouvelle occupation par des gros bonnets. Mais, Mme Sy Kadiatou Sow, alors gouverneur du District a instruit à la Mairie de la Commune VI, dirigée en son temps par Baba Sanou de démolir tous les immeubles et autres illégalement établis sur le site. C’est à la faveur de la construction de la seconde mosquée de Banankabougou que Djibi Yattassaye s’est approprié de ce vaste domaine, qui sert de garage pour ses camions citernes. Il appartient donc aux autorités compétentes de se saisir du dossier pour éviter un embrassement généralisé un jour. Il faut rappeler que la politique d’israëlisation entamée par les nouveaux riches pour s’accaparer de toutes les terres nues en violation des textes et au mépris des autres citoyens risque de créer des nébuleuses dont nul ne peut prédire les conséquences de leur explosion future.
Affaire à suivre.
Mohamed A. Diakité
IL Y A AU AU MALI UN SYSTÈME . LA LOI DU PLUS FORT. MAIS OU EST MOUSSA MARA , LE MINISTRE DES VILLES ? DOMMAGE
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