Licenciement abusif à l’AEROSEC : Le PDG défie la justice ?

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    Les 12 travailleurs licenciés au sein de la société de gardiennage AEROSEC se disent convaincus d’une chose : le PDG de la société n’a aucun respect à l’endroit des autorités maliennes. Car arguent-ils, l’homme refuse d’exécuter les décisions de justice. C’était, à l’issue d’un procès en d’août dernier  au tribunal du travail de Bamako où il a été contraint de verser aux licenciés la bagatelle de 8 millions de francs CFA. L’homme est puissant. Trop puissant. Il peut licencier, sans droits ni indemnités, ses travailleurs. Il tient les forces de l’ordre par les cordons de la bourse. Et l’inspection du travail, par le chéquier. Ses désirs sont, partout, des ordres. Décidément, Bah Makanguilé, le tout-puissant patron de l’AEROSEC, puisse que c’est de lui qu’il s’agit, a raison sur tout. Et sur tout le monde.

    La méthode « Makanguilé » est infaillible. Des années après, elle continue de faire recette dans notre pays où, l’Etat de Droit a cessé d’être un vain mot.

     Les licenciements arbitraires, sans droits ni indemnités, se poursuivent à l’AEROSEC. Sans que M. Makanguilé ne puisse s’attirer les foudres des autorités maliennes. Malgré les décisions de justice en sa défaveur. Partout, c’est le silence coupable.

    Des licenciements sans droits

     Le dernier licenciement à l’AEROSEC, concerne 12 travailleurs, engagés comme des Agents de sécurité aéroportuaire.

    Après une année et 8 mois de dignes et loyaux services, ils continuent de courir après leurs droits suite à la décision du tribunal du travail qui contraint l’homme à verser des droits à ses ex-employés. La suite à donner  à l’arrêt de justice a fini en eau de boudin. Les autorités maliennes appelées à la rescousse, préfèrent garder la tête sous le sable. Au motif que le PDG de cette société de gardiennage est le frère direct de Sory Ibrahima Makanguilé qui a géré le COCAN en 2002. Toutes les portes semblent être verrouillées par le tout-puissant patron de l’AEROSEC, à coups de « feuilles ».

    Depuis le 1er  mars 2009, les 12 travailleurs avaient été embauchés sur la base d’un contrat de travail comme des Agents de sécurité sur le site de l’aéroport international de Bamako-Sénou. Sans droits. Avec un salaire mensuel de 62.000F CFA, l’inscription à l’INPS a été un cauchemar pour ces travailleurs. Pire, pendant les 20 mois de travail, les agents étaient soumis à  des méthodes dignes de l’apartheid. Mais aussi à la diète noire. Et le hic, c’est que les agents travaillaient 13 heures par jour de 19h à 8h du matin. Et cela, du lundi au samedi. Soit par semaine 78 heures de travail. Et ironie du sort, le dimanche était considéré comme le jour de repos. Et jusqu’à présent, cette situation perdure au niveau du service  Aéroportuaires de l’AEROSEC.  Le flop est magistral et le revers cinglant.

     

    C’est dans ces conditions, que Bah Makanguilé, PDG de l’AEROSEC décide que les vigiles sur le site de l’aéroport, parallèlement, à leur service de 13 heures de travail par jour suivent une formation de 5 heures par jour dans le cadre du gardiennage ordinaire. Et cela, pour la mise à niveau et la mise à jour des Agents aux nouvelles normes de sécurités aéroportuaires.

    La suite est connue : les Agents marquent à cette volonté du PDG un  niet catégorique. Avant d’asséner leurs quatre vérités. « Nous ne pouvons pas travailler 18 heures par jour », rétorquaient-ils.

    Du coup, plus d’une trentaine sur les 91 Agents se retrouvent dans la ligne de mire du patron de la société. Mais au bout du compte, une poignée d’Agents ont fini par faire les frais de leur « imprudence ».

    Ainsi, ce qui devrait arriver arriva. Les 12 vigiles, avec à leur tête le porte-parole Bengaly Diabaté  sont mis sur la paille. Pour la simple déraison qu’ils ont osé dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. Mieux, le PDG monsieur Makanguilé leur interdit l’accès à leur lieu de travail.

    Comme si cela ne suffisait pas, les menaces du « Moro Naba » de l’AEROSEC, Bah Makanguilé, fusent à l’endroit des Agents. Sans discontinuer.

    Mais, lors d’une sortie médiatique, Makanguilé jure d’avoir financé à hauteur de 15 millions de francs CFA, la session de formation de ses Agents. Aussi, il ajoute : « à ma grande surprise, je me rends compte qu’à l’ouverture de la formation, plus de trente de mes 91 agents n’étaient pas là. Alors, j’ai écrit à leur porte-parole, Bengaly                        Diabaté pour qu’il me donne des explications. Chose que ce dernier a refusé ». Avant de conclure :                                 « Conformément au                                    code du travail, j’ai appliqué les textes pour les punir, à travers un        redéploiement du personnel de l’aéroport vers la ville ». Contrairement à ce que Makanguilé appelle une permutation n’est d’autre qu’une mutation-sanction. Pire, il diminue, systématiquement, le salaire de ces Agents. De 62.000 francs CFA par mois    celui-ci est passé à 40.000F. Comme par magie.

    Par ailleurs, le PDG de l’AEROSEC, clame à qui veut l’entendre qu’il n’a jamais déclaré à quelqu’un ni par écrit ni verbalement de partir de son Agence.

    Faut ! Rétorquent les Agents qui défendent mordicus qu’ils ont toujours été empêchés par leur Direction, à chaque fois qu’ils tentent de regagner les postes.   

    En colère, les travailleurs ont jugé nécessaire de jouer leur partition : porter l’affaire devant le tribunal du Travail de la commune III qui a fini par leur donner gain de cause. Mais c’était, sans connaître le laxisme de nos autorités.

    Les autorités maliennes clochardisées par Makanguilé

    Face à ces multiples violations des droits de ses travailleurs, l’homme se la coule douce ; « Ne vous fatiguez pas. On est au Mali ! », Lancerait-il à ses Agents.

    Avant de conclure, mine de rien : « vous pouvez aller vous plaindre là où vous voulez ; aucun responsable au niveau de l’autorité malienne ne vous donnera raison, contre moi !».

    C’est d’ailleurs ce qui explique le refus de Makanguilé de mettre ses ex-agents dans leurs droits malgré la décision du tribunal du travail. 

    De toute évidence, Makanguilé sait de quoi il parle. Et les exemples sont légions.

    Jusqu’à présent, il retient le salaire du dernier mois des Agents licenciés. Mais aussi, tarde à remettre les pauvres travailleurs dans leurs droits. Et ce, en dépit d’un licenciement abusif à l’issue duquel il a été contraint de payer des droits par la justice.

    Depuis, les 12 agents courent derrière leurs droits.

    Alors question : Bah Makanguilé peut-il continuer à défier les lois de la république, en toute impunité ?

    Nous y reviendrons !

    Jean pierre James

     

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