L’horreur au Kasaï, une femme condamnée à un viol public

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    Au Kasaï occidental, les rebelles ont condamné une femme à se faire violer en public par le fils de la deuxième épouse de son mari. Celui-ci travaillait avec la femme humiliée. Ils ont été ensuite exécutés. Leur tort: avoir servi à la rebellion du poisson, un plat qui lui est interdit.

    Les faits se sont déroulés sur la place principale de Luebo, appelée le “parking” et date du 8 avril 2017. Une vidéo de cette scène d’humiliation publique a émergé au mois de septembre sur les réseaux sociaux. Comme le décrit France 24, on y voit une femme exposée nue face à la foule par des rebelles de la mouvance “Kamunia Nsapu”.

    Ce groupe, né le 12 août 2016 au lendemain de la mort d’un chef coutumier, tué par l’armée congolaise, avait pris le contrôle le 31 mars dernier de cette ville de 40.000 habitants du centre du Congo. Il en sera chassé le 19 avril par l’armée congolais. Sa mission était de s’attaquer aux symboles de l’Etat (administrations, policiers, fonctionnaires et militaires) et de l’Eglise catholique.

    Violée et fouettée avec des branchages
    Sur cette séquence de 7 minutes 40 secondes, un responsable des Kamunia Nsapu tient la condamnée dénudée par les cheveux. Il lui explique en tshiluba, une langue locale, qu’elle doit mourir pour haute trahison. Emmenée sur une estrade de fortune construite par les rebelles, elle et le fils de sa “rivale” – la deuxième femme de son mari – sont contraints d’avoir des rapports sexuels devant la foule. Pendant qu’ils sont fouettés avec des branchages par une autre femme, de nombreuses personnes filment la scène, applaudissent ou crient. Tous portent un bandeau rouge, signe des rebelles.

    Interdits alimentaires, sexuels et hygiéniques
    Comme le précise France 24 qui est entré en contact avec une dizaine d’habitants de Luebo ou des environs, cette femme, qui tenait un restaurant itinérant sur la route reliant Luebo à Mweka, aurait servi un plat “interdit” aux rebelles. En période d’hostilité, les Kamunia Nsapu s’imposent plusieurs types d’interdits alimentaires, comme la viande, le poisson, les feuilles de manioc ou les plantes rampantes, ou prohibent les rapports sexuels ou de se laver.

    “Elle a été accusée d’avoir ravitaillé les rebelles mobilisés sur le front de Kabao avec un plat de haricots contenant des ‘débris de fretin’,  une sorte de petit poisson bon marché. Persuadé qu’elle aurait ainsi rompu leurs charmes de protection, le conseil des rebelles dirigé par un certain Kabata (depuis arrêté) l’a condamnée elle et le fils de sa rivale, avec lequel elle travaillait, à commettre l’inceste en public”, explique à France 24 un habitant de Luebo.

    Ces deux derniers ont ensuite été exécutés à coups de machette et leur sang aurait été consommé par plusieurs combattants rebelles qui ont ensuite posé en photo avec la tête coupée du jeune homme d’une vingtaine d’années. Par peur des représailles et des prétendus pouvoirs sataniques des miliciens, les habitants de la ville n’ont eu d’autres choix que d’applaudir pour “se faire bien voir”, déplore un habitant de Luebo sur France 24.

    Kabila à la manoeuvre?
    “On ne pouvait pas se rebeller, c’était risquer la mort. Nous étions livrés à nous-mêmes face à des miliciens armés. Les policiers avaient fui depuis une semaine.”Durant les vingt jours d’occupation, les rebelles ont semé la terreur, tuant une dizaine de personnes à coups de machettes ou en les fusillant. Le travail, l’école et la culture étaient interdits, les denrées alimentaires réquisitionnées. Les rebelles, aidés par des enfants et des adolescents embrigadés de force, surveillaient les moindres faits et gestes des habitants.

    Au final, la ville sera libérée par l’armée congolaise le 19 avril. Reste à comprendre pourquoi cette vidéo a été largement partagée sur WhatsApp, notamment, plusieurs mois après les faits. Le pouvoir central congolais a promis de mener une enquête sur les exactions commises par les rebelles. Mais beaucoup soupçonne le pouvoir de Joseph Kabila d’entretenir l’insécurité et les attaques de milice pour repousser le scrutin présidentiel prévu en décembre après un accord entre le gouvernement et l’opposition. Malgré son engagement à ne pas se représenter, Kabila n’a pas formellement indiqué son retrait.

    Capture d'écran. © France 24.
    Capture d’écran. © France 24.
    La scène a été filmée par certains habitants et accompagnée de cris et d’applaudissements. Capture d’écran. © France 24.
    Capture d’écran. © France 24.

    Par 7sur7.be

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