L’exploitation sexuelle des enfants au Mali et dans le monde : L’Etat de lieu, Les Causes, Les Conséquences et Des Chiffres pour mieux cerner le Danger

    0

    Au Mali comme dans plusieurs pays du monde entier, l’on assiste à la recrudescence de  certains  phénomènes dont les abus sexuels à l’encontre des mineurs, l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales et la traite des enfants.  Cette situation compromettant à la fois l’avenir de milliers d’enfants et le devenir de plusieurs nations, étant donné que la jeunesse constitue l’une des plus grandes richesses pour tout pays, des mesures très drastiques doivent être prises pour y remédier définitivement. Le gouvernement, les institutions de la république, la société civile, les collectivités territoriales, les médias, les leaders communautaires, le secteur privé, les organisations nationales et internationales et la population doivent conjuguer urgemment leurs efforts pour endiguer le phénomène.

    Rompre le silence autour des enfants vulnérables et/ou victimes d’exploitation sexuelle et d’exploitation sexuelle à des fins commerciales au Mali : tel est le projet  qui sera développé par l’ONG Luxembourgeoise ECPAT (End Child Prostitution, Child Pornography and Trafficking of Children for Sexual Purpose’s),  dans les zones de Bamako, Ségou, Sikasso, Mopti et Kayes. Réaliser le droit de tous les enfants de vivre à l’abri de la prostitution enfantine, de la pornographie mettant en scène des enfants et de la traite d’enfants à des fins sexuelles, telle est la vision d’ECPAT international, représenté au Mali par ECPAT Luxembourg. ECPAT est un réseau international d’organisations travaillant ensemble afin d’éradiquer la prostitution enfantine, la pornographie enfantine, et le trafic d’enfants à des fins sexuelles. ECPAT encourage la communauté internationale à veiller à ce que tous les enfants du monde puissent jouir de leurs droits fondamentaux à l’abri de toutes formes d’exploitation.

     

    Etat des lieux dans le monde

    1 enfant est abusé, violé, torturé, tué toutes les 30 secondes. 2 millions d’enfants disparaissent chaque année. 433 472 sites pédocriminels ont été recensés au 31 décembre 2005. Au cours d’une année, un enfant prostitué vend ses services à 2.000 hommes. L’exploitation sexuelle des mineurs par le biais de la prostitution est un problème séculaire et mondial. Dans certains pays, surtout en Asie, les relations pédophiles ont existé pendant des siècles, justifiées par des croyances culturelles. D’après des estimations mondiales de l’Organisation Internationale du Travail, sur les 12,3 millions de personnes victimes du travail forcé, 1, 69 millions sont victimes de l’exploitation sexuelle à des fins commerciales et 40 à 50 % d’entre elles sont des enfants. Cependant le Bureau International des Enfants estime à trois millions les mineurs qui alimentent actuellement les réseaux de prostitution ; et certaines ONG vont jusqu’à évaluer à 1 million par an le nombre de nouvelles victimes de ce commerce de plus en plus lucratif.

    Cette exploitation fait l’objet de réseaux de plus en plus développés au niveau mondial. Des études sur la traite et l’exploitation sexuelle en Asie de l’Est montrent que la traite des enfants est lucrative, parfaitement bien organisé, associée à la criminalité et qu’elle encourage aussi la corruption. Elle est également transnationale, agit souvent dans l’ombre et est donc difficile à combattre. D’après les experts de l’industrie touristique, au cours de ces dernières années, le tourisme sexuel pédophile a connu une très forte augmentation énorme en Asie Ce phénomène s’explique par plusieurs raisons : le laxisme des lois et une répression pénale insuffisante, la pauvreté, le manque de possibilités d’avenir pour les jeunes, le statut inférieur des filles et la discrimination.

    De son coté, l’ONG ECPAT a noté le nombre toujours croissant de mineurs en marge, et la baisse des prix pratiqués pour les relations sexuelles avec enfants. Les filles restent de très loin les premières victimes et l’âge ne cesse de baisser. La hausse constante de la prostitution et des pornographies enfantines est de plus en plus facilitée par le développement des nouvelles technologies de communication à travers le monde, notamment internet. Victimes de trafic, à l’intérieur même d’un pays ou voyageant d’un pays à un autre, les enfants forcés à la prostitution, à la pornographie ou à d’autres formes d’exploitation sexuelle sont souvent privés de leur droit à l’éducation, endurent des abus sexuels et la violence, et deviennent plus vulnérables aux maladies sexuellement transmissibles comme le VIH.

     

    Quelques chiffres sur le continent noir

    En Ouganda, 70% des enfants interrogés après avoir pris part à des activités sexuelles à des fins commerciales disent avoir été convaincus par un(e) de leurs ami(e)s alors que leurs parents l’ignoraient. Moins d’un tiers de ces enfants ont bénéficié d’une forme d’appui pendant qu’ils enduraient la situation d’exploitation sexuelle. (Source : Organisation Internationale du travail (OIT) et le gouvernement de l’Ouganda- 2004). Au Kenya, plus de 80 % des enfants travailleurs du sexe interrogés déclarent que l’activité commerciale à la quelle ils se livrent a été initiées par un de leurs proches (ami(e)s ou membres de la famille) alors que 65% d’entre eux se disent disposés à retourner à l’école s’ils en ont la possibilité (Source : OIT 2007). En Ethiopie, 19 des 28 victimes d’exploitation sexuelle commerciale interrogées ont déclaré qu’elles avaient été violées ou forcées. (Source : ECPAT 2007). En Gambie, 39 pour cent des victimes de l’exploitation sexuelle à des fins commerciales interrogées affirment avoir été impliquées dans cette activité suite à ola mort de leurs parents. En Zambie, 23% d’entre elles ont signalé avoir des parents malades qu’elles se devaient de soutenir. (Source : ECPAT 2007). Au Ghana, 6% des écoliers interrogés disent avoir fait l’objet d’ « avances » par un de leurs professeurs en échange de meilleures notes alors que près d’un garçon sur quatre avoue avoir violé une fille ou pris part à un viol collectif. (Source Unicef 2008).

    Au Niger, au Tchad, en Guinée et au Mali, plus de 60% des femmes sont mariées  avant d’atteindre leur majorité. En République Centrafricaine et au Burkina Faso, plus d‘une femme sur deux a été mariée avant d’avoir 18 ans (Source Unicef 2007).

     

    Les Causes de l’exploitation sexuelle des mineurs

    Le plus souvent, les enfants prostitués sont originaires des pays pauvres. Ils sont volés à leur famille, ou achetés à bas prix contre la promesse d’un travail, pour la plupart violés et contraints à se prostituer. Les enfants des rues sont aussi des proies faciles pour les pédocriminels, pourvoyeurs d’enfants pour les réseaux pédophiles. Presque toujours ces enfants échappent aux contrôles des services sociaux et sanitaires.

    En conséquence, la grande pauvreté des pays du Tiers-Monde, l’accroissement des inégalités à l’échelle planétaire, les guerres, les exodes de population sont des facteurs de développement de la prostitution des enfants. Les enfants prostitués font partie du cortège des enfants des rues qui se comptent par milliers dans les grandes métropoles de tous  les continents, là ou la misère, l’exode rural, l’abandon, la violence au sein des familles les ont poussés dans la rue pour survivre ou faire vivre leur famille. Les parents sont souvent forcés de vendre leurs filles ou leurs fils à des souteneurs, car même s’ils travaillent, leur maigre salaire ne suffit pas pour nourrir leur famille et ce sont les enfants qui, au lieu d’aller à l’école, doivent compléter l’argent des parents pour être nourris. De plus, l’abandon et la violence sont le lot quotidien de ces enfants.

    Par conséquent, on peut bien dire que la cause principale de la prostitution est la pauvreté, cependant l’extrême pauvreté n’est pas une raison en soi ; elle opère en fonction de la superposition d’autres facteurs tels que : les disparités économiques, sociales, ethniques ; la discrimination à l’égard des femmes et des filles ; l’urbanisation massive ; la désintégration de la famille et des systèmes traditionnels communautaires ; l’ignorance de la majorité des parents ; la mercantilisation du statut des individus ; la complaisance générale quand à l’exploitation sexuelle : la « nature », la « culture ».

     

    Les conséquences pour l’enfant

    «  Le trafic et l’exploitation sexuelle privent les enfants de leur dignité et mettent en péril leur sécurité, leur santé et leur éducation », a déclaré Ann M. Veneman, Directrice générale de l’Unicef. Les enfants exploités sexuellement dans la prostitution sont des enfants déscolarisés, marginalisés, rejetés par leurs proches, marqués à vie, physiquement et psychologiquement. Profondément traumatisés psychologiquement, ils présentent des troubles du comportement liés, entre autres, à une toxicomanie par solvants. Qu’ils soient d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine ou, depuis peu, d’Europe de l’Est, les enfants prostitués présentent les mêmes symptômes, ils sont profondément traumatisés et marqués par de graves séquelles physiques.

    Ainsi, parmi les conséquences les plus marquantes, on peut citer : les troubles de santé physique et mentale irréversibles ; la méfiance et haine de l’adulte ; les troubles sexuels compulsifs ; les séquelles physiques de tortures ; les MST, sida ; les grossesses précoces, les avortements à répétition ; la toxicomanie : beaucoup ont recours à la drogue pour endurer leur esclavage. L’expérience d’une sexualité trop précoce, liée à une exploitation, à des rapports de force et de violence, a des conséquences très graves. Si l’enfant n’a pas les moyens de dire la violence qu’il a subie, il court le danger de voir cette violence se tourner contre lui-même ou contre autrui.

     

    MOUSSA BALLA KANOUTE,

     

    PSYCHOLOGUE (66 86 43 21)


    Commentaires via Facebook :