Lettre à mon oncle Bass : Cher oncle, Bonjour !

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    Nous avions appris avec inquiétude ta venue prochaine au pays.

    Walahi, j’avais alors cru, qu’au Sénégal non plus, il y avait plus de place pour les étrangers. Heureusement que ton ami Karamoko nous a donné par la suite, la vraie raison de ton prochain retour au bercail. Merci  donc de penser à venir nous voir pour quelques jours et d’avoir l’occasion de te rendre compte que les choses changent et bougent au Mali, mais au profit exclusif de ceux d’en haut. Bienvenu chez toi oncle Bass. Bienvenu à Fantambougou Bamako.

    Ha ! je sais que tu n’oublieras pas d’apporter avec toi  quelques poissons fumés et un petit sac de riz. Pardonne-moi mon oncle d’avoir constamment le mot bouffe à ma bouche, mais, toi-même tu sais…Le stoïcisme n’est pas mon fort.

    Aussi, j’accuse bonne reception du  gris-gris  Sénégalais dont tu me demandes de prendre grand soin. Merci aussi pour les sages conseils que tu me prodigues. Mais, pour le gris-gris, tu aurais pu t’en dispenser car ce n’est pas ce qui manque ici au Mali. D’ailleurs, il n’y a que ça qui est à la portée de tous les Maliens et qui entretient les illusions des uns, les espérances des autres. Mais, Walahi, Bilahi, je jure, je ne crois en aucun gris-gris. Ma foi en Allahou Soubahanatahou me suffit et c’est grâce à cette foi sacrée que je n’ai, jusqu’ici pas cédé à la tentation de me suicider. D’ailleurs, le suicide est une affaire de ceux qui sont en vie. Or, moi ton petit Ablo, avec les poches trouées, sans emploi, sans la moindre espérance, je suis mort depuis fort longtemps.

    Concernant la troupe familiale, elle est, grâce à Dieu, au grand complet. Quarante trois bouches, bien comptées ! Tout le monde est là. Seulement, depuis quelques jours, nous dormons tous dans la cour car, après de violentes pluies tombées il y a quelques jours à Fantamboukou, toutes nos chambres se sont écroulées. Fort heureusement, la troupe familiale a eu, avant la catastrophe, le temps de se sauver.

    ‘’Ô rage, ô désespoir’’, ô pauvreté ennemie ! A présent, nous ne  comptons que sur ta générosité habituelle, pour faire face à la catastrophe.

    A quand des logements sociaux du type, gracieusement offerts il y a quelques années, par « Dame Ba » Konaré à des ramasseurs d’ordures,  des veuves sans défense, sans espérance ?

    Des gestes du genre, nous n’en rêvons plus.

    Même si, le tout nouveau ministre de l’habitat et de l’urbanisme vient d’annoncer que 3000 logements seront mis à la disposition des Maliens dès le 22 Septembre prochain. Allah Akbar !

    Les bénéficiaires de ces logements sont déjà connus. Parmi eux, il n’y a aucun maliens d’en bas. Je le dis pian ! Parce que, c’est ça qui est ça !

    Par ailleurs, je te signale  cher oncle que, depuis quelques jours, la République rase et casse tous les kiosques, hangars et autres gites installés par les maliens d’en dessous dans la Rue-publique. Cela, dit-on, pour rendre coquette Bamako, la capitale à l’occasion de la tenue prochaine chez nous du sommet Afrique. France.

    Bamako propre et coquette ? Ils peuvent toujours causer. Wlahi, bilahi, je jure tant que l’écrasante  majorité de nos populations continuerait de vivre dans la misère et la désolation, ni Bamako, ni les autres localités du pays ne seront propres.

    Je le dis pian !

    A lundi prochain Inchallah

    Par ton petit Ablo.

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