Les oiseaux se cachent pour mourir (7) Ce banquier-là avait une vraie addiction au sexe

    0

    L’univers parfois aigre-doux des «maquis» a toujours inspiré des écrivains de talent ou de génie des intellectuels défroqués, des chansonniers blasés et paumés, des (fou) losophes qui pensent un peu à la manière de la grande diva malienne de l’altermondialisme, qu’un autre monde est possible, mais à la seule condition de bannir à jamais de la terre la dette et tous les services de la dette; afin de rendre du coup à l’Afrique toute sa dignité perdue.

    Une bien belle morale sauf que… les vrais chantres d’un tel «discours sur l’africanité du nègre» ne sont guère des «modèles» pour la nouvelle génération, quand ils ne sont pas seulement devenus d’indécrottables «rats de bar» qui écument tous les soirs que «Dieu fait» les coins les plus mal famés de notre capitale pour satisfaire des pulsions parfois violentes dans les bras de vraies salopes sexuelles, de vraies putes professionnelles dont les récits poignants sur leur piteuse vie laisse couler parfois des larmes aux yeux.

    Mais si la prostitution n’est pas sûrement le métier le plus noble de la terre, il n’en est pas moins cependant le plus ancien. Contrairement aux apparences, les cadres de haut vol, des banquiers de classe exceptionnelle comptent souvent parmi leurs meilleurs clients. Une certaine littérature française enseigne même qu’Alfred de Musset, père de la célèbre phrase «Frappe ton cœur, c’est là que se trouve le génie » picolait, il fréquentait, malgré Georges Sand, les  « putes » de Venise jusqu’à en récolter la vérole et sombrer dans une vie de bâton de chaise. Mais il avait cependant des manières de gentleman.

     A la manière de ce grand banquier qui comptait parmi les clients les plus anciens et les plus fidèles de Rose, (une vraie Tanti, comme on les appelle dans le milieu) la cinquantaine bien révolue, mais conservant néanmoins toutes ses charmes de jeunesse. Un postérieur si bien impressionnant qu’elle ne laisse personne indifférent.

    « C’est pourquoi, dit-elle, lorsque ce monsieur m’a vue pour la première fois, il n’a pas pu rester sur place. Il était quasiment masqué, personne ici ne pouvait s’imaginer que ce monsieur pouvait être un grand monsieur. Il m’a dit qu’il a bien envie de faire l’amour avec moi, mais que c’est pour aller dans une autre maison hors de Sogoniko. Il m’a ensuite demandé le prix de la passe. Quand je lui dis le prix, soit 5OO F CFA, il m’a aussitôt répondu avec une moue qui montrait sans doute le caractère combien dérisoire de cette pécule ‘’Et si tu veux passer la nuit avec la personne, il paie combien ? J’ai hésité entre l5 000 FCFA et 20 000 FCFA et du coup il mit presque un terme à mes hésitations, parce que c’était en réalité la première fois qu’un client me proposait un tel marché. Il m’a répondu; moi je te donnerai 5O OOOFCFA. Vous êtes vraiment au sérieux ?’’ C’est comme ça que j’ai loué ma chambre à une autre pute, pour suivre ce monsieur. Une voiture relativement neuve est même venue nous chercher devant le bordel. Nous avons ensuite pris la direction de l’aéroport de Sénou… ».

    Grosse sensation de peur et d’effroi !
    « … Quand on’ n’a dépassé la ville de Sénou, j’ai eu une grosse sensation de peur et d’effroi. Le monsieur, il se retourne dans la voiture pour me dire de ne pas avoir peur, que nous serons arrivés très bientôt dans son champ qui n’était plus qu’à deux kilomètres de là. Nous avons fait l’amour toute la nuit et dans toutes les positions qu’il voulait. Il était toujours insatiable, ce banquier- là avait une vraie addiction au sexe. Etait-ce pourquoi il était divorcé, comme il me l’avait dit au cours de nos conversations ultérieures. Une chose est sûre : seule une vraie travailleuse du sexe peut supporter les assauts violents et répétés d’un tel homme. Du coup, lorsqu’il il m’a dit que son «histoire à lui» était vraiment triste à raconter, j’en ai tiré aussitôt une très rapide conclusion. Mais ce n’est que plus tard qu’il consentit vraiment à me la raconter.

    Je n’oublierai jamais ce monsieur tant il fut généreux à mon endroit tout au long de notre rencontre qui dura au moins trois ans. Mais, comme on dit, chaque médaille a son revers : c’est aussi à cause de lui que je suis devenue une buveuse invétérée, une vraie accro à l’alcool.

    -Et vous, Rose, êtes-vous prête à raconter un jour votre vie à une journaliste sympathique, qui écrit actuellement un livre sur «Le divorce en milieu transurbain» ?    

    -Quel est le nom de cette journaliste ?

    -Elle s’appelle Ami Dembélé Sylla?

    -Eh ! «Mokokélé toko saba» ?

    -Oui, le troisième nom est celui de son mari.

    Bien évidemment, Rose qui ne quittait plus du regard son verre de Whisky posé sur la table veut aussi faire entendre sa petite «musique» sur les causes et origines d’un tel drame.

    – Mais pourquoi cette journaliste veut-elle s’intéresser à ce «fléau» qui est presque tombé dans la banalité, alors que les grands malfrats continuent de voler, piller, tuer les pauvres innocents, vous trouvez çà aussi normal, pourquoi Mme la journaliste n’enquêterait pas sur une telle question?

    – Question de goût et de sensibilité car elle pense que c’est à cause du divorce que la vie de nombreuses femmes a basculé dans la déchéance la plus absolue, à commencer par certaines d’entre vous qui ne vivent aujourd’hui que par le sexe et pour le sexe.

    – Elle a un peu raison, sauf que beaucoup de femmes continuent de faire ce travail alors qu’elles ne sont pas divorcées. Nous avons une copine ici du nom de BaWassa, qui vit bel et bien chez son mari, dont elle est la troisième épouse. Elle se cachait pour venir ici, mais une nuit, elle allait se faire surprendre bêtement pendant qu’elle était assise devant sa chambre. Elle a pu voir dans la pénombre une personne qui se dirigeait vers elle. Vous savez qui c’était ? Non ! Le premier fils de son mari qu’elle avait sans doute reconnu, grâce à sa démarche claudicante. C’est depuis lors qu’elle a cessé de venir ici, mais elle n’a pas arrêté ce travail pour autant. Elle m’a dit que c’est pour elle son seul gagne- pain pour arrondir des fins de mois extrêmement difficiles.
    – Mais Rose, tu n’as pas toujours répondu à ma question : êtes-vous prête à recevoir notre journaliste ?
    – Mais toi, tu connais la règle ici : Encore une fois, cher ami, dans les maquis on ne fait rien pour rien. Comprenne qui pourra !
    A suivre!
    Par Bacary Camara

    Commentaires via Facebook :