Les Musulmans ” contre les bars en Commune V:Le droit de violer la loi pour réclamer son droit”

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    Ceux qui doivent donner le bon exemple ont-ils le droit de violer la loi pour demander l’application d’un décret ?

    La fin justifie les moyens ", telle est la philosophie développée par les marxistes ; ceux pour qui, " la religion est l’opium du peuple. " Les ‘musulmans’ qui ont attaqué la Mairie de la Commune V, le vendredi 22 avril, sont apparemment les adeptes de cette maxime. Ils ont, en effet, organisé une marche contre un bar situé à côté d’une mosquée à Kalaban-Coura vers le Parc des expositions communément appelé Febak. De source digne de foi, c’est la buvette qui est venue trouver le lieu de culte sur place. Du coup, les " musulmans " ont le droit de s’offusquer d’une telle proximité, au nom, pas seulement du droit, mais des considérations socioculturelles du pays.

    Si, en plus, il existait un décret qui réglemente les distances entre les deux catégories de lieux, alors les intégristes ont des raisons qui leur permettent de commencer des démarches en vue de faire rentrer les choses dans leur ordre normal. Mais, cela doit se faire dans le strict respect de la loi.

    Sur le fond de l’affaire, les extrémistes musulmans ne sont dans leur tort, quand il s’agit de juger la pertinence d’une action en vue de relever la contradiction entre la loi et l’installation du bar. Nul n’est sensé ignorer la loi et chacun a le droit d’entamer des procédures au cas où il se sentirait lésé.

    Violer la loi est-il un privilège accordable à certains ?

    Un principe du droit, universellement admis, veut que nul ne soit au dessus de la loi. Cette disposition est-elle nulle et non avenue au Mali ? L’Etat malien est-il capable d’affirmer, par la parole et le geste, qu’il attend de tous les Maliens, quels qu’ils soient, le respect de ce principe indiscutable et indiscuté dans toute sa rigueur ? Et les ‘musulmans’ sont-ils comme les autres Maliens en ce sens ? Il est permis d’en douter au regard de ce qui s’est passé à la fin du mois dernier en commune V du District de Bamako. Un événement qui, si l’on n’y prend garde, présage l’ouverture de la Boîte de Pandore. En effet, accorder le droit et l’impunité d’office à un groupe d’individus de violer la loi en toute tranquillité, voire avec des récompenses, ne peut mener qu’à l’incontrôlable.

    Le vendredi 22 avril, les ‘musulmans’ ont marché et manifesté contre l’interdiction formelle et motivée de la Mairie de la commune. Ils se sont regroupés et massés devant la Mairie pour obliger son occupant à sortir contre sa volonté, par souci d’acheter la paix sociale, et à se soumettre à un ‘programme d’activité’ imposé et humiliant ; et pour sa personne et pour la fonction. Il a été forcé d’écouter un discours harangueur de foule, entre coupé de " Allahou Akbar ! ", dans le box de Satan en jetant des cailloux comme au Hajj. Après ce lynchage symbolique, et après que quelqu’un ait ‘ pris la fatiha’, on lui a fourré dans la main une pétition ‘signée par 30 000 personnes’, avec ordre de le faire parvenir à destination, avant de le renvoyer à ses oignons. Avant cela, le maître des cérémonies, magnanime, avait recommandé à ses ouailles de laisser Boubacar BA regagner son bureau sans toucher aucun de ses cheveux.

    Et pourtant, il y avait erreur sur la personne. En effet, la Mairie n’est pas la bonne porte à laquelle il faut frapper en pareille circonstance. Car, c’est l’Omatho (Office malienne de l’hôtellerie et du tourisme) qui installe les bars ; c’est lui et lui seul qui leur accorde l’autorisation de s’établir en tel ou tel endroit sur l’étendue du territoire. Boubacar BA a donc subi la double peine (autorité bafouillée plus l’obligation de recevoir la pétition comme coursier pour l’acheminer à sa destination) pour une affaire qui ne le concerne pas.

    Pourquoi ? Parce qu’en face, il y avait des gens avec qui, on ne pouvait pas discuter , des gens qui avaient le droit divin pour eux et surtout des gens qu’il faut éviter d’effaroucher. Ces choses-là, on sait où ça commence mais on ne sait pas où ça peut mener. Enfin…on sait mais…
    Amadou TALL

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