. Et pour cause: le maire aurait, selon eux, fait main basse sur du matériel sportif à eux envoyé par des partenaires étrangers. Faux, rétorquent le maire et Blaise Sangaré, président de la CDS. Tous deux accusent le ministre Tiémoko Sangaré d’être à l’origine des troubles, en distillant de fausses informations contre le maire pour le destabiliser.
Depuis le mardi 17 août, les rumeurs les plus folles venant de Bougouni font état d’un malaise généralisé au sein de la jeunesse. Celle-ci serait mécontente du maire Yaya Togola qui, à leurs yeux, apparait comme un obstacle à leur épanouissement.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est relative à des équipements sportifs. D’après un responsable des jeunes que nous avons joint au téléphone : "Des partenaires étrangers ont fait don de matériels sportifs à la jeunesse de Bougouni, le maire n’a trouvé autre chose à faire que d’ouvrir le contenaire et de s’emparer de son contenu. Pour manifester notre ras-le-bol, nous avons décidé de l’empêcher de travailler en fermant purement et simplement les locaux de la mairie".
C’est ainsi que le mercredi 18 août, des jeunes surexcités se sont pavanés dans la ville de Bougouni dans une ambiance carnavalesque indescriptible, scandant "maire voleur".
Ce, après avoir effectivement mis à exécution leur menace de fermer la mairie. D’après plusieurs témoignages concordants, c’est à bord de véhicules et motos que ces jeunes ont fait le tour de la ville. Joint par nos soins au téléphone, le maire Yaya Togola de déclarer : "Je suis très serein. Les jeunes sont manipulés, c’est pourquoi ils ont fabriqué cette histoire de toute pièce. Dans tous les cas, j’invite tout le monde à venir voir si je fais ou pas des réalisations".
Un proche du maire, que nous avons également joint, est plus amer : "C’est le ministre Tiémoko Sangaré qui est à la base de toutes ces instrumentalisations. Il utilise les biens de l’Etat pour s’adonner à des règlements de comptes personnels. D’ailleurs, il a offert 300.000 FCFA aux jeunes pour qu’ils paradent dans la ville et tenir des propos injurieux et irresponsables".
Pour nous faire une religion de cette version, nous avons tenté de joindre le ministre Tiémoko. Mais en vain. "Depuis une semaine il n’est pas joignable" nous a-t-on dit. Mais une chose est sûre, il se trouve dans le Wassoulou.
Pendant ce temps, Blaise Sangaré, président de la CDS tire à boulets rouges sur le ministre Tiémoko Sangaré qu’il accuse d’être le principal instigateur.
En effet, pour Blaise, le ministre Tiémoko Sangaré est en train de "semer la pagaille à Bougouni où il ne représente rien et devrait se raviser car il est en train de gâter les relations entre la CDS et l’ADEMA, alors que ce dernier parti aurait commis l’erreur de lui faire confiance. Tiémoko est du MIRIA, parti qu’il a créé et qu’il a ensuite abandonné pour retourner à l’ADEMA".
Très amer, Blaise ajoute que le ministre Tiémoko, bien que portant le nom Sangaré, n’a rien à voir avec le chef des Sangaré qu’on installait à Garalo : "C’est mon propre grand-père qui a été intronisé. Tiémoko a soigneusement évité la cérémonie traditionnelle pour aller danser avec les femmes le lendemain et ramener la cassette à l’ORTM pour diffusion. Ce genre de pratiques sont inacceptables".
Pour terminer, Blaise nous a révélé avoir saisi le président de la République, après discussion au sein de la CDS, pour mettre à nu les agitations du ministre qui cherche à nuire au maire CDS qui, "avant même d’être militant de notre parti, a beaucoup fait pour la ville et use de ses relations, aux plans national et international, pour servir la mairie de Bougouni" a-t-il précisé. Avant d’ajouter que "sur le connaissement qui a accompagné les contenaires, les articles cités par les jeunes n’y figurent pas. Tiémoko a attendu d’être ministre, pour user de l’argent et des véhicules de l’Etat pour, sous le couvert d’une campagne de reboisement, venir à Bougouni pour pousser les jeunes à se soulever contre le maire en diffusant des contre-vérités. Que cela cesse!".
Dans tous les cas, manipulés ou pas, les jeunes sont allés loin car nous sommes en démocratie et force doit rester à la loi.
La situation qui prévaut actuellement à Bougouni doit être prise très au sérieux car, d’après plusieurs versions recoupées, on a frôlé l’émeute.
Aux dernières nouvelles, le ton est en train de monter car les jeunes sont encore requinqués à bloc par les adversaires du maire et selon nos sources, des manifestations pourraient être encore enregistrées à partir d’aujourd’hui.
Diakaridia Yossi et Amadou Bamba NIANG