Les dimanches à Bamako :Simple snobisme ou véritable nécessité ?

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    Depuis un certain temps, on assiste à une prolifération des mariages dominicaux à Bamako. Du coup, les Dimanches à Bamako s’assimilent à de véritables jours de fête à tel point qu’on en a fait une coutume ancrée dans l’esprit des uns et des autres.

    Nous sommes dans les locaux de la mairie de Daoudabougou, une robe de mariée louée à 50 000 F, un costume de cravate acheté à 200 000 F, une limousine louée à 75 000 f, voici un peu le décor du jour.

    Mariam, cousine à la mariée s’est endimanchée dans son Bazin dernier cri, maquillée de la tête au pied laisse apparaître une jovialité relativement bonne. Elle nous confie avec fierté que son seul habillement de cette journée lui a couté 115 000 F. « Je ne pourrais pour rien au monde manquer ce rituel dominical qu’est le mariage », ajoute-t-elle. Même si officiellement, c’est le jeudi qui est considéré comme jour de célébration des mariages, il faut reconnaître que la majorité des couples préfèrent payer le dimanche plus que ce qu’ils paieraient le jeudi, histoire de rassembler le maximum de convives possibles. Quand on s’amuse à évaluer le prix des bâches, chaises et sonorisation louées pour la circonstance, sans oublier le côté gastronomique, on se rend compte que ce sont des centaines de milliers de francs qui volent en éclat et cela au préjudice des mariés et de leur différente famille. Un adage dit : « La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a ». Ce dicton semble être carrément incompatible avec ce qu’on voit les dimanches, puisque nos sacrés dépensiers s’évertuent à donner plus que ce qu’ils ont quelques soient les moyens qu’ils se donnent (avance sur salaire, crédits…). Généralement, ce sont les femmes qui encouragent ce phénomène regrettable tout simplement parce qu’elles veulent organiser des festivités comme l’aura fait le couple d’à côté. En un mot, chaque « den bah » (marraine) veut que le mariage de sa protégée soit une féerie alors que les réalités des foyers diffèrent selon le pouvoir d’achat de tout un chacun.

    A cet aspect dispendieux de notre coutume dominicale, il faut aussi ajouter le côté péripétie causé par certains motards sans scrupule.

    Reconnu et garanti par le cinquième amendement du 25 Février 1992 du Mali, le cortège est souvent ce qui gâche la fête. C’est malheureusement le son de la sirène d’une ambulance qu’on entend en lieu et place des klaxons censés escorter les futurs ou nouveaux mariés.

    Au de la réjouissance festive dont profitent les différentes connaissances, les uns et les autres doivent se dire que le secret de participer à la célébration d’autres mariages est d’être prudent lors du cortège. Il leur revient en tant que motocyclistes de mettre la sagesse au devant de tout au cours de ces manifestations jubilatoires où le Satan éveille le plus notre désir de faire des gaffes au lieu d’être clément en vers tous. Finalement, le dimanche n’est plus un moment de repos pour les fonctionnaires maliens mais plutôt le jour le plus chargé de la semaine.

    CHRISTOPHE KONE, STAGIAIRE

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