« L’argent est bon, mais Dieu est mieux : telle est l’unique leçon que l’on doit tirer dans cette époustouflante histoire réelle, inspirée de l’ouvrage d’Anzata Ouattara. L’auteur de cette histoire nous livre un secret très important ou du moins une partie de son patrimoine familial espérant que nous en ferons bon usage. Elle nous explique comment ses sœurs et elle ont été dépucelées par leur propre père et la manière tragique dont ce dernier est mort…».
« L’histoire dont j’ai été victime est honteuse. Je ne serais même pas capable d’en parler à mon mari. Il y a vingt ans, mon père était très puissant. C’était l’une des personnes les plus respectées de ce pays. Il est mort depuis six ans maintenant. Il a connu une fin terrible. Il a beaucoup souffert avant d’être rappelé à Dieu. Le voir souffrir me rendait malheureuse. Il a tenté plusieurs fois de se donner la mort, mais nous sommes toujours arrivés à temps pour le sauver. Malgré tous ses défauts, nous l’aimions quand même.
Très tôt dans sa vie, mon père a connu la gloire, la fortune. Il possédait plusieurs biens à l’intérieur du pays : des magasins, des stations d’essence, des taxis et plusieurs biens immobiliers. Il avait plusieurs femmes. J’étais fière d’être sa fille. Mais il avait un problème avec les femmes. Elles ne faisaient pas plus de deux mois avec lui ; pourtant sa fortune suscitait de nombreuses candidates. Nous, ses enfants, étions trois filles. Je suis l’ainée. Nous étions toutes les trois de mères différentes. Papa changeait de femmes régulièrement. Nous avons donc été élevées par notre tante, sa petite sœur. Elle n’avait pas d’enfant et s’occupait de nous. Ce qui me surprenait, c’est elle qui prévenait mon père à chaque fois qu’il devait se séparer d’une femme. Je sentais mon père triste à ces moments-là, mais il s’exécutait toujours en leur donnant une belle fortune. Mes sœurs et moi avons vécu comme ça sans comprendre grand-chose à ses agissements.
Lorsque j’ai eu quatorze ans, mon père m’a demandé de lui faire la liste de tous mes besoins et de ceux de mes copines. Il n’a pas hésité à tout acheter. Le soir au coucher, ma tante m’a fait boire une boisson dont j’ignore la composition, mais qui m’a droguée. Dans la nuit, malgré l’état dans lequel j’étais, j’ai senti mon père sur moi en train d’abuser de moi. J’entendais ses pleurs et les encouragements de ma tante, mais je ne pouvais pas réagir. A mon réveil, j’étais presque sûre d’avoir rêvé jusqu’à ce que je me rende compte qu’il y avait un changement. J’étais propre mais lorsque j’ai introduit mon doigt entre mes cuisses, je me suis rendu compte que je n’étais plus vierge. Comment expliquer ce changement dans mon organisme ? Je suis allée dire à ma tante ce que j’avais cru voir et entendre dans la nuit. Elle m’a traitée de menteuse. Elle a même menacé de dire à mon père que j’avais un petit ami. J’ai eu tellement peur que je n’ai jamais eu courage d’en reparler.
En 1996, d’après ce qu’on m’a expliqué, mon père aurait couché avec une femme deux fois alors que ses génies le lui avaient interdit. Tous ses malheurs ont commencé. Il tombait souvent malade, malgré tous les sacrifices de bœufs, de poulets et de montons ma tante était désespérée. Elle se déplaçait régulièrement avec lui dans plusieurs villages pour voir des guérisseurs. Mon père a fini par perdre l’usage de ses bras et de ses jambes. Et selon ma tante, il lui était interdit d’aller à l’hôpital car les génies ne supportaient pas les injections. Pendant quatre ans, ma sœur et moi avons vu notre père souffrir tous les jours sans pouvoir l’aider. J’avais fini par comprendre que sa fortune ne venait pas de Dieu et que c’est pour cela qu’il souffrait.
Chaque fois qu’il voyait une de ses filles, il pleurait longuement et lui demandait de sortir. Mes sœurs et moi ne comprenions rien à cette attitude. Nous étions donc obligées d’attendre qu’il dorme avant d’entrer dans sa chambre. Ma tante nous a expliqué qu’il ne souhaite pas qu’on assiste à sa déchéance. Toutefois, nos études n’étaient pas perturbées, nos résultats étaient excellents et les affaires de papa prospéraient toujours bien qu’il n’arrivait plus à s’en occuper. Sa chambre sentait mauvais parce qu’il faisait ses besoins sur lui. Personne, en dehors de nous ses filles, n’a pu le voir pendant ses quatre années de souffrance. Ma tante interdisait toute visite.
Un matin, ma tante nous fait appel dans la chambre de papa. Il voulait nous parler. Il nous a fait des bénédictions et il a partagé tous ses biens entre ma tante et nous. L’atmosphère était difficile à supporter. Mon père demandait pardon pour tout ce qu’il nous a fait de mal. Il nous a conseillé de ne pas faire comme lui, de suivre Dieu. Pour finir, il nous a avoué que c’est lui qui nous avait dépucelé toutes les trois, dès l’âge de quatorze ans car c’était sur recommandation de ses génies. Mes sœurs et moi étions étonnées et malheureuses, mais incapable de le détester. Il souffrait et il attendait qu’on lui pardonne pour mourir en paix. Ma tante nous suppliait en pleurant car sans notre pardon, notre père ne pouvait être libéré. En chœur, nous lui avons pardonné.
Cela fait six ans maintenant, mais je revois cette scène chaque fois que j’arrive au village pour rendre visite à notre tante qui est maintenant malade aussi. Avec le temps, nous avons surmonté tout cela. L’argent est bon, mais Dieu est mieux. Chaque mois, nous faisons don d’une partie des biens de notre père à des personnes qui en ont besoin. Je ne souhaite à personne de finir comme mon père. Je suis sur le point de me marier, mais ce secret restera entre ma famille et vous. Alors tachez de le retenir comme leçon et surtout de ne suivre pour rien au monde le chemin emprunté par notre père ».
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La Rédaction