Abattre des poulets est devenu, de nos jours, à Bamako, un métier rentable comme les autres. Mais les conditions d’hygiènes dans lesquelles se pratique le métier laissent à désirer. Nous avons menée une petite enquête dans certains endroits où se fait l’abatage de poulets.
Dans les petits marchés des quartiers de Bamako, les abatteurs s’installent dans des taudis pour faire leur travail. Toujours assaillis par une horde de mouches et d’insectes de toute sorte, ils ne se gênent pas apparemment. Car ils se disent qu’il faut faire avec. Surtout dans un pays où les questions d’hygiène constituent le dernier souci de certains.
Au marché de Sabalibougou, les abatteurs de fortune sont généralement terrés dans un endroit nauséabond. Ils exercent ce métier au milieu des mouches, des taons et souvent même d’excréments de toute sorte. Sur la sale table, on peut voir des insectes, transportant des germes, assaillant les poulets déplumés et pondant certainement des œufs. Le problème est que la plupart des abatteurs ignorent le mot hygiène. Leur seule préoccupation : gagner de l’argent, beaucoup d’argent. Adama Coulibaly, abatteur de poulet au marché de Sabalibougou explique : ”je travaille dans cet endroit il y a deux ans. On commence à 7heures du matin jusqu’au crépuscule. Nous abattons beaucoup de poulets par jour. On abat un poulet à 50 F, mais nous gardons toujours les boyaux pour les revendre. Nous n’avons pas un prix précis pour ces pièces. Parfois, il y a des propriétaires qui refusent qu’on garde les pièces. Dans ce cas, nous abattons et déplumons le poulet à 300 F. Parce que nous travaillons pour avoir de l’argent. Notre travail est hiérarchisé, on a un chef, c’est un vieux solidaire avec tout le monde ici. Chacun de nous peut avoir 1500 F par jour. Les enfants qui travaillent avec nous gagne 750 F parfois " Pour Adama Coulibaly, l’hygiène préoccupe certains de ses clients qui n’ont de cesse arrêté de l’interpeller. ” Des clients se plaignent souvent pour que nous puisons nous éloigner des ordures et des caniveaux. Quand nous avons été blâmés par certains clients, cela a failli nous faire perdre beaucoup d’autres clients”. Par ailleurs, notre abatteur de poulet souligne qu’ils (les abatteurs) payent 3000 F CFA par mois comme taxe aux autorités communales. Ces derniers ne se soucient apparemment guère de l’hygiène.
Un besoin d’encadrement du secteur
Karim Doumbia, élève au Lycée Massa Makan Diabaté mène occasionnellement cette activité. ”Je fais ce travail dans la rue chaque week-end. Je gagne 1000 à 1500 francs parfois et par jour”. Il reconnait que la propreté et l’hygiène n’est le soucie de personne (abatteurs, autorité ou clients), car ils sont rarement interpellés.
Il n’exclut pas cependant que les poulets soient consultés par un vétérinaire avant leur abattage. Même si souvent, des gens apportent leurs poulets pour seulement l’abattage. M. Doumbia reconnaît quand même que des vétérinaires fréquentent certains abattoirs de fortune. En clair, quand les autorités se désengagent d’un secteur aussi important, quand les associations de consommateurs ne disent rien ou quand aucun abattoir digne du nom n’existe au Mali pour l’abattage des poulets, les abattoirs de fortune avec leurs corollaires de maladies vont toujours occuper le terrain. Et si l’Etat à travers les municipalités ne fait rien, bonjour les dégâts!
Mamoudou SATAO, Stagiaire