«Le bien et le mal ont le même visage, mais tout dépend du moment où nous les rencontrons…» Écrit Paolo Coello, l’auteur Brésilien dans son livre «Le démon et mademoiselle Prym». Cette réalité, le Colonel Mady Monekata l’a vécu et de plein fouet. En effet, quelques heures ont suffit pour faire de ce valeureux soldat, le contraire de ce qu’il a été durant toute sa vie.
Aujourd’hui à la retraite, le Colonel Monekata s’est trouvé au cœur de l’histoire des frères Monekata arrêtés au début de la semaine dernière par la gendarmerie de Kalaban Coro pour vols à mains armées, assassinats et autres forfaits perpétrés à travers la ville de Bamako. Et c’est une source sécuritaire qui a donné l’information aux journalistes sur le terrain que c’est le Colonel Monékata qui aurait donné des instructions pour libérer le voleur Monékata par le biais d’un officier de la gendarmerie. Mais, il s’est trouvé que le Colonel Monékata n’y était pour rien.
Et ne connaissait même pas ces «Monékatas» qui se prenaient souvent comme ses enfants pour influencer certaines personnes comme c’est souvent le cas ici. Plusieurs organes avaient donc fait le lien entre les «frères Monékata» et le Colonel Monekata. C’est dans ces conditions que nous avons rencontré le vrai Mady Monekata, Colonel à la retraite, mais chargé de mission (cellule Sécurité nationale) à la présidence de la République.
Qui est le Colonel Mady Monékata ?
Cette rencontre initiée par nos soins, nous a permis de découvrir un homme victime de sa modestie, son patriotisme et sa largesse. Mais aussi, un homme au parcours exceptionnel d’une autre époque et d’une autre réalité. En effet, né le 19 Août 1944 à Kati, Mady fit ses premières études à l’école primaire de Bamako (1951-1959), puis au Collège Moderne de Bamako (1959-1963) pour finir avec au Lycée Technique de Bamako (1963-1966).
Commença alors la carrière militaire avec son entrée à l’école militaire interarmes de Kati (EMIA : 1966-1969), suivra alors les cours de capitaine au CIK à Koulikoro (1979-1980). La même année (1980) Mady entre à l’EAI en France (Montpellier) pour encore y suivre des cours de capitaine. Ensuite ce sera l’étape Allemande avec son entrée à l’école d’Etat Major de Hambourg et à l’école de guerre (Fuhrung Akademy) (1982-1984). C’est en 1998 qu’il fait son entrée à l’Université Nationale de la République Populaire de Chine pour étudier des cours supérieurs de défense.
Sur le terrain, Mady Monekata exercera plusieurs fonctions, mois après mois et année après année pour obtenir jour après jour des médailles, des récompenses et des grades. C’est ainsi qu’il servira son pays de Kayes à Kidal en passant par des hameaux, des arrondissements, des cercles, des régions… Donc de Commandant en chef de la Compagnie Nomade du Temétrine à Aguel Hoc et en même temps sous-préfet de cette localité, au poste de chargé de mission à la présidence de la République aujourd’hui, Mady a tout vu dans les moments paisibles ou en temps de guerre, comme ce fut le cas lors des rébellions au Nord du pays.
Parlant des problèmes du Nord, il a été l’un des grands artisans des accords de Tamanrasset (6 Janvier 1991), car il était le Commandant en Chef des opérations dans cette zone. Mais l’une des missions les plus périlleuses était celle du maintien de la paix au Libéria (1994-1997) au titre de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Pendant ces années, il sera décoré Chevalier de l’Ordre National du Mali ; de la Médaille du Mérite Militaire ; de la Médaille de Campagne Militaire ; Officier de l’Ordre National du Mali ; Croix de la Valeur Militaire ; Médaille de l’ECOMOG (CEDEAO) au Liberia ; Commandeur de l’Ordre National du Mali ; Grand Officier de l’Ordre National.
Aujourd’hui marié et père de neuf (9) enfants, le Colonel Mady Monekata est un homme d’une modestie sans égale, d’un patriotisme exemplaire, car malgré l’âge et le service accompli, il continue de servir son pays et par la plus grande manière. Et aussi, avons-nous appris que le Colonel Monekata vient de Kéniéba et que les «Frères Monekata», quant à eux, viennent de Kayes.
Moussa KONDO