Le Centre Djoliba fermé, étudiants et ONG l’assignent en justice pour rupture abusive de contrat

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    Depuis deux mois, le Centre Djoliba de Bamako est fermé. Hermétiquement. Mecontents, des étudiants s’organisent pour assigner ses responsables en justice.

    Le Centre Djoliba est un centre d’échanges, de réflexion, de débats et de documentation. Créé depuis 1964 par l’Abbé David Traoré, le Centre Djoliba dispose d’autres démembrements à Ségou et à Sikasso. Depuis sa création, le Centre Djoliba  s’est assigné comme mission de « renforcer les capacités de la société civile au Mali et en Afrique, de promouvoir la justice, la démocratie, la paix sociale et culturelle à travers, la recherche, la documentation, la réflexion, la formation et l’information… ». A en croire les acteurs du mouvement démocratique, le Centre Djoliba a joué un  rôle majeur dans l’instauration de la démocratie au Mali en 1991. « Les  débats qui ont ébauché la révolution  de mars 1991 ont été organisés au Centre Djoliba de Bamako », témoigne un sexagénaire qui se dit «fidèle» du Centre Djoliba. Pour lui, il est impossible d’évaluer le rôle qu’a joué ce centre dans l’avènement de la démocratie au Mali. « Le Centre Djoliba était le sanctuaire des acteurs du mouvement démocratique.  S’il n’existait pas il fallait le créer » assure t-il.

    Outre les conférences-débats qui y étaient organisées, chaque semaine, les projets sur les activités génératrices de revenus pour les femmes, les recherches sur l’excision et le leadership féminin, le Centre Djoliba  est un centre de documentation par excellence. Il dispose de la bibliothèque la plus riche de notre capitale. Du coup, il était devenu et le lieu de retrouvailles des étudiants. Des centaines d’étudiants s’inscrivent, chaque année, à la bibliothèque du Centre Djoliba afin d’accéder aux documents.

    Après, environ, cinquante ans d’existence, ce centre est, aujourd’hui, à l’article de la mort. Depuis plus de deux  mois, le Centre Djoliba  est fermé.  Et tout le personnel a été viré. Après paiement de leurs droits, bien entendu.

    Selon nos informations, cette décision a été prise par l’Archevêché de Bamako, qui assure la Présidence de son conseil d’administration. A en croire un ex-employé du Centre Djoliba, l’Eglise reproche à La direction du Centre Djoliba une mauvaise gestion qui aurait engendré un déficit de plusieurs dizaines de millions CFA. Selon notre interlocuteur, le Centre Djoliba n’arrivait plus à assurer ses frais de fonctionnement. Il était devenu une charge pour l’Eglise qui a décidé de fermer ses portes jusqu’à nouvel ordre.

    Une fermeture qui semble causer des désagréments aux partenaires du Centre Djoliba, en l’occurrence, les étudiants et certaines ONGs. Notre source indique que certaines ONGs ont déjà interpelé le Centre Djoliba en justice pour rupture abusive de contrat.  Aussi, les étudiants se disent lésés par cette fermeture qui coïncide avec les examens de fin d’année.

    Chaque jour, des dizaines d’étudiants se rendent au Centre Djoliba dans l’espoir de retrouver ses portes recouvertes. Peine perdue. Face à cette situation, ils décident de porter plainte contre le Centre Djoliba. A ce jour, la tension est montée d’un cran, du coté des étudiants. Si certains pensent que la procédure judiciaire est la meilleure pour rentrer dans leurs droits, d’autres, au contraire, estiment qu’il faut marcher sur l’Eglise afin qu’elle procède à l’ouverture immédiate du Centre Djoliba.  «Ce qui fâche, c’est la façon dont ils ont fermé le centre. Sans avis, ni rien. Alors que nous avons payé de l’argent pour nous inscrire à la bibliothèque », nous a confié un étudiant qui qualifie ce comportement d’ «escroquerie».

    A suivre…

    Abou Berthé

     

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    8 COMMENTAIRES

    1. L’ETAT MALIEN DOIT INTREVENIR POUR SAUVER LE CENTRE DJOLIBA, C’EST UNE ORGANISATION D’UTLITE PUBLIQUE.

    2. Au lieu de manquer de respect à l’Eglise du Mali, il serait bien comme le propose Monsieur Ledoux, de proposer des solutions de sortie de cette situation. Souma parle de subventions, mais on les prends où? L’argent de l’Eglise vient des catholiques pratiquants. L’urgence aujourd’hui se trouve avec nos parents du Nord entre autres, donc le choix est facile et simple.
      Je propose que nous envoyons des projets à l’Eglise permettant d’assurer un équilibre financier et une bonne gestion du Centre.
      Bonne journée à tous et que que Dieu vous inspire positivement!

    3. J’ADHERE A L’OPINION DE NAMAKORO. LE CENTRE DJOLIBA N’EST PAS A FERMER! C’EST UNE VERITABLE INSTITUTION DU SAVOIR ET DE LA CULTURE.
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      NAMAKORO
      28 juin 2012 – 17:34

      “Monseigneur jean Zerbo, virez les responsables et ouvrez les portes du centre. Les
      maliens de bonne volonté ainsi que des structures qui connaissent bien l’importance du centre viendront au secours, j’
      en suis sûr. Il suffit de poser clairement le problème et d’en faire demande aux populations. LE CENTRE DJOLIBA N’EST
      PLUS LA PROPRIETE DE LA SEULE EGLISE CATHOLIQUE DU MALI. C’EST POUR TOUT LE MONDE, TOUS CEUX QUI CHERCHENT A APPRENDRE
      ET AVANCER”.

    4. La responsabilité n’est pas seulement au niveau de la direction du Centre.L’archévêque a aussi sa part(très importante).

    5. Monseigneur jean Zerbo, virez les responsables et ouvrez les portes du centre. Les maliens de bonne volonté ainsi que des structures qui connaissent bien l’importance du centre viendront au secours, j’en suis sûr. Il suffit de poser clairement le problème et d’en faire demande aux populations. LE CENTRE DJOLIBA N’EST PLUS LA PROPRIETE DE LA SEULE EGLISE CATHOLIQUE DU MALI. C’EST POUR TOUT LE MONDE, TOUS CEUX QUI CHERCHENT A APPRENDRE ET AVANCER

    6. En réalité, c’est une grande déception que l’Archevêché ait réagi de la sorte. On ne peut pas du tout comprendre la fermeture de ce centre. Si l’Église n’a pas trouvé d’autre solution à cette “prétendue” mauvaise gestion que de fermer purement et simplement le Centre Djoliba, c’est ici la preuve que les dirigeants de ce centre, en occurrence son Conseil d’Administration est en manque d’inspiration ou plutôt est mauvais gestionnaire. La faute incombe au CA qui a assisté très satisfait à cette situation. La situation n’est pas du tout innocente.

    7. Journaliste français, ayant visité 26 fois le Mali depuis 1987, je puis témoigner de l’importance de ce centre comme carrefour culturel de Bamako. Je m’y suis rendu à plusieurs reprises, alors qu’il était encore installé dans les locaux de la mission catholique en face de la cathédrale.
      C’est le seul espace culturel ouvert qui n’a jamais été fermé, y compris aux pires moments du régime du parti unique de Moussa.
      J’ay ai rencontré Ousmane Sy, alors jeune militant de la décentralisation, qui a fait le chemin que l’on sait dans le domaine, et qui y animait des rencontres avec les politiques et ce que l’on nomme aujouord’hui “la société civile”.
      J’ai bien apprécié aussi le Père Verstraete, et les militantes des droits des femmes, Valérie Tounkoro ou Jeanne d’Arc Sangaré…
      Je suis depiné de ce qui arrive au centre, je comprend que l’évéché catholique de Bamako, pas bien riche, ne puisse suivre financièrement, je regrette qu’une mauvaise gestion mette un terme à une si belle aventure.
      Je regrette surtout la fermeture de ce lieu culturel, de confrontation démocratique, ouvert, tolérant, au moment même où le Mali en a vraiment besoin.
      Que peut-on faire ????
      Très cordialement au Canard Déchaïné… dont j’apprécie les plumes !
      Hubert LEDOUX

    8. je peux témoigner de l’importance de ce centre. effet, j’ai eu au niveau de ce centre le meilleur document sur l’audit interne. une religion dans l’audit. il était en rupture même en France.
      je pense qu’il y a mauvaise gestion mais aussi baisse de recettes. il faut une subvention pour maintenir le centre. ne fermer pas ce centre, c’est le seul lieu.

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