Inculpées pour vol qualifié, association de malfaiteurs, disposition de biens d’autrui, dommages aux animaux et opposition l’autorité légitime, Lassina Sangaré dit Oudy et 33 autres ont été fixés hier sur leur sort avec à la clef un acquittement, 5 condamnations à la peine de mort, 5 ans d’emprisonnement ferme…
Le 26 novembre 2012 comparaissaient devant la Cour d’assises de Bamako Lassina Sangaré et 33 autres pour répondre à plusieurs chefs d’accusations. Ils sont inculpés de rébellion, vol qualifié, association de malfaiteurs, disposition de biens d’autrui, dommages aux animaux et opposition à l’autorité légitime.
Courant février 2011, un groupe de bergers conduisant 250 têtes de bovidés et 200 têtes d’ovins se rendait en transhumance vers la Côte d’Ivoire. Arrivés au village de Tola, ils se faisaient intercepter par des jeunes gens qui s’emparaient de leurs troupeaux et ligotaient deux des bergers notamment les nommés Soulé Hamady Bolly et Youssouf Bolly, qu’ils dépouillaient également des sommes respectives de 102 000 F CFA et 78 000 F CFA, d’une moto de marque Honda et divers effets mobiliers leurs appartenant.
Ils conduisaient les animaux au bord du fleuve et les abattaient à l’aide de fusils. Ainsi donc plus d’une centaine d’animaux étaient froidement abattus sur l’instruction du chef de village de Tola et du nommé Djiné Moussa Diakité du village de Kamissala au préjudice des sieurs Hamady Bolly, Bocar Bolly, Modibo Bolly et Oumar Bah.
Interpellés dans un premier temps par la gendarmerie de la brigade territoriale de Yanfolila, les habitants des villages de Tola et de Kamissala empêchaient les agents enquêteurs de procéder aux différentes investigations sur place protégeant ainsi les mesures de troubles notamment Lassina Sangaré, Bakary Sangaré et Mamadou Moro Sangaré.
Dans un second temps, les gendarmes des compagnies territoriales de Bougouni et de Yanfolila sur instruction du procureur de la République de Sikasso interpellaient 49 individus dont 6 mineurs impliqués dans ce fait. Interrogés à l’enquête préliminaire, ils reconnaissaient tous avoir participé à cette opération d’abattage avant de se rétracter dans une dénégation collective et systémique des faits.
Considérant en effet, lors d’une réunion tenue chez le chef du village de Tola, consécutive à celle de Yorobougoula, ils décidaient tous d’un commun accord de s’en prendre aux troupeaux des Peuls ; qu’ils se sont munis de fusil, de scies et autre armes blanches comme en atteste l’inventaire des pièces à conviction n°38/PV n°20 du 18 avril 2011 portant sur les scellés, que les inculpés ont mis en exécution la décision commune, tel qu’il ressort de leurs attaques perpétrées contre les peulhs migrants et leurs troupeaux, dont les faits sont confirmés par trois (3) messages n°093, 094,097 des 2 et 3 février 2011 du commandant de brigade de la gendarmerie de Yanfolila, dans le seul but de décimer les bovidés ; ils ont donc formé une entente dans le but d’attenter des citoyens ainsi qu’à leurs biens ; cela constitue le crime d’association malfaiteurs.
Poursuivant leur dessein machiavélique ils abattaient délibérément plus d’une centaine d’animaux, portant ainsi volontairement dommages aux animaux et ils s’emparaient de leur viande avant de les vendre sur les marchés des différents villages et à Bougouni, disposant ainsi des biens d’autrui, tel qu’il ressort du procès-verbal de constat du technicien d’élevage du secteur vétérinaire du Yanfolila établi le 27 février 2011, l’objet de la réquisition n° 164/2 du 24 février 2011-BT Yanfolila, en ces termes : “(…(8) cuirs et des os de bovins baignant dans l’eau, une tête séchée de bovins et des traces de sang séchés était sur la berge…” ; ces constats sont appuyés par des constatations des enquêteurs dans ledit procès verbal, il est également constant que les bergers ont été dépossédés de leurs engins à deux roues notamment une moto Honda, deux (2) vélos et la somme de 180 500 F CFA ; cela constitue le vol qualifié puisqu’il y a eu soustraction frauduleuse avec cette circonstance aggravante que le dit vol a été commis en bande et avec violence.
D’autres part, les inculpés lors de leur interpellation se sont opposés à une autorité légalement institué notamment les gendarmes de la brigade de Yanfolila et ont empêché ainsi l’arrestation des principaux auteurs de ces faits ; ces faits sont étayés par des mentions contenues dans le procès verbal n° 192/2 du 21 mars 2011 de Légion de la gendarmerie de Sikasso, ainsi qui suit : “à la suite de l’arrivée de la mission d’enquête à Tola, la population s’est soulevée en seul bloc, cherchant à agresser les agents et peulhs éleveurs ayant servi de guide. La sérénité et le sang froid observé par les agents a permis d’éviter de justesse l pire” ; ces actes constituent une opposition à l’autorité légitime, donc contre l’autorité de l’Etat.
Les inculpés ont été fixés sur leur sort hier jeudi. En effet, l’audience d’hier présidée par Kamafili Dembélé, a permis de retenir les prévenus dans les liens de l’accusation. Ainsi, les intéressés ont reconnu les faits à leurs reprocher. Au cours des débats les avocats ont sollicité la clémence de la Cour tout demandant de prendre en compte les réalités des différents prévenus. Après délibération, la Cour a prononcé des condamnations à la peine de mort, un acquittement, 5 ans d’emprisonnement ferme, 5 ans d’emprisonnement avec sursis et des condamnations par contumace.
Youssouf Coulibaly
Chacun fait ce qu’il veut au Mali…sinon comment peut-on se permettre une telle criminalite?
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