Fin juin début juillet 2006, l’Opération Parc National de la Boucle du Baoulé (OPNBB) a transporté 200 jeunes en qualité de manœuvres pour l’aménagement du site, au fin fond de Djoumara. Avant le départ, les recruteurs avaient affirmé aux embauchés qu’il s’agissait de la construction d’une route. De plus, comme l’on était en période de vacances scolaires, de nombreux élèves faisaient partie du lot des recrues. Sur place, à leur grande surprise, les jeunes se rendirent compte que leur travail consisterait en fait à aménager les points d’eau et de passage des animaux sauvages de la zone.
Très fâchés et vivant dans des conditions de séjour inhumaines, tant sur le plan alimentaire que physique, au bout de vingt jours de "travaux forcés", et non un mois comme prévu, les manœuvres décideront de rentrer chez eux. Ils ont donc pris leur courage à deux mains et ont décidé de revenir à pied à Bamako avant la fin officielle de la mission. "Nous vivions un véritable enfer. Au retour, nous avons marché de huit heures à vingt deux heures, dans la brousse pour rejoindre notre campement situé dans le village de Missira " nous a raconté une victime. Ils sont tous revenus malades de l’aventure.
Plus malheureux, quatre d’entre eux sont morts des suites d’une infection inconnue. Selon nos sources, deux des défunts seraient de Sénou, un village de Kati et le dernier de Banconi. Pour les parents des victimes l’infection aurait été d’origine amibienne. D’autres causes ont été avancées pour expliquer les décès, mais elles restent à l’état d’hypothèse, puisqu’ aucune autopsie n’a été effectuée avant les enterrements. Aux dires des rescapés de cette odyssée, la nourriture qu’ils consommaient n’était pas de bonne qualité et l’eau dont ils disposaient était tout sauf buvable.
Mais à l’impossible nul n’est tenu : "Nous étions obligés de boire de l’eau impropre et d’ingérer des nourritures immangeables, car c’était prendre cela ou mourir " nous a déclaré un témoin. Contrairement aux clauses du contrat qui les liait à l’Opération Parc National de la Boucle du Baoulé, chaque manœuvre devait percevoir 45 000 francs CFA, mais les responsables de l’OPNBB n’ont payé que 31 000 francs. Nous avons joint au téléphone le directeur général de l’OPNBB, M Séméga, pour tenter de recouper ces informations. Il nous a répondu en ces termes : "Me connaissez-vous, savez-vous avec qui vous êtes en train de parler ? etc …" avant de nous raccrocher au nez.
Affaire à suivre donc.“