Une inconnue surveillait les faits et gestes des accompagnantes d’une parturiente. Lorsque l’occasion se présenta, elle enleva le nourrisson à côté de sa mère endormie avant de disparaître
A un moment donné nous avons tous cru que le phénomène de vol ou d’enlèvement d’enfant appartenait désormais au passé à Bamako et environs. Cela, pour une raison simple : de moins en moins les commissariats de police enregistraient des plaintes se rapportant au phénomène. Mais nous avons très vite déchanté avec le cas qui vient de se produire au centre de santé de référence (Csréf) de la commune IV du District de Bamako.
Dans ce centre hospitalier où les faits ont eu lieu, mi-février dernier, certains s’interrogent toujours sur les raisons qui ont poussé N’na (pseudo), une femme du troisième âge à s’emparer du nouveau-né de Maïmouna, une jeune dame qui venait d’accoucher.
Le jour des faits, quelques heures plus tôt, la nommée Maïmouna (mère victime) commença le travail. Généralement comme c’est le cas, ses proches (dont sa propre mère) l’ont urgemment amenée au Csréf cité plus haut. Sans grande difficulté, ils arriveront au centre de santé. Mieux la parturiente est rapidement prise en charge par le corps médical alors qu’en parallèle les accompagnantes s’occupaient des documents médicaux de l’accouchement.
Les parents de la future mère du nouveau-né s’affairaient dans le bloc administratif. C’est ce moment que la vieille N’a a choisi pour se mêler dans une histoire qui ne la concernait pas du tout. Elle faisait le va-et-vient entre le bloc administratif et la salle d’accouchement, comme si elle était l’une des proches de la parturiente. Elle aurait ainsi participé pratiquement à toutes les étapes de l’accouchement de la jeune Maïmouna, du début jusqu’à la fin.
Jusque-là, les choses se sont passées sans difficultés majeures. Elle aurait d’ailleurs pu se terminer ainsi si la vieille femme n’avait pas d’autres intentions derrière la tête. Elle avait mûri un plan machiavélique qu’elle ne tardera pas à mettre à exécution à la surprise générale. Maïmouna venait d’accoucher et elle n’avait pas encore récupéré des douleurs intenses qui la tiraillaient des heures durant avant qu’elle ne se libère de son travail. Totalement éreintée, elle est conduite dans la salle d’observation pour se reposer.
Complètement déchargée, la jeune femme tomba dans les mains de Morphée et s’endormit à poings fermés. C’est ce moment que la voleuse d’enfant a choisi pour sévir. Pendant tout ce temps elle guettait le moindre faux pas des accompagnantes de la parturiente pour disparaître avec son nourrisson.
Ce moment arrivera lorsque la mère de Maïmouna qui était à son chevet, se retira un moment pour faire la lessive des vêtements dans la cour. Profitant du fait qu’elle était seule dans la salle, elle a soustrait le nouveau-né des mains de sa mère qui dormait comme un bébé. Dans la foulée, elle prit le téléphone portable de sa victime avant de disparaître, sans laisser de traces.
Sur place, personne n’a pu expliquer comment cette femme du troisième âge est parvenue à ses fins sans qu’elle n’éveille les soupçons des personnes qui se trouvaient dans la salle.
A son retour dans la salle après la lessive, la grande mère fit le constat que le nourrisson n’était pas dans les bras de sa mère qui dormait encore.
Totalement confuse et inquiète, elle regarda à gauche puis à droite avant d’alerter les blouses roses de la salle d’accouchement du centre de santé. Les plus alertes constatèrent également la disparition de la vieille femme qui était là avec eux, alors qu’ils n’ont même pas cherché à connaître les raisons de sa présence dan la salle d’observation.
Aussitôt la nouvelle s’est répandue dans tout le Csréf comme une trainée de poudre. Les premières recherches dans l’enceinte de l’établissement sanitaire ont été malheureusement vaines. Sans perdre de temps, la grande mère du nouveau-né s’est présentée au commissariat de police le plus proche, où une enquête fut ouverte pour mettre la main sur la voleuse d’enfant.
Par la suite le procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune IV du District de Bamako a lancé un appel à témoin le jeudi 27 février 2025, concernant l’enlèvement du nouveau-né. Dans le document, il demande à « toute personne ayant été témoin des faits, d’apporter toutes informations utiles pour le succès de l’enquête en cours ». Quant à la voleuse d’enfant, elle court toujours avec le nourrisson d’autrui.
Tamba CAMARA