Barou avait juste eu une idée que le progrès technologique rendît possible. Il a piqué le smartphone de sa femme. Il se connectait à son compte Whatsapp qui n’était visiblement pas verrouillé. Sa messagerie était ouverte, accessible. Sa femme lui trompait avec un Lassi, un conducteur de mototaxi. Tout de même un brin de soupçon, pas suffisant pour en avoir le cœur net. Deux jours tard, Barou faisait signe au conducteur de mototaxi de s‘arrêter. Trop bavard, il voyageait allégrement dans son passé, sans transition : ses amourettes avec les femmes mariées. Et confidence pour confidence, Lassi lui narrait à son tour ses aventures avec une Atou qui n’était autre que l’épouse de son interlocuteur. Ce dernier avide de détails lui glissait une peau de banane sous le pied : n’est-ce pas qu’elle est de notre secteur où il est généralement admis que les femmes entretiennent des relations extraconjugales ? L’intérêt grandissant que nourrissait le client pour la conversation semblait lui donner des ailes. Lassi n’était nullement avare sur quelques précisions permettant de localiser la résidence d’Atou sise à quelques encablures du pont enjambant la rivière, sur la route de Mountougoula, son teint, sa taille.
Le soupçon s’était maintenant mué en certitude. Mais, voilà qu’il était arrivé à destination. Un coup d’œil rapide jeté à gauche et à droite l’informait d’une présence massive d’hommes et de femmes qui pressaient le pas en direction du marché, en ce jour de foire hebdomadaire de Tiéguéna. Barou renonçait à descendre de la moto, sous prétexte d’avoir oublié un sac contenant des documents de propriété foncière, des bons d’essence et une petite fortune évaluée à quelque 560.000 F CFA. En une poignée de secondes, son visage avait changé d’expression. Une mine d’enterrement s’était substituée à une gaieté contagieuse.
Compatissante, le moto taximan faisait demi-tour dans un tourbillon de poussière et accélérait. Rapidement, il avalait les 7 km. Mais il n’aurait pas la chance de terminer sa course en beauté. Sa nuque sentait le bout du canon d’un pistolet. Et ses oreilles entendaient des instructions fermes : Arrêtez ! Descendez ! Deux mots qui le remplissaient d’angoisse vite chassée par une question du style : à quoi bon risquer sa vie pour une moto fut-elle vieille de seulement un mois ? La réponse était aussi rapide. Il s’exécutait sans murmure.
Le conducteur explosait de joie en apprenant que son patron avait retrouvé la moto moins d’une heure après le braquage. Il a couru de toutes ses forces au domicile de ce dernier. A sa grande surprise, il revoyait son braqueur confortablement installé dans un fauteuil et sirotant un thé offert par son hôte.
L’employeur commentait l’affaire considérant cela comme une affreuse histoire qui dépasse leurs seules personnes, puisque voilà belle lurette que Lassi s’égarait régulièrement avec la recette journalière qui profiterait plutôt à sa maîtresse. Immédiatement, il apprenait qu’il était viré. La leçon est simple. Prenez une maîtresse, ça vous regarde. Mais ne s’amusez point avec mon argent !
N’importe quoi!
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