La Coordinatrice nationale PNLT lors du procès du Fonds Mondial : «J’ai toujours négocié avec les hôtels quand je voyageais»

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    La deuxième session ordinaire des assises de la Cour d’Appel de Bamako se poursuit. Avec elle, le procès de la tristement célèbre affaire du Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme qui commence à livrer ses petits secrets.

    Dans le box des accusés de cette affaire, il y a le Coordinateur national adjoint du PNLT, Mohamed Berthé. Il lui est reproché, de concert avec la Coordinatrice nationale, Alima Naco, avoir attenté aux biens publics par détournement, faux en écriture et usage de faux. Mohamed Berthé a reconnu avoir fait des cachets et des fausses factures pour légaliser des pièces qu’il avait perdues. Pourtant dans, dans les débats, il a apparu que, les personnes et les sociétés aux noms desquelles ces faux documents avaient été confectionnés, ne les ont pas reconnus comme étant les leurs. Notamment, le gérant de l’hôtel Kamankolé, à Kayes, a déclaré que «ces fausses factures ne correspondent pas à leur modèle». Quant à Djoumbogo Yalcoué, ancien chargé de communication au PNLT, il a déclaré que «c’est son supérieur hiérarchique qui lui donné des cachets pour les sécuriser en attendant son retour d’un voyage qu’il devait effectuer». Il est accusé de s’être rendu complice de la Coordinatrice nationale et de son adjoint dans le détournement de la somme indiquée plus bas. Il a nié avoir participé à la reconstitution des pièces à laquelle se livrait Mohamed Berthé. «Il m’a demandé de les garder avant qu’il ne revienne. Après il m’a appelé pour me demander de les lui apporter à la maison, avant de me demander de les détruire. Je ne suis pas mêlé dans le détournement qu’on lui reproche», a-t-il fait savoir. Avant de reconnaître qu’il a aidé Mohamed à «imiter les signatures de Logistic service et Lassana Kanté pour reproduire leurs factures».

    Concernant Alima Naco, elle a déclaré que les propos qu’elle a tenus, lors de l’instruction, ont été mal interprétés. «Je n’ai pas signé de fausses factures que Mohamed Berthé a faites. Le but de la reconstitution des pièces n’était pas de détourner. Nous avons peut être fauté par inattention, il n’y avait pas préméditation de détournent», a-t-elle martelé. Avant de reconnaître qu’elle a «négocié avec les hôtels pour se faire une économie». «On a logé moins cher à la Direction régionale de la santé de Sikasso et de Mopti. J’ai logé chez une nièce à la frontière Franco-suisse et j’ai négocié les factures à Paris. Elles ont été faites à Paris et non dans le bureau de Mohamed. J’ai également la connexion internet avec un étudiant Belge au cours d’une mes voyages», a-t-elle précisé. Avant de confesser «qu’en tant que médecin il n’est pas toujours facile de joindre les deux bouts avec son salaire». Des confessions qui ne reflètent pas celles l’enquête préliminaire où elle reconnaissait avoir «signé et utilisé des fausses factures fabriquées par son adjoint pour masquer des cas de détournements d’argent et aussi pour justifier des dépenses réelles».

    «J’ai détourné seul 121 millions »

    Auparavant, le premier à passer à la barre n’était autre que le Comptable principal du Fonds Mondial, Ichiaka Diallo, le gestionnaire des fonds. Il lui est reproché le détournement, au préjudice du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT) et du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), de la somme de 128 454 079 F CFA, à laquelle il faut ajouter 39 784 997 et de 85 049 764 F CFA dont les décharges revêtues de la signature des bénéficiaires n’ont pu être retrouvées, soit un total de 253 288 840 F CFA. Sur cette somme, l’agent gestionnaire du Fonds Mondial a reconnu seulement le détournement de 121 millions de francs CFA. «Je reconnais n’avoir détourné que 121 millions à des fins personnels. Je n’ai bénéficié de l’aide de personne ni au niveau au PNLT, ni au niveau de la DAF, ni au ministère. Doulaye n’a rien à voir là-dans», a-t-il déclaré devant la cour. Avant de dire que, lorsqu’il avait été interpellé, il s’était «engagé à rembourser la somme, en mettant à la disposition de la DAF du ministère de la Santé des biens dont il disposait, à savoir, une maison à étage, des lots à usages d’habitation et 5 véhicules». Par la suite, Ichiaka Diallo a regretté le fait «depuis son inculpation jusqu’à maintenant il n’a jamais vu le rapport qui l’incrimine». D’où, selon lui, «une violation du principe du contradictoire».

    En ce qui concerne Doulay Coulibaly, ancien régisseur du ministère de la Santé inculpé pour complicité avec Ichiaka Diallo, il s’est livré à «une dénégation totale des faits»: «Je ne reconnais aucunement les faits. Je ne sais même pas pourquoi je suis là. Cela me fais 17 ans que je suis régisseur au ministère de la Santé. Et je n’ai qu’une seule maison presque moisie. Si j’avais détourné, je ne serai pas le pauvre que vous voyez devant vous», a-t-il martelé.

    De même, il est reproché à Charles Sanogo et Alhassane Coulibaly, tous comptables à la Direction nationale de la santé, d’avoir fait du faux et usage du faux et de non présentation de pièces justificatives des fonds sur un montant de 125 087 044 F CFA. Charles a déclaré à la cour qu’il a, à sa disposition, des pièces justificatives de toutes les activités dont il a bénéficié les financements. Idem pour Alhassane Coulibaly. A ce niveau, les débats entre les magistrats et les accusés ont surtout porté sur la sincérité et la moralité des pièces fournies.

    Quant à Yousouf Boré et Badra Alioune Coulibaly, ils n’ont pas pu produire les pièces justificatives de 37 732 770 F CFA. Il ressort des débats, les concernant, que ces accusés ont fait faire des fausses factures au Mémorial Modibo Kéita pour justifier des fonds portant sur des activités qui se sont tenues à la Direction régionale de la santé ou pour faire sortir de l’argent. Badra Alioune a reconnu que, sur ordre de Youssouf Boré, il est parti faire deux factures au Mémorial Modibo Kéita. En ce qui concerne Boré, il a déclaré avoir agit sur ordre de la Directrice régionale de la santé. Ces deux accusés ont nié des faits de détournements.

    Youssouf Diallo

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