Kouakrou (Cercle De Djenné) : Les mésaventures d’un Casanova des tropiques

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    Se «taper» une femme dans certains de nos villages n’est pas aisé. Avoir deux, trois, avec une maîtresse, se raconte au-delà des frontières du village. Kaboro et Naboro sont des frères qui vivaient en parfaite harmonie dans un village non loin de Kouakrou dans le cercle de Djenné jusqu’au départ du second à l’exode. Après quelques années vers Mopti, la moisson fut fructueuse pour Naboro. Au départ saisonnier, il finira par s’installer, car sa situation s’améliorait de jour en jour. Alors il décida de se marier avec la belle et charmante Kouama qui est originaire de la même zone que lui.

    Après une période de vie commune (le temps d’essai), Naboro se décida à épouser Kouama. Pour permettre à celle-ci de découvrir ses parents et par ricochet à ces derniers d’observer et de donner leur avis sur Kouama, Naboro l’enverra dans son village. Elle fut bien accueillie et était constamment aux soins du grand-frère Kaboro, ce qui devait revenir de droit à ses deux femmes.

    Des semaines passèrent. Kaboro a eu suffisamment le temps et l’occasion de conquérir le cœur de Kouama. Ce qui lui réussira sans grande difficulté. Mieux, il décida de la prendre comme troisième épouse. Là aussi, le succès fut total. Pendant ce temps, le jeune frère ne savait pas ce qui se tramait entre sa fiancée et son grand-frère. Il ne se doutait de rien, d’ailleurs ça ne pouvait être autrement jusqu’à ce que les dernières nouvelles de la famille lui annoncèrent que son grand-frère Kaboro a «pris» en mariage Kouama, sa fiancée. Pour Naboro, c’était le monde à l’envers. Mais gagné par la sagesse, il a pris «l’affaire» avec philosophie bien qu’il n’ait jamais pu revenir au village jusqu’à ce jour. L’habitude est une seconde nature et comme si cela ne suffisait pas, Kaboro rentra en amourette avec la femme préférée d’un de ses oncles. En pareille circonstance, il est difficile de rompre tant qu’on n’est pas pris la main dans le sac. Les amours cachés se terminent toujours ainsi. L’oncle a un flair impeccable. Il soupçonna son neveu d’une relation douteuse avec sa femme. Mais, c’était sans preuve.

    Un jour, il se proposa de faire un petit voyage de quelques jours. La nuit tombée, il retourna discrètement dans son village. Naturellement, il se dirigea vers la chambre de sa «référée». Effectivement, Kaboro y était et convaincu que l’oncle est bien en voyage. Quand ce dernier a tenté d’ouvrir la porte, le neveu très prudent, s’est rendu compte de la présence d’un intrus. Alors d’un saut exceptionnel à la hauteur de sa peur, il tenta de sortir par la petite fenêtre. Si la tête est passée sans grand problème, le tronc est resté quelque peu coincé à la fenêtre. C’est en ce moment que l’oncle dans l’obscurité, ne sachant qui s’était, a tenté de tirer par le pied «l’inconnu». D’un coup de pied appuyé sur la poitrine de l’oncle qui s’écroula à terre, Kaboro réussira à sortir par la fenêtre mais avec une fracture au bras. Malgré tout, il alla se confesser à son ami dogon qui était l’infirmier du village. Ce dernier, vu la gravité de l’acte et pour éviter à son ami de «boire la honte», accepta de lui donner sa moto pour quitter le village la même nuit. Kaboro alla loin, se soigner environ deux mois avant de retourner au village comme si de rien n’était. Effectivement, personne n’osa lui en parler encore moins l’oncle, puisqu’il n’avait pas été pris la main dans le sac. Mais dans le village, c’était déjà un secret de polichinelle. Parfois, son ami dogon le taquine et se moque de lui, mais en privé.

    Lévy Dougnon

    Source : Les Echos 

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    1 commentaire

    1. Une belle histoire, et j’ y crois a la veracite des faits, mon
      Flair en lisant l’article. Merci de nous divertir en ce bon
      Week end.

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